1902

 

 

 

Mardi 4 Mars. Voyage avec Sophie en Algérie (jusqu'au lundi 27) puis en Tunisie. Retour le dimanche 23 Mars.

Samedi 29 Mars. Vacances de Pâques à Barbizon. Retour le samedi 5 Avril.

Mercredi 2 Avril. Départ de Charles pour l'Italie. Retour le samedi 24 Mai.

Mardi 22 Avril. Mort de Mme de Lespinatz.

Jeudi 8 Mai. Destruction de St Pierre de la Martinique.

Vendredi 6 Juin. Voyage en Belgique et en Hollande avec Louise. Retour le mercredi 18 Juin.

Vendredi 1er Août. Départ pour les Petites Dalles. Retour le samedi 2 Septembre.

 

Mercredi 1er Janvier

Matin, visite à Marie à la Visitation.

A l'Institut,nous nous trouvons chez mon Père: Adèle et 14 de ses enfants et petits-enfants: 15; Henri et Laure: 2; Sophie et moi avec nos enfants: 9; Etienne, Mathilde et leurs enfants: 7; Marguerite, Charles...: 10; Geneviève, Charles ...: 11; Adèle Deboudé et son mari: 2; soit avec mon Père 57.

Manquaient ses enfants et petits-enfants: Jeanne, Pierre Petit et leurs enfants: 7; Valentine, Célestin et leurs enfants: 8; et les 3 religieuses: Marie W., M.G., M.D. : 3.

Total des enfants, petits-enfants et arrières-petits-enfants: 75.

Vinrent encore à l'Institut: Pierre Puiseux, Béatrice et leurs enfants: 8; les Devismes: 6; M. et Mme Malassez: 2. Nous étions une réunion de 73 personnes.

Après midi je vais faire les visites suivantes: Mme Alb. Dumont (r), Béatrice (pr), Geneviève (pr), Mme Olléris (r), Mme Malassez (r), Mme Lalanne (pr), Mathilde (pr), Mine Dupont (r), Adèle (r).

Mercredi 22 Janvier

Mon Père ayant reçu le coupon de la loge du Président de la République à l'Opéra nous en offre trois places. J'y vais avec Sophie et Louise. La loge est composée de mon Père, Valentine et sa fille Marie arrivées de la veille de Valenciennes, Emile et Adèle Deboudé, Sophie, Louise et moi. On donnait Guillaume Tell.

Mardi 4 Mars

Voyage avec Sophie en Algérie (jusqu'au lundi 27) puis en Tunisie. Retour le Dimanche 23 Mars.

Samedi 29 Mars

Matin, départ pour Barbizon où nous allons nous installer pour une partie des vacances de Pâques. Nous descendons à l'Hôtel des Charmettes. Il pleut toute la journée. Nous nous promenons néanmoins en forêt sous les parapluies et capuchons.

Dimanche 13 Avril

Le soir, Sophie reçoit une lettre de Mme de Lespinats qui se sentant sérieusement malade la prie de passer chez elle 4 rue Poisson pour lui communiquer ses dernières volontés.

Lundi 14 Avril

Sophie se rend dès le matin à l'appel de Mine de Lespinats. Elle la trouve assise dans son fauteuil mais ne paraissant pas aussi malade qu'elle le disait dans sa lettre. Mme de Lespinats parle en vue de sa fin prochaine, remet à Sophie son testament après le lui avoir lu et la prie de me le montrer pour dire s'il est bien dans les formes voulues. Mme de Lespinats dans ce testament parle en termes sévères de l'ingratitude ou de l'indifférence de quelques membres de sa famille qui vivent encore et institue Sophie sa légataire universelle. Le testament est de 1878. Un codicille de 1883 dit que le testament sera nul si Mme de Lespinats mourait dans une maison de santé. je renferme ce testament sous enveloppe et prie Sophie de le reporter à Mme de Lespinats (sans aucune observation) en la priant de le déposer plutôt entre les mains de son notaire.

Mardi 15 Avril

Dans la matinée, Sophie étant en courses, arrive une demoiselle Mathilde Gatayer, amie de Mme de Lespinats venant chercher en toute hâte Sophie. La veille, très probablement peu de temps après la visite de Sophie, Mme de Lespinats a été trouvée étendue sur le parquet. Elle venait d'être frappée d'une attaque d'apoplexie. Relevée, mise sur son lit, paralysée de la moitié du corps, elle peut avec grande difficulté prononcer quelques phrases. Le nom de Sophie et son adresse revenaient toujours sur ses lèvres. C'est alors que cette demoiselle prit le parti de venir trouver Sophie.

Sophie ne rentra qu'à midi et partit aussitôt sans déjeuner. Mme de Lespinats la reconnut et la remercia d'être venue. Le médecin ayant déclaré que l'état de Mme de Lespinats pouvait se prolonger des jours, des semaines et même des années, les personnes amies de Mme de Lespinats, Mlles Gatayer et de Sonis, songèrent à faire des recherches en vue de la faire entrer dans une maison de santé. Les soins étaient actuellement assurés mais pouvaient devenir très difficiles à la longue. Une religieuse fut envoyée par M. l'abbé Casabianca, vicaire de St-Ferdinand et qui s'intéressait beaucoup à Mme de Lespinats; une garde fut également trouvée pour la journée (Mme Elisabeth, 39 avenue des Termes) mais il fallait songer à l'avenir. Ne devait-on pas également prévenir la famille? Sur ce dernier point Sophie et l'abbé Casabianca au courant des idées de Mme de Lespinats estimèrent qu'il avait lieu d'ajourner.

Samedi 19 Avril

Sophie s'est rendue chaque jour passer une partie de sa journée chez Mme de Lespinats. La situation est toujours la même. D'après les déclarations du médecin, si Mme de Lespinats continue à vivre, et elle peut vivre des mois et même des années, elle restera paralysée. Déjà les deux yeux sont perdus et tout un côté du corps.

Dimanche 20 Avril

La journée précédente s'était passée de même pour Mme de Lespinats. La paralysie est complète sur les deux yeux et la moitié du corps. Le médecin disant que la situation peut se prolonger longtemps, chacune de ces dames va faire des recherches pour une maison de santé. On décide également que M. Margerie, beau-frère de Mme de Lespinats, sera consulté à ce sujet. Ce monsieur,prévenu déjà par Mlle de Sonis, était venu l'avant-veille. Il ignorait que Mme de Lespinats fut encore de ce monde. La garde seule était présente lors de sa visite qui fut très courte.

Lundi 21 Avril

Je vais voir Malassez pour lui demander de nous procurer l'adresse d'une maison de santé en rapport avec les ressources de Mme de Lespinats.

Mardi 22 Avril

Le matin, j'écris à M. de Margerie pour lui exposer la situation de sa parente et lui dire que nous considérions comme nécessaire son transport dans une maison de santé et lui demander quelles étaient ses intentions et celles de la famille. M. de Margerie envoie l'autorisation de transférer Mme de Lespinats dans une maison de santé.

Quelques temps après l'envoi de ma lettre, Mlle Gatayer prévient par carte télégramme que la malade ne semble pas transportable que même elle ne passera pas la journée. En effet, Mme de Lespinats rend le dernier soupir à 3h en présence de Sophie et de la garde. Sophie fait la déclaration à la mairie des Batignolles après être même passée chez le Commissaire de Police pour lui rendre compte de la situation. J'envoie le soir une dépêche au notaire, M. Bazin 52 rue de Clichy, pour lui faire part du décès.

Mercredi 23 Avril

Matin, été avec Sophie 4 rue Poisson pour nous occuper des détails des funérailles. Visite d'un employé d'agence de pompes funèbres avec lequel nous réglons le service et la rédaction des lettres de faire-part. Visite de Mlles Gatayer et de Sonis. Je laisse Sophie et vais chez le notaire savoir s'il n'y a pas lieu, en vue de difficultés possibles avec la famille, de faire poser les scellés. Le notaire que j'ai mis au courant de tout ce qui concerne le testament qu'il était allé prendre quelques jours avant chez Mme de Lespinats me répond que puisque Sophie est légataire universelle, et si le testament est tel que je lui dis, il est complètement inutile de faire poser les scellés. Après déjeuner, nous retournons Sophie et moi rue Poisson pour nous occuper de l'envoi des lettres et commander fleurs et couronnes.

Jeudi 24 Avril

Midi St-Ferdinand des Ternes. Enterrement de Mme de Lespinats. Sophie et moi conduisons le deuil. A l'église, une vingtaine de personnes dont ma sÏur Adèle, au cimetière Montmartre où nous nous rendons en quatre voitures, une dizaine de personnes, toutes dames, sauf M. de Margerie, neveu de Mme de Lespinats et moi.

Laprès-midi,nous apprenons avec stupeur la mort de Cavenel, le camarade et l'ami d'Henri. Fatigué depuis quelques temps Cavenel a succombé à une grippe infectieuse. Henri était allé le voir Dimanche à Orsay, l'avait trouvé bien souffrant mais était loin de prévoir un pareil dénouement. Dandin qui était allé à Orsay dans la matinée apporte à Henri à la maison la fatale nouvelle. Nous en sommes tous profondément accablés et pleurons de tout notre cÏur ce brave garçon que nous estimions et admirions.

Samedi 26 Avril

Eté avec Sophie à Orsay à l'enterrement du pauvre Cavenel. Cérémonie des plus douloureuses et émouvantes. Toute l'Ecole Normale y assistait avec Perrot le Directeur, les maîtres de conférences et G. Boissier président de l'association des anciens élèves. Perrot, Gazeau proviseur du lycée Louis le Grand et Henri prononcent des discours sur la tombe. Temps affreux, pluie battante.

Dimanche 27 Avril

Election des Députés. Dans mon arrondissement un candidat républicain, Edouard Mageret, avocat, se présente, mais trop mollement, peut-être sans confiance dans le succès. Je vote pour lui, son programme est absolument le mien. Paul Lerolle député sortant royaliste passe à une immense majorité.

Dans la soirée je vais sur les Boulevards aux nouvelles. Le parti nationaliste remporte certains succès retentissants à Paris. Mais il est loin d'être aussi heureux en province. Après l'immense effort produit par les Jules Lemaitre et toute la bande, il échoue presque partout et ne gagne pas plus de 5 ou 6 sièges ce qui porte le nombre de nationalistes à la chambre à une trentaine.

Vendredi 9 Mai

On reçoit à Paris la nouvelle de l'épouvantable catastrophe de la Martinique. Le Capitaine de Frégate Le Bris commandant du croiseur Suchet envoie au ministre de la narine le télégramme suivant: Fort de France 8 Mai 9h55 soir, Suchet à Morin, Paris "Reviens de St Pierre, ville complètement détruite par masse de feu vers 8h du matin. Suppose toute population anéantie; ai ramené les quelques survivants une trentaine. Tous navires sur rade incendiés ou perdus. Eruption volcan continue. Je pars pour Guadeloupe chercher des vivres." Les nouvelles suivantes laissent prévoir que plus de 20.000 personnes ont péri!

Affaire Humbert-Crawford. Audacieuse escroquerie. Sur ordonnance de Référé du Tribunal de la Seine, ouverture du coffre-fort de Mme Humbert en son hôtel Av. de la Grande Armée 65, coffre-fort qui était censé contenir en séquestre une fortune de 100 millions prétexte pour faire de tous côtés des emprunts, des vols considérables. On ne trouve rien dans le coffre-fort. On évalue à plus de 40 millions les escroqueries des Humbert. Les Humbert sont en fuite.

Dimanche 11 Mai

Scrutin de ballottage.

Malgré les prodigieux efforts tentés par les nationalistes et le parti réactionnaire tout entier et leurs audacieux mensonges au scrutin du 27 Avril comme au scrutin de ballottage du 11 Mai, le parti républicain triomphe. Le gain des nationalistes est insignifiant.

Jules Lemaître, le matin du scrutin de ballottage, avait osé publier dans l'Echo de Paris, son journal, un appel aux électeurs dans lequel il faisait retomber sur le gouvernement l'audacieuse escroquerie Humbert-Crawford. L'argent provenant de ces vols aurait servi aux élections!... Il se trouve au contraire que Waldeck-Rousseau avait attiré l'attention sur ce qu'il y avait de louche dans toute cette affaire, et que les Humbert-Crawford étaient patronnés par les "Croix"! Cet appel de Jules Lemaître fut immédiatement placardé dans certaines circonscriptions de ballottage.

Lundi 12 Mai

Mort de l'aéronaute Severo et de son aide Georges Sachot. Le ballon dirigeable "Pax" prend feu et va s'abîmer, d'une hauteur d'environ 400 mètres, Av. du Maine, au carrefour de la rue de la Gaieté.

Mercredi 14 Mai

7h matin, je quitte Rouen pour les Dalles, arrivée à Cany 9h et aux Dalles vers 10h. Je fais le voyage avec l'entrepreneur de béton armé M. Leprince de Rouen. J'ai rendez-vous sur place avec le représentant des Domaines et l'ingénieur de Fécamp pour déterminer l'alignement du mur de soutènement à construire sur la plage en dessous de la propriété Burel. Exceptionnellement la journée est très belle, je fais une promenade délicieuse dans les avenues. Vers la fin de la journée le temps pluvieux depuis le commencement du mois redevient couvert.

Mardi 20 Mai

Nouvelle et violente éruption de la Montagne Pelèe à la Martinique. Les ruines de St-Pierre qui étaient encore debout à la suite de l'éruption du 8 Mai sont renversées. Les phénomènes volcaniques se sont manifestés avec plus de violence et d'intensité que la première fois: gigantesques colonnes de matière projetées par le volcan, grêle d'énormes blocs brûlants. Fort de France est menacé. Panique chez les habitants. Un grand nombre quitte la ville et même l'île pour les îles voisines.

Jeudi 29 Mai

Mon beau-frère Pierre Petit est promu Général de Division. Il reste dans ses fonctions de Commandant supérieur de la défense des places du groupe d'Epinal, Gouverneur d'Epinal.

Mercredi 18 Juin

(Voyage en Belgique et en Hollande).

Matin 9h30 départ de Douai, arrivée à Arras à 10h. En arrivant été au cimetière puis chez Mme Leviez. Déjeuner avec tous ses enfants et petits-enfants. Après déjeuner, visite chez Louise Connétable, pas rencontrée, était partie la veille aux eaux; visite à Léontine Capron, à Marthe Leviez, Charlotte Leviez, montré à Louise l'ancienne maison de M. Allart, rue de Paris, fait entrer dans la cour et une partie de la maison. Eté avec Charlotte et ses enfants faire un petit tour hors de la ville. Rentré dîner 7h. Départ 8h9 pour Paris où nous arrivons à 10h35.

Dimanche 29 Juin

Nous allons Sophie, Louise, Charles, Paul et moi à la matinée de l'Elysée. Nous y rencontrons Marguerite, son mari et leurs enfants Pauline et Jacques, Geneviève et son mari.

Il fait délicieux dans les jardins de la Présidence, nous y restons jusqu'à 7h. La pluie était tombée abondamment toute la matinée. L'après-midi est superbe.

Lundi 30 Juin

Henri fait la première épreuve écrite du Concours d'agrégation de Philosophie. Il fait une chaleur étouffante dont le pauvre enfant dut bien souffrir.

Mardi 1er Juillet

CharIes entre à l'agence des travaux de la Bibliothèque Nationale sous la direction de son maître Pascal en qualité de dessinateur. Henri fait la 2ème épreuve écrite du concours d'agrégation de Philosophie.

Mercredi 9 Juillet

André est reçu bachelier pour la deuxième partie du baccalauréat classique (mathématiques). Il n'y avait que six admissibles sur 25. Son cousin Maurice est moins heureux. Dans sa série il n'y avait que cinq admissibles. Sophie et Louise passent la journée à Clamart chez Mme Soiard où elles étaient invitées à déjeuner. Je leur envoie une première dépêche annonçant l'admissibilité et 3/4 d'heure après une deuxième dépêche annonçant l'admission.

Lundi 14 juillet

L'Ecole Centrale figure pour la première fois à la revue (troisième année). Nous allons Charles, Emile, Georges et moi jusqu'à l'Ecole pour les voir sortir. Ils étaient partis depuis 1/4. Je prends une voiture et nous fais conduire à la gare des Invalides où ils doivent s'embarquer. Nous les attendons sur le quai et les voyons passer près du pont de la Concorde. Ils ont fort bonne mine dans leur tenue d'artilleur, le mousqueton sur l'épaule. Marcel Chaplain est dans la colonne.

Après déjeuner nous allons à l'Institut souhaiter la fête de Père. Le soir nous dînons chez lui avec tous les enfants sauf Henri et Paul absents. Mathilde et ses enfants, Maurice, Yvonne et Marthe y dînent également. Etienne est à Vittel. Soir feu d'artifice sur le terre-plein du Pont-Neuf. Le ras Makonnem et les envoyés de Ménélick, empereur d'Abyssinie y assistaient du Pont des Arts.

Mardi 15 Juillet

Je reçois de I'Ecole Centrale la feuille de notes et classement de Paul.

Entré le 167ème sur 248, il est classé 139ème sur 235. La moyenne d'ensemble de l'année de sa note est 14,90.

Henri revient des Dalles où il est allé passer quelques jours, bien reposé et avec une bonne mine.

Mercredi 16 Juillet

André passe l'épreuve écrite du baccalauréat de philosophie. Les trois sujets au choix des candidats étaient les suivants:

1/ Qu'est-ce que le respect de soi-même et quelles sont dans la vie morale les principales applications de ce principe.

2/ Comparer l'idéal moral du stoïcisme et l'idéal moral du christianisme.

3/ Expliquer et discuter ce mot d'un moraliste " tout en dehors dit à l'individu qu'il n'est rien, tout en dedans lui persuade qu'il est tout".

André a choisi le deuxième sujet.

Samedi 19 Juillet

André admissible aux épreuves écrites du baccalauréat de philosophie se fait refuser à l'oral!

Vendredi 1er Août

Matin départ de la famille pour les Petites Dalles. Sophie, Louise, André, Emile et Georges. Je reste à Paris jusqu'au lendemain pour voir l'exposition du Grand Prix d'Architecture.

Charles reste avec moi, Henri est à l'Ecole Normale pour ses épreuves orales de l'agrégation, Paul en Angleterre.

Jeudi 14 Août

Vers 5h nous recevons une dépêche d'Henri nous annonçant qu'il est reçu le troisième au concours d'Agrégation! La nouvelle de ce beau succès est accueillie par tous avec une émotion générale. Mon Père est bien heureux. Daudin est reçu le deuxième, Millet le premier.

Paul rentre à Paris de son voyage en Angleterre. Il y était parti le 7 Juillet. Il est donc resté environ six semaines.

Mardi 19 Août

5h du soir, Henri revient à Paris pour assister aux examens de son camarade Febvre et faire son déménagement de l'Ecole Normale.

Jeudi 28 Août

Mort de Julien des Petites Dalles à l'âge de 78 ans. Julien était l'un des sauveteurs de mon Père, d'Etienne et des Bayard en Septembre 1878.

Vendredi 29 Août

Nous allons avec toute la famille à l'enterrement du père Julien à St Martin.

Dimanche 31 Août

Le camarade de Charles Duval vient de St Pierre en Port déjeuner avec nous. Au moment du café nous recevons la visite de Jules Texier en excursion aux Dalles venant du Hâvre. Nous lui reprochons vivement de n'être pas venu déjeuner avec nous. Il avait craint d'être indiscret et arrivé vers midi était allé dejeuner à l'Hôtel.

Jeudi 11 Septembre

Eté voir Charles aux manoeuvres à Doudeville.

Vers 7h du matin nous partons tous pour Doudeville dans le grand braeck avec les Deltombe: Valentine et ses quatre filles Pauline, Marguerite et Jeanne. Arrivée vers 11h à Doudeville. La pluie commence à tomber. Nous allons en attendant l'arrivée des troupes déjeuner à l'hôtel avec les provisions que nous avions emportées.

Vers 3h seulement on signale l'arrivée du 39ème, musique en tête, drapeau déployé. Belie descente dans Doudeville. Nous trouvons à Charles une allure et une mine superbe. Il nous dit en passant que sa compagnie est cantonnée à Routes, à environ 4 kilomètres. Pendant que les darnes remontent en voiture en donnant l'ordre de suivre, nous emboîtons le pas au régiment aux côtés de Charles. La pluie du reste assez fine a cessé de tomber. Arrivés à Routes où la voiture nous a rejoints nous déballons des provisions pour Charles et son escouade et après être restés environ une heure avec lui nous regagnons les Dalles où nous arrivons vers 8h.

Jeudi 18 Septembre

Eté ensemble à la foire de Sassetot par un temps superbe. Les enfants sy amusent beaucoup grands et petits: chevaux de bois, balançoires russes, roue tournante etc... Les Deltombe sont de la partie ainsi que les Petit arrivés depuis quelques jours aux Dalles.

Samedi 20 Septembre

Charles rentre de ses 28 jours. Il est, depuis la veille, nommé sergent.

Lundi 22 Septembre

Matin, Adèle quitte les Dalles. A 2h départ de Valentine et de ses filles. Marie les avait précédé de quelques jours à Valenciennes. Ces départs laissent un grand vide. Nous avons pendant ces vacances bien joui pour Louise comme pour nous de la présence de ces charmantes nièces.

Je déjeune chez Mme Burel. Rendez-vous avec l'entrepreneur de béton armé pour le mur de soutènement de la falaise. Le soir nous dînons chez Laure.

Mercredi 24 Septembre

Départ de Charles et de Paul pour Paris.

Mort de la femme Julien 78 ans. Son mari était mort le 28 Août.

Samedi 27 Septembre

7h3/4 matin nous quittons les Dalles pour prendre à Cany le train spécial de 9h30 qui nous met à Paris sans changement de wagon à 1h20.

Dimanche 28 Septembre

Mort de notre cousine Antoinette Lambert décédée à Kertugal à l'âge de 55 ans.

Lundi 29 Septembre

Mort subite d'Emile Zola asphixié la nuit par des émanations d'oxyde de carbonne de sa cheminée. Il avait 62 ans.

Mercredi 1er Octobre

Je vais avec Sophie, Louise, Charles et Henri à Rambouillet à l'enterrement d'Antoinette Lambert décédée Dimanche 27 Septembre à Kertugal à l'âge de 55 ans. Partis par le train de 7h55, nous revenons par le train de 4h53.

Paul rentre à l'Ecole Centrale.

Jeudi 2 Octobre

Le soir nous allons à l'Institut chez mon père où avaient dîné Jeanne et ses filles, tMarguerite, son mari et leurs quatre aînés.

Dans la sorée arrive notre fils Henri qui était allé passer l'après-midi et dîner chez les parents du pauvre Cavenel à Orsay. Il avait trouvé en rentrant à la maison la lettre ministértelle l'informant qu'il était chargé de la suppléance de la chaire de Philosophie à Bar-le-Duc et qu'il devait rejoindre immédiatement son poste (arrêté ministériel du 2 octobre. Henri est très content, son excellent camarade Febvre venant lui-même d'être nomrné au lycée de Bar-le-Duc dans la classe d'Histoire.

Vendredi 3 Octobre

Rentrée des classes.

A 2h André entre au Lycée St-Louis dans la classe de Centrale. Ernile à Louis-le-Grand en 3éme A dans la classe de M. Huyot.

Quant à Georges, sur une proposition que nous fait Henri de l'emmener avec lui au lycée de Bar-le-Duc, nous sommes très hésitants sur le parti à prendre. Vu son indolence et son caractère qui paraît un peu changer, du moins quant à la forme, car le fond est excellent, nous nous demandons si une détermination aussi radicale ne lui serait pas profitable. Quelque tristesse que nous devions éprouver d'une séparation à laquelle nous n'avons amais consenti pour nos autres enfants, vu le cas spécial et la société d'Henri qui lui représenterait toujours le reste de la famille, nous inclinons à prendre ce parti. Mais le pauvre enfant en paraît si ému, si troublé, que nous nous donnons encore un mois pour éfléchir. D'ici là Henri se sera installé à Bar le Duc et nous dira si le choix ne présente pas d'inconvénient. D'ici là également, Georges comme son frère Emile aussi, auront peut-être modifié leur ligne de conduite au Lycée et à la maison. Peut-être?

Samedi 4 Octobre

Henri part pour Bar le Duc par le train de midi 35. Je l'accompagne avec Charles a ia gare. A 2h1/2 Sophie et Louise conduisent Emile et Georges au Lycée Louis le Grand où ils sont inscrits comme demi-pensionnaires.

Lundi 13 Octobre

Midi 50 gare du Nord, arrivée des Généraux Boers à Paris: Botha, de Wet, Delarey. Je vais avec Louise sur leur passage près de l'opéra pour les acclamer. Ils descendent Hôtel Je Hollande rue de la Paix où nous les revoyons quelques instants après leur arrivée, sur leur balcon saluant et remerciant la foule qui les acclame.

Mardi 14 Octobre

Le soir au nouveau théâtre rue Blanche grande réunion en l'honneur des Généraux Boers. Sophie et Louise y assistent.

Mercredi 15 Octobre

Les Généraux Boers Botha, de Wet et DeIarey quittent Paris se rendant à Berlin.

Samedi 25 Octobre

Parti de grand matin pour Versailles je vais faire une aquarelle dans le parc. Belie journée. Je rentre à Paris avec mon aquarelle dont je ne suis pas trop mécontent vers 6h.

Dimanche 26 Octobre

Eté à Versailles avec Sophie et Louise voir Marguerite. J'étais parti dès le matin pour faire une aquarelle mais le temps est gris et froid, je me contente de me promener dans le parc et de visiter le musée jusqu'à l'heure de l'arrivée de Sophie et de Louise.

Mercredi 29 Octobre

Le soir je vais avec Charles gare de l'Est au devant d'Henri arrivant de Bar le Duc passer 4 jours à Paris pour les vacances de la Toussaint. Henri arrive à 10h avec près d'une heure de retard. Un souper l'attend à la maison où on lui fait fête.

28 ème anniversaire de notre mariage.

Dans l'après-midi j'étais allé faire une aquarelle dans le parc de Versailles. Les arbres ont encore toutes leurs feuilles d'une coloration d'or jaune et surtout d'or rouge de toute beauté. Je termine hâtivement l'aquarelle commencée dans la même séance mais je suis ankylosé par le froid. Vue de la terrasse, un grand vase sur piédestal masse d'arbres rouge feu. Je suis adossé â la balustrade au dessus de l'Orangerie.

Lundi 3 Novembre

Au déjeuner avec Henri, au dîner avec les enfants nous fêtons la St Charles. Henri repart pour Bar le Duc à 5h20 de l'après-midi. Je l'accompagne à la gare avec Charles.

Visite de l'abbé Nouvelle qui en mon absence demande à être reçu par Sophie pour lui faire une communication au sujet d'un mariage pour Louise. Bien qu'il ne dît pas le nom des personnes qui l'envoyaient nous devinons qu'il s'agit des V... Le prétendant serait l'un de ses anciens élèves, aujourd'hui lieutenant d'infanterie. A mon retour Sophie me rend compte de la visite, nous décidons qu'il faut en parler à Louise en même temps que d'une autre proposition à laquelle mon Père revient toujours: le jeune Mercier, neveu de Ch. Rivière. Comme nous le savions bien, Louise ne pense pas qu'il y ait lieu de donner suite ces propositions.

Samedi 8 Novembre

Séance publique Académie des Bx Arts. J'y rejoins Sophie et Louise après un rendez-vous d'expertise. Béatrice s'y trouve également avec un M. H. Ch. dont elle nous a parlé pour Louise mais nous ne le voyons pas. Nous prenons Sophie et moi une autre personne pour lui.

Mardi 11 Novembre

Je vais à Versailles faire une aquarelle sur la terrasse: bassin, arbres dans le fond, Satory à gauche. Le soir arrive me laissant avec mon aquarelle inachevée et les membres gelés.

Jeudi 13 Novembre

Déjeuner des diplômés avec Charles. Après déjeuner à 2h je pars pour Versailles où je puis malgré le brouillard terminer mon aquarelle commencée l'avant-veille.

Samedi 22 Novembre

Eté à l'opéra "La Walkyrie" avec Sophie, Louise et Paul. Charles est retenu par son cours de vérification. Nous y rencontrons Mme Dillon qui fait à Sophie des ouvertures pour un projet de mariage pour Louise: un jeune médecin. Mme Dillon viendra voir Sophie pour en causer plus longuement.

Jeudi 4 Décembre

Banquet de Ste Barbe au Palais d'Orsay. Je suis placé entre mon ancien camarade de Ribes, notajre, et M. Bidaut de Lille Conseiller à la Cour. Je retrouve quelques très anciens camarades. Je rentre content de ma soirée. J'ai peut-être eu tort, en vue des relations, de tant négliger ce banquet annuel. Je n'y avais pas été depuis l'année de l'Exposition 1878, banquet sur la tour Eiffel.

Vendredi 5 Décembre

Eté voir Mme Dillon pour lui parler de ses ouvertures à Sophie du 22 Novembre à l'Opéra au sujet du Dr Marcel Deschamps.

Samedi 6 Décembre

Eté avec Sophie chez le Dr Jalaquier 25 rue Lavoisier et Dr Bazy 85 Bd Haussmann pour avoir des renseignements sur M. M. D. Singulière entrevue avec le Dr Bazy. Tous deux nous donnent d'excellents renseignements sur ce jeune homme, mais ignorent absolument sa famille.

Puis nous allons prendre des renseigts. sur M. H. Ch. (celui de Béatrice) chez M. Luyt ingénieur à la Cie P.L.M. 9 Av. de l'Opéra, Bertrand profésseur à l'Ecole des Mines 75 rue de Vaugirard, Terrnier Ingénieur des Mines Professeur 164 rue de Vaugirard; nous ne rencontrons aucun de ces trois messieurs.

Lundi 8 Décembre

Devant les gentilles et affectueuses instances de nos chers enfants qui depuis longtemps me demandent de les autoriser à faire faire mon médaillon par Chaplain j'ai fini par consentir, ayant moi-même un projet en tête celui de les réunir tous sur une même plaquette pendant qu'ils sont encore autour de nous. Pour la réalisation de ce projet, il faut naturellement que je consente à leurs désirs. Je demande en plus que sur ma plaquette mention soit faite de sa provenance: à Paul Wallon architecte, ses enfants.

Première entrevue avec Chaplain. Je vais avec lui chez le photographe qui prend mon profil. Chaplain me convoquera lorsqu'il aura préparé son travail d'après la photographie.

J'explique à Chaplain mon projet au sujet de la plaquette des enfants. Nous en étudierons ensemble la disposition.

Le soir nous avons à dîner André, Marie, Pauline et Marguerite Deltombe avec Adèle Deboudé et son mari.

Mercredi 10 Décembre

Chez Béatrice première entrevue de Sophie et de Louise avec M. H. Ch. Les renseignements reçus le lendemain sur M. H. Ch. nous empêchent de donner aucune suite, Sophie en informe immédiatement Béatrice.

Samedi 20 Décembre

Deuxième séance de pose chez Chaplain.

Arrestation de la famile Humbert-Dauvignac à Madrid: Thérèse Humbert, Frédéric Humbert son mari, Eve Humbert leur f ille, Emile Dauvignac, Romain Dauvignac, Mlle Maria Dauvignac, frères et soeur de Thérèse Humbert.

Lundi 29 Décembre

Sixième séance chez Chaplain

Arrivée à Paris des Humbert-Dauvignac à 7h20 du matin. Ils sont écroués à la Conciergerie. Mlle Eve Humbert mise en liberté est rendue à sa grand'mère Mme Gaston Humbert.

Mercredi 31 Décembre

Matin avec Chaplain rendez-vous chez le photographe pour prendre le profil de 3 des enfants: Henri, Paul, André. Le soir dîner à la maison avec mon père, Henri et Laure, arrivés la veille à Paris, Marguerite Rabut et sa fille Pauline.