1900

 

 

Jeudi 8 Mars. Incendie du Théâtre Français.

Lundi 16 Avril. Ouverture de l'Exposition.

Dimanche 13 Mai. Elections municipales.

Lundi 28 Mai. 50ème anniversaire de l'entrée d'Henri Wallon à l'Institut.

Jeudi 14 Juin. Excursion de Charles vers la vallée de la Loire (4 jours).

Dimanche 17 Juin. Révolte des Boxers.

Mardi 31 Juillet. Départ de la famille pour les Dalles. Retour le samedi 29 Septembre.

Samedi 24 Novembre. Arrivée du Président Krüger â Paris.

Lundi 1er Janvier

Matin avec Sophie et les enfants à la Visitation puis à l'Institut. Après midi visite chez Adèle, Mme Lalanne (p. renc.), Mathilde (p.r.), Mme Dupont, Mme Hallopeau (carte), Mme Chaplain (p.r.), Chaplain, Mme Malassez (p.r.), Mme Dumont (p.r.). Je devais faire également visite à Mme Raulin, Mme Olléris, Béatrice et Geneviève, mais Père m'ayant donné rendez-vous au Sénat pour me faire entrer à la Haute-Cour j'arrive au Sénat vers 4 h. J'assiste à la plaidoirie de Me Ménard avocat de Guérin et, comme la séance se prolonge, je quitte le Sénat à 7h10. Le soir nous dînons chez Père avec les 5 aînés, Adèle et ses enfants Anna, Joseph, Henri et sa femme, Maurice et Jean.

Jeudi 4 Janvier

47ème et dernière séance de la Haute-Cour. Buffet et Déroulède sont condamnés à 10 ans de bannissement par 115 voix, Guérin à 10 ans de détention par 129 voix, de Lure Saluces contumax à 10 ans de bannissement par 101 voix. Des circonstances atténuantes ont été accordées aux condamnés. J'assiste à la séance avec Paul.

Vendredi 5 Janvier

Dans la matinée à la première heure Buffet et Déroulède sont transportés à la frontière belge. Dans la soirée Guérin dirigé sur Clairveaux.

Lundi 8 Janvier

Henri et Laure de passage à Paris pour 3 jours viennent avec mon Père dîner à la maison. Nous apprenons seulement par le journal un petit accident arrivé la veille au Sénat à mon père et dont mon Père ne m'avait pas parlé ce matin où j'étais allé le voir, non plus qu'il n'en avait parlé hier à la famille qui dînait chez lui. Un huissier du Sénat auquel il demandait un livre monta sur une chaise tomba et se cassa le bras devant lui. Il en fut vivement ému et eut un instant de faiblesse.

Dimanche 28 Janvier

Henri tire au sort à la mairie du septième Arrdt. et amène le N° 251.

Mercredi 7 Février

A 7h du soir je pars avec mon frère Henri pour Valenciennes assister aux obsèques de la pauvre Mme Rousseau. En arrivant à Valenciennes nous apprenons par Célestin que Valentine est un peu souffrante d'une sorte de mal d'estomac et garde le lit depuis deux jours. Célestin nous apprend aussi la mort subite du cousin Dusart dont les obsèques auront lieu Vendredi.

Jeudi 8 Février

Obsèques de Mme Rousseau. Au retour visite à Octavie (Mme Henri Lussigny) accouchée d'une petite fille l'avant-veille de la mort de sa mère; la pauvre Octavie n'a pu assister aux derniers moments de sa mère ni la revoir.

Avant de quitter Valenciennes nous allons corner notre carte à la maison mortuaire des Dusart, faire visite à Paul Dusart que nous ne rencontrons pas et auquel nous écrivons nos excuses et nos regrets de ne pouvoir rester un jour de plus à Valenciennes pour les obsèques de son père, faire visite à Marie Boulan, à H.Rousseau et à sa femme, à la cousine Jeannette que nous ne rencontrons pas et prenons le train de 4h pour Douai où nous arrivons à 5h. Nous trouvons ma tante Barbedienne assez accablée par un rhume qu'elle a attrapé la veille, Jeanne en bonne santé mais de plus en plus infirme, Louise Barbedienne toujours aussi sémillante. Après le dîner nous regagnons la gare pour le train de 7h44 et rentrons à Paris à 10h30.

Dimanche 18 Février

Rendez-vous à l'Institut chez mon Père avec Themisson. Au nom de l'Union Valenciennoise Themisson vient faire part à mon Père du désir de l'Union de fêter la cinquantième année de son élection à l'Institut. On a pensé confier à Cranck, jeune graveur valenciennois deuxième Grand Prix de Rome, le soin de faire un portrait de mon Père. Malgré son peu de goût à se faire portraiturer vu son grand âge et à laisser à ses enfants et ceux qui l'ont connu le souvenir d'un vieillard, on n'a pas toujours été un vieillard dit-il, Père consent sur les instances les plus aimables de Themisson à accepter l'offre de l'Union. Pour éviter un trop grand nombre de poses je prendrai plusieurs photographies et demanderai à Etienne d'en prendre également. Rendez-vous est pris pour le Dimanche suivant avec Themisson qui préviendra Cranck. Je préviendrai Etienne.

Lundi 26 Février

Emile et Georges vont pour la première fois au théâtre. Leur mère les emmène avec Louise et André au Châtelet voir jouer Michel Strogoff.

Jeudi 8 Mars

Incendie du Théâtre Français. Une jeune actrice Mlle Henriot meurt dans les flammes. C'est la seule victime. L'incendie avait éclaté vers midi avant l'ouverture des portes pour la matinée où l'on devait jouer Bajazet. Les artistes étaient déjà dans leurs loges. La salle est entièrement détruite mais la plupart des Ïuvres d'art ou documents précieux ont pu être sauvés. Sans la mort de la pauvre Mlle Henriot le mal serait réparable.

Samedi 10 Mars

Eté avec Sophie, Louise Charles, Henri et Paul au Bal de l'Ecole Normale au Grd Hôtel. Mon Père s'y rend également. Le Président de la République M. Loubet y reçoit le plus sympathique, le plus chaud accueil. Il est constamment acclamé dans le défilé du cortège soit à l'arrivée, soit au départ. Je rentre avec Sophie et Louise vers 4h du matin. Ch. ,H. et Paul vers six heures.

L'orfèvre Guryton m'avait apporté quelques heures avant le bal le collier que je lui avais fait exécuter pour Sophie en l'honneur de nos noces d'argent.

Mercredi 14 Mars

Eté à l'Opéra entendre Tannhauser.

Dimanche 18 Mars

Louise a 23 ans.

Eté entendre dans la salle de l'Opéra (par suite de l'incendie du Théâtre Français) Le Dépit Amoureux et Oedipe-Roi. Sophie, Louise Charles, Henri, Paul et André dans une deuxième loge de côté à six places, moi au parterre. Magnifique ovation faite à Mounet-Sully dans son rôle d'Îdipe.

Samedi 14 Avril

Inauguration de l'Exposition. Eté avec Sophie et Charles à la séance d'inauguration de l'Exposition dans la salle des fêtes construite par Raulin.

Dimanche 15 Avril (Pâques)

André met pour la première fois un pantalon. Il a toujours jusqu'ici porté des culottes.

Lundi 16 Avril

Eté déjeuner à Lozère chez les Malassez avec Sophie et tous les enfants, sauf Henri retenu depuis la veille à la maison par la fluxion occasionnée par la poussée d'une dent. Mon Père vient également. Comme autres invités Rocherolles et ses filles.

Le soir première fête officielle en l'honneur de l'Exposition. Réception à l'Elysée. J'y vais avec Sophie, Louise, Charles et Paul. Henri toujours un peu souffrant préfère s'abstenir. Très brillante réception beaucoup d'officiers étrangers en tenue, beaucoup d'étrangers civils en brillants costumes.

Mercredi 18 Avril

Matin Charles, Paul et André vont avec Marcel Chaplain à Robinson faire une promenade à cheval dans les bois de Verrières. C'est la première fois qu'André se promène à cheval. Il n'avait jamais été qu'au manège.

Après midi promenade à l'Exposition avec Sophie, Louise, Charles, André, Emile et Georges.

Samedi 28 Avril

Eté à l'Opéra entendre Roméo et Juliette avec Charles, H., P. et A.

Mardi 1er Mai

Inauguration par le Président de la République du Grand et du Petit Palais des ChampsElvsées. En m'y rendant je rencontre Père et passe l'après-midi avec lui.

Jeudi 3 Mai

Première Communion d'Emile et Georges à la chapelle du Lycée Montaigne.

Mon Père y assiste avec moi. Amabilité du proviseur M. Kortz qui nous a retenu des places dans le choeur. Son exquise déférence pour mon Père. Des chaises étaient disposées pour toutes les places réservées: proviseur, professeurs ou invités particuliers. Sur l'ordre du proviseur des le début de la messe, un domestique fendant les rangs des premiers communiants apporte un large fauteuul à mon Père. La confirmation est donnée par Mgr.... évêque de....

Le soir nous recevons à dîner mon Père, Adèle et Anna, Jeanne, Etienne et Mathilde, Geneviève et Ch. Rivière.

Dimanche 6 Mai

Elections municipales. Les élections sont excellentes en Province pour le parti républicain mais bien mauvaises à Paris où le parti nationaliste parvient à enlever un certain nombre de sièges.

Lundi 7 Mai

Mariage à la Mairie d'Anna Guibert avec M. Paul Lancrenon, Capitaine d'Artillerie.

Mardi 8 Mai

Mariage à St Augustin d'Anna Guibert avec M. Paul Lancrenon.

Dimanche 13 Mai

Elections municipales. Scrutin de ballotage. Sur 30 sièges les nationalistes en gagnent 19. Entre les deux tours de scrutin le mouvement nationaliste a fait de grands progrès. Le succès appelle le succès. Et lorsque Paris se met à faire des bêtises il ne le fait pas à moitié. Ces élections parisiennes sont lamentables. La lutte menée par J. Lemaître, la Ligue de la Patrie Française et la Ligue des Patriotes avait été des plus violentes et des plus perfides. C'est un retour vers le boulangisme. Le soir sur le boulevard on se serait cru à cette fameuse soirée du 27 Janvier 1889 où la Boulange triomphait sur toute la ligne. C'était en plus petit le même genre de manifestations, les mêmes types de manifestants. Foule compacte devant les bureaux de la "Libre Parole" conspuant, sifflant les portraits de Zola, de Reinach présentés à la foule sur des transparents, acclamant jusqu'au délire l'image de Mercier! Voilà ce qui se passe à Paris Ville des lumières, à la fin du siècle! Des bandes de voyous se formant, agitant des drapeaux, hurlant des chants de haine... Le drapeau tricolore, le drapeau de la France, pollué en de telles mains!

Ce mouvement passera comme a passé le mouvement boulangiste... pour reprendre il est vrai aujourd'hui. Quels tristes gens! - Ce que j'ai remarqué de particulier dans ma promenade sur le boulevard c'est le nombre d'écclésiastiques mélangés à cette foule.

En résumé triomphe local de la réaction césarienne et cléricale.

Mercredi 16 Mai

Eté à l'Opéra avec Sophie, Louise et Charles entendre Roméo et Juliette.

Jeudi 17 Mai

Sophie va avec Emile au concert Louis le Grand. Je vais avec Louise à une matinée à l'Ecole Normale, assauts d'escrime et comédie. Paul va avec André et Georges à l'Exposition. Le soir avec Sophie dîner chez Etienne pour la première communion de son fils Albert.

Dimanche 20 Mai

Eté avec Sophie, Emile et Georges nous promener dans le parc de St Cloud.

Soirée à l'Hôtel Continental à l'occasion du mariage de Mlle Elisabeth Vaillant avec M. Delalain. Vu Albert Leviez et sa femme. Eté au bal avec Sophie, Louise, Charles et Paul.

Mardi 22 Mai

Midi, St Médard mariage de Mlle Elisabeth Vaillant avec M. Delalain éditeur.

Dans la matinée André passe l'examen d'équitation au concours hippique et obtient sa médaille.

Lundi 28 Mai

Fête donnée par "l'Union Valenciennoise" en l'honneur de la cinquantième année d'entrée de mon Père à l'Insitut et des 25 années d'existence de "l'Union".

Dîner au restaurant Dehouve, 74 avenue de la Grande Armée. Après le dîner soirée artistique, musicale et littéraire: Baillet de la Comédie Française, Président de l'Union, Beer et Mme Rachel, Boyer de la Comédie Française; quatuor de mandolinistes; chant Mme Debonnez et M. Guillotin; Mlle Gillard violoniste, Mlle Richy pianiste premier prix du Conservatoire.

25 de ses enfants et petits-enfants entouraient mon Père: Adèle et ses enfants, Joseph Guibert, André et sa femme, Henri mon frère, Sophie et moi et nos sept enfants, Henri Petit, Emile et Adèle Deboudé, Etienne, Mathilde et leurs enfants, Yvonne et Maurice, Marguerite et sa fille Pauline, Geneviève et son mari. Dans l'assistance composée de 150 convives on remarquait MM. Mascart et Moyaux de l'Institut, Louis Legrand Conseiller d'Etat, Girard Sénateur, les peintres Harpignies, Ed. Sain, Henri-Eugène Delacroix, Ies sculpteurs Fayel, Ganquié, Carlier, Themisson, le poète Pontsevrey dont Baillet lit une pièce de vers écrite pour la circonstance. Au dessert charmant discours du Président Baillet réponse très émue et très gentille de mon Père. Toast d'Harpignies. Cette fête charmante se termine à minuit.

A la Chambre interpellation de Castellane au sujet de l'affaire Dreyfus, séance des plus orageuses. Waldeck-Rousseau, Président du Conseil, ayant justement traité de félonie l'acte commis par le capitaine Fritsch, acte que le ministre de la guerre Gallifet avait même qualifié de crime, un tumulte effroyable se produit. Le parti nationaliste, la réaction tout entière injurie et menace le Président du Conseil, l'empêche de continuer son discours... Le Présèdent Deschanel se couvre et la séance est interrompue pendant une heure.

Voilà où nous en sommes. Aux yeux de ces soi-disants patriotes un officier qui commet un faux comme le Cel. Henry pour faire condamner un innocent, un officier qui malgré la défense de son chef le Ministre et en cachette livre à un journaliste de l'opposition une pièce secrète pour servir à ce journaliste... de renverser le gouvernement, ces officiers traîtres, parjures et fêlons sont des héros, des martyres du patriotisme!!!

Dimanche 3 Juin (Pentecôte)

Charles, Paul et André vont le soir après dîner à l'Exposition. Foule considérable. Les entrées ont été dans la journée de 515.700! En 1889 la plus grande affluence avait été de 350.000 personnes environ.

Vendredi 15 Juin

Henri a 21 ans

Pour qu'il puisse fêter avec ses camarades sa majorité sa maman achète pour Henri des friandises que le soir après dîner je vais lui porter à l'Ecole Normale. Je lui remets en même temps un bouquet de roses.

Samedi 16 Juin

8h27 du matin je pars pour Blois où je dois me rencontrer avec Charles. Je descends à l'Hôtel d'Angleterre sur la Loire. Déjeuner avec Beau à l'Hôtel. Visite de nos travaux à la cathédrale, restauration de la tour. Visite à l'Evêque. A 4h15, été à la gare au devant de Charles venant d'Ambroise. Visite du Château, je présente Charles à M. Grenouillet architecte, inspecteur des Châteaux et lui demande qu'il l'autorise à dessiner librement dans le château. Très aimablement M. Grenouillet le conduit vers le gardien auquel il dit de mettre toutes les clefs à sa disposition. Visite de la ville, cathédrale, évêché, etc... à 7h1/2 nous nous rendons chez Beau qui nous a invité à dîner.

Dimanche 17 Juin

A 5 h du matin lever. Pendant que Charles va dessiner au Château, je vais de l'autre côté de la Loire faire une petite vue d'ensemble de Blois. A 8h42 avec Beau et Charles départ en voiture pour Chambord. Déjeuner à Chambord. Retour par Cheverny et Beauregard, arrivée à Blois vers 6h. Dîner à l'Hôtel d'Angleterre. Départ pour Paris à 7h32 , arrivée à 10h1/4.

Situation grave en Chine. Depuis quelques mois une agitation se produisait contre les étrangers et aboutissait dans ces derniers jours à la rébellion des Boxers pillant et massacrant avec la complicité occulte du gouvernement chinois. Concentration des troupes et des navires des nations européennes à Tien-Tsin et dans le port de Talcon. Ultimatum des commandements (le 16) demandant le licenciement des troupes chinoises qui se massaient dans les forts de Takon. Les Chinois répondent le 17 à 1h du matin en ouvrant le feu sur les navires. Bombardement des forts par les navires, destruction et prise des forts. Les hostilités sont donc ouvertement commencées à partir de ce jour. Pékin se trouve isolé par la destruction de la voie ferrée et du télégraphe et tous les représentants des puissances prisonniers. Situation très grave. Notre consul général à Yunnam-Sen M. François avec tout le personnel et les missions faits prisonniers et empêchés de se réfugier au Tonkin. M. François télégraphie au ministre des Affaires étrangères M. Delcassé: "Notre départ pour le Tonkin a été empêché par la force. Toutes nos maisons, nos missions françaises et anglaises ont été pillées et incendiées. Actuellement nous n'avons plus de vêtements. Tout a été volé...". M.Delcassé manda aussitôt le Ministre de Chine à Paris et lui tint le langage le plus énergique. Il lui fait connaître en même temps le télégramme en clair qu'il adresse à M. François: "J'ai fait venir le ministre de Chine et je l'ai invité à télégraphier immédiatement au vice-roi que sa vie me répond de la vôtre et que la France saura toujours l'atteindre".

Mercredi 20 Juin

Eté avec Sophie, Louise, Charles, Henri et Paul au bal donné au Petit Luxembourg par M. Fallières, Président du Sénat. Les serres, le jardin éclairés et mis à la disposition des invités. Température délicieuse dans le jardin.

Samedi 23 Juin

Soirée de gala donnée au Palais-Bourbon par M. Deschanel, Président de la Chambre des Députés. Le nombre de places étant limité M. Deschanel avait cependant très aimablement envoyé à mon Père une carte pour Sophie, Louise et moi. Très belle fête. Une salle de spectacle avait été élevée sur les jardins, côté du quai. Des artistes de la Comédie Française, de l'Opéra, de l'Opéra-Comique jouèrent un "à-propos" en 6 tableaux intitulé "Toute la France" composé avec la collaboration de V.Sardou, Sully-Prudhomme, de Bornier, de Hérédia de l'Académie Française, Royer, Massenet, St Saëns, Paladilhe, Th. Dubois, Lenepveu de l'Académie des Beaux Arts. Nous nous rendons à cette soirée avec mon Père, Sophie, Louise et moi vers 9h et en revenons à 1h du matin absolument ravis.

Mercredi 27 Juin

Eté avec Sophie et Louise passer l'après-midi à l'Exposition au Trocadéro. Vu le Stéréorama côtes de Bône à Oran. C'est charmant! Vu également Panorama et exposition Madagascar, Indo-Chine, Dahomey, etc...

Jeudi 28 Juin

Devant assister le soir au banquet offert à Bouvard à l'occasion de sa promotion comme Grand Officier de la Légion d'Honneur, les enfants me souhaitent la fête le matin au déjeuner. Henri vient déjeuner avec nous. Le soir Sophie et les enfants, sauf Emile et Georges, vont dîner à l'Institut avec Valentine, à Paris pour une dizaine de jours, Adèle, Marguerite, etc...

Dimanche 8 Juillet

Matinée à l'Elysée. Je m'y rends avec Sophie, Louise, Charles et Paul. Henri un peu souffrant d'une fluxion et fatigué du commencement de ses examens de Licence reste travailler à la maison. André conduit ses frères, Emile et Georges, à l'Exposition.

Lundi 9 Juillet

Paul a 19 ans. Eté avec Sophie, Louise, Charles et Paul à la soirée donnée par le Président du Sénat et Mme Fallières dans les salons du Petit Luxembourg. Musique et Comédie.

Samedi 14 Juillet

Dîner chez mon Père avec Sophie et Louise, Adèle et Joseph, Marguerite et Pauline, Etienne et Mathilde, Adèle et Emile Deboudé. Feu d'artifice sur la Seine.

Dimanche 15 Juillet

Eté dîner chez Marguerite à Versailles avec Sophie et tous les enfants et mon Père. Dans la journée mon Père ne peut résister au désir d'aller prendre un bain froid et malgré tous les efforts de Marguerite pour l'en empêcher il se fait accompagner au bain par Ch. Rabut. Le soir grandes eaux illuminations feu d'artifice au Bassin de Neptune. Spectacles splendides.

Mardi 17 Juillet

Eté avec Sophie Louise et Charles à la soirée offerte par le Président du Sénat et Mme Fallières dans le salon du Petit Luxembourg. Musique et Comédie.

Jeudi 19 Juillet

Charles a sa mention sur projet rendu: Caserne de sapeurs-pompiers.

Revue navale dans la rade de Cherbourg. Escadre du Nord et escadre de la Méditerranée sous le commandement de l'amiral Gervais. Chaque Sénateur et chaque Député pouvant avoir un invité, mon Père me fait donner un billet. Départ à 3h45 du matin arrivée à Cherbourg vers 10h. Embarquement sur le transatlantique "La Touraine". Très beau temps. Superbe revue. Le Président Loubet est accompagné de M. Fallières Président du Sénat, Deschanel Président de la Chambre, M. Waldeck-Rousseau Président du Conseil, M. de Lanessan ministre de la marine, etc... Après la revue lunch sur La Touraine embarquement pour rentrer au port vers 2h, visite de Cherbourg (rien à voir); bain de mer départ à 6h3O, arrivée à Paris 1h1/2 du matin.

Mercredi 25 Juillet

Mon Père ayant demandé à être accompagné aux bains froids, Charles va le chercher à 8h du matin. Il emmène Emile. Je vais à 6h sous le pont de l'Aima recommencer une aquarelle du vieux Paris.

Samedi 28 Juillet

Arrivée du Chah de Perse à Paris; je vais avec Emile et Georges voir son escorte aux Champs-Elysées.

Dimanche 29 Juillet

Soirée de gala à l'Opéra. Mon Père nous procure des billets. Je vais avec Sophie et Louise aux fauteuils d'orchestre N° 53, 55, 57 premier rang. Charles avec son bon-papa dans la loge d'avant-scène face à la loge présidentielle, Henri avec Emile Deboudé dans une baignoire, Paul dans une cinquième loge. Assassinat du roi d'Italie Humber à Monza.

Mardi 31 Juillet

8h25 du matin départ pour les Dalles de Sophie, Ch., L., E. et G. J'avais fait enlever la veille les bagages par l'agence Duchemin. Paul passe son dernier examen oral pour l'Ecole Centrale. Il n'en est pas content. Je vais avec les enfants Henri, Paul et André déjeuner au bouillon Duval rue Montesquieu. Le soir nous dînons chez Lecoeur rue Richelieu. Et flous ferons de même tous les jours jusqu'à notre départ de Paris.

Jeudi 2 Août

Tentative d'assassinat du Chah de Perse au moment où il quittait avec son escorte le palais de l'avenue du Bois de Boulogne pour se rendre à Versailles. Arrestation immédiate de l'assassin qui n'a même pas eu le temps de se servir de son revolver.

Vendredi 3 Août

A son réveil André se plaint de douleurs dans la gorge et dans la tête. Il en souffrait parait-il, depuis la veille au soir. Je fais venir le Dr Bruslé qui constate une amygdalite simple. André a de la fièvre 39°2. Le docteur ordonne de se gargariser avec de l'eau boriquée, 2 cachets de quinine à 6h et à 8h, prendre toutes les 2 heures une potion dont il nous donne la formule et le lendemain matin un grand verre d'Hunyadi-Janos. Il reviendra le lendemain matin à 11h. A 6h André a 39°7 à 10h du soir 39°.

Je vais un instant à I'EDBA séance de distribution des récompenses Congrès des Architectes où j'ai à recevoir une médaille d'argent comme membre de la commission du Manuel des lois du bâtiment.

Samedi 4 Août

André a bien dormi sa température est de 38°25. Je lui fais prendre son verre d'Hunyadi-Janos. Le soir la température remonte à 38°9. Il se plaint toujours de mal de tête.

Dimanche 5 Août

André a bien dormi. Le Dr Bruslé autorise un peu de nourriture; bouillon, Ïufs. Nous étions invités à déjeuner chez Etienne à Sceaux. Je m'étais excusé dès la veille mais j'envoie Henri. Je reste à déjeuner avec André. Je vais chercher bouillon, Ïufs, charcuterie et fruits et nous faisons ensemble notre petite dînette. André mange d'assez bon appétit, il prend même un peu de charcuterie et du café.

Vers 4h nous recevons une dépêche ainsi conçue: "Je viens vous voir" signé Sophie, et en effet une 1/2h après on sonnait et c'était la bonne petite maman qui ne pouvant pas y tenir venait embrasser son petit malade et nous tenir un peu compagnie. Mon Père nous ayant invité à dîner, après avoir fait dîner André et l'avoir couché nous allons Sophie et moi à l'Institut où dînaient également Adèle et Emile Deboudé et H. Petit.

André devait passer le lendemain les épreuves écrites du baccalauréat mais il est incapable encore de sortir. Mon Père écrit â la Sorbonne envoyant le certificat du médecin et demandant qu'il soit remis à la dernière série c'est à dire vendredi 10.

Lundi 6 Août

André va bien mais ne sort pas encore. Nous déjeunons et dînons à la maison, Sophie fait le ménage.

Mercredi 8 Août

Le soir à 10h Henri nous quitte pour aller passer ses vacances en Allemagne. Sur le conseil du Lnt. Bégouen, beau-frère d'Antoinette Guibert, il va à Neustadt près Fribourg dans la Forêt Noire chez le pasteur Schilling. Il y restera un mois et voyagera le reste du temps. Dans la journée nous recevons une dépêche de Ch. Rabut nous annonçant que sa mère s'est éteinte la veille au soir à l'âge de 81 ans à Versailles, rue de Béthune 19bis.

Jeudi 9 Août

A 8h du matin Sophie retourne aux Dalles. Elle voyage avec Adèle Deboudé.

Vendredi 10 Août

André passe ses épreuves écrites du baccalauréat.

Dans la matinée je vais à Versailles à l'enterrement de Mme Rabut décédée mardi soir. Je prends le train de 10h avec mon frère Henri et Anna et André Guibert. Mon Père, Ch. Rivière et Emile Deboudé assistent également à la cérémonie. Retour à Paris par le train de 1h1/2 après avoir déjeuné chez Marguerite de retour des Dalles avec tous ses enfants depuis mercredi.

Après midi vers 4h été à la matinée de l'Elysée. Le Chah de Perse assiste. Scène dressée sur la pelouse. Danses de différentes époques. Ravissant spectacle avec temps malheureusement incertain, un peu de pluie même. Mon Père après sa séance de l'Institut vient aussi à la Présidence mais nous ne nous rencontrons pas. Les Malassez y viennent aussi sauf Malassez encore contusionné d'un accident de voiture. M. et Mme Malassez, Jean et Henriette se rendant en voiture à l'ouverture du Congrès de Médecine à la salle des fêtes ont été projetés sur le trottoir le cheval s'étant emballé en passant près du chemin de fer électrique de l'exposition. Je dîne avec André et mon frère Henri à l'Institut. Henri repart le soir à Rouen. Fêtes vénitiennes sur la Seine en l'honneur du Chah. Fêtes très brillantes.

Samedi 11 Août

Mon pauvre André n'est pas admissible il a la cote 9 pour la version, 7 pour la composition française. La moyenne pour chaque composition est 10.

Dimanche 12 Août

Je pars avec André pour les Dalles.

Mardi 28 Août

Mort de Jeanne Mimmerel.

Jeudi 30 Août

5h du matin, départ des Dalles pour aller à Paris puis à Douai à l'enterrement de Jeanne Mimmerel. 8h du soir départ avec Adèle et son fils Henri pour Douai où nous arrivons à 10h1/2; nous y trouvons mon frère Henri arrivé une heure avant nous de Rouen. Nous descendons tous quatre à l'Hôtel du Grand Cerf.

Vendredi 31 Août

Le matin avec Adèle, mon frère Henri et H. Guibert nous allons au cimetière sur la tombe de notre mère. A 11h service de Jeanne Mimmerel. La famille était représentée par Adèle et son fils H., Valentine, son mari et son fils Henri et moi. La cousine Belin était également présente avec une de ses filles. A 5h1/2, après une visite à M. et Mme Poncelet et à Mlle S. Corne, je vais à Arras passer deux heures et dîner chez Mme Leviez avec ses enfants Sidonie, Albert et Charlotte. Marthe était à la campagne, Georges que je ne fis qu'entrevoir allait la rejoindre. A 8h je rejoignais dans le train Adèle et nous rentrions à Paris à 10h1/2.

Dimanche 2 Septembre

Matin exposition. Après-midi visite à Mme Dupont à Sceaux puis aux Malassez à Lozère où je reste dîner. Le soir vers minuit Charles rentre de son voyage en Bretagne.

Mardi 4 Septembre

Charles va à l'Esquisse.

Mercredi 5 Septembre

Matin départ pour les Dalles avec Charles. Soir arrivée de Mme Malassez aux Dalles avec Henriette et Jean.

Dimanche 9 Septembre

Mme Malassez nous quitte pour retourner à Lozère.

Mardi 11 Septembre

Charles nous quitte pour retourner à Paris faire son projet d'Ecole: un embarcadère.

Dimanche 16 Septembre

Arrivée de Malassez aux Dalles.

Mercredi 19 Septembre

Départ de Malassez avec Henriette et Jean.

Jeudi 20 Septembre

Fête de Sassetot.

Vendredi 21 Septembre

Henri rentre à Paris de son voyage en Allemagne. Nous apprenons la mort de Victor Devisme décédé la veille, 20 Septembre, à l'âge de 48 ans.

Dimanche 23 Septembre

Henri arrive aux Dalles.

Samedi 29 Septembre

Retour de la famille â Paris. Incidents du départ. Capron n'a pas de chevaux pour nous conduire à ta gare. Mon frère Henri nous prête son cheval et nous pouvons ainsi arriver au train spécial de 9h30 du matin, arrivée à Paris vers 2h.

Lundi 8 Octobre

Banquet de l'EDBA à l'Hôtel Continental avec Charles. Président Moyneux en remplacement de Pascal empêché par la maladie de sa femme; 90 convives.

Jeudi 11 Octobre

Charles a une première seconde médaille pour son projet: un embarcadère. Après-midi été avec les enfants à l'Exposition. Fête nautique.

Lundi 29 Octobre

Notre 26 ème anniversaire de mariage. Soirée à l'Elysée. J'y vais avec Sophie, Louise, Charles, Henri et Paul. Nous y rencontrons Etienne et Mathilde ainsi qu'Henri Petit.

Mardi 30 Octobre

Mon Père ayant reçu du Président de la République sa loge d'avant-scène aux Français me charge de la composer. 8 places: Etienne et sa femme, Anna et son mari, Sophie, Louise, Charles et Henri. Etant un peu pris de névralgie et ne pouvant pas jouir autant qu'un autre d'une représentation aux Français je préfère offrir ma place à Henri. Programme: La cigale et la fourmi. Le monde où l'on s'ennuie.

Lundi 12 Novembre

Fermeture de l'Exposition! Depuis une quinzaine de jours j'y vais presque tous les jours et j'y éprouve un attrait de plus en plus grand et en même temps une profonde émotion à la pensée que toutes ces belles choses vont disparaître. Il semble qu'on va visiter pour la dernière fois une personne aimée... Et puis le temps est généralement très beau, l'afflux du public dans les derniers jours est énorme. Vers 6h1/2 du soir la pluie commence à tomber et les jours suivants pendant toute la semaine elle tombe presque sans interruption. Il semble que la nature veuille également prendre le deuil.

Jeudi 22 Novembre

Il a cinquante ans mon Père était élu membre de l'Académie des Inscriptions. J'ai dans mes papiers une petite lettre de ma mère annonçant en hâte cette bonne nouvelle à ses parents à Douai; lettre datée du 22 Novembre 1850. Moins d'un an plus tard ma pauvre mère mourait!

Vendredi 23 Novembre

L'Académie des Inscriptions et Belles Lettres dans sa séance hebdomadaire fête le jubilé de mon Père. Le Président M. de Lasteyrie prononce une allocution et lui remet en l'honneur de ses 50 ans d'Institut une médaille d'or, Ïuvre de Chaplain. Père très ému prononce ensuite quelques paroles de remerciement et lit une notice sur son prédécesseur immédiat Quatremère de Quincy. Puis tous les membres présents, et ils étaient au complet, défilent devant mon Père et lui serrent la main. J'assiste avec Charles à cette touchante séance.

Samedi 24 Novembre

Arrivée du Président Krüger à Paris. Dans la matinée vers 11h je vais avec Louise au devant du Président Krüger. Nous rencontrons l'escorte sur le boulevard en face le pavillon de Hanovre. Les acclamations "Vive Krüger, vive les Boers" arrivent de loin de plus en plus nourries et c'est le cÏur serre, les larmes aux yeux que nous saluons ce beau et énergique vieillard. Nous sommes au premier rang et le voyons très bien. Au milieu de cette splendide ovation qui l'accompagne depuis Marseille, Tarascon, Avignon, Valence, Lyon, Dijon qui éclate formidable à l'arrivée à Paris devant la gare de Lyon et le suivra jusqu'à l'Hôtel Scribe où il descendra, le pauvre homme doit être profondément ému. Quand il passe devant nous il est tête nue dans son landau découvert et salue avec gravité. Charles avait pu pénétrer à la gare et avait été témoin de l'ovation grandiose qui éclata sur la place de la gare lorsque passa l'escorte de cavaliers de la Garde républicaine et les voitures.

Mercredi 28 Novembre

Dans la matinée le Président Krüger vient à l'Ecole des Beaux-Arts visiter l'exposition du concours du monument au colonel de Villebois-Mareuil tué au Transvaal. Les élèves prévenus remplissent la salle Melpomène. Le vestibule sur le quai où se trouve l'exposition des maquettes est réservé au Président et au Comité. Les massiers des ateliers (Charles représentant l'atelier Pascal) sont rangés en première ligne sur les marches du vestibule et présentés au Président Krüger.

Jeudi 29 Novembre

La Chambre des Députés à l'unanimité des membres présents (559 votants) vote la motion suivante: "La Chambre à l'occasion de la venue en France du Président du Transvaal est heureuse de lui adresser l'expression sincère de sa respectueuse sympathie".

Vendredi 30 Novembre

Le Sénat à l'unanimité des votants 261 vote la motion suivante: "Le Sénat à l'occasion de la venue en France de M. le Président de la République sud-africaine est heureuse de lui adresser l'expression sincère de sa respectueuse sympathie".

Samedi 1er Décembre

Départ du Président Krüger. Je vais avec Sophie et Louise saluer à son départ le brave Krüger. Placés sur le trottoir de la rue Scribe, non loin de l'hôtel, nous le voyons très bien et d'autant mieux que le landau s'arrête à quelques pas de nous pour que l'on en abaisse les capotes. Une immense clameur de "Vive Krüger" salue le Président à sa sortie de l'hôtel et va l'accompagner jusqu'à la gare du Nord. Puis après le passage de l'escorte la foule, sur l'air des lampions, réclame l'Arbitrage.

Dimanche 9 Décembre

Vu l'épidémie régnant de variole le Dr Bruslé vient, sur ma demande, nous vacciner tous sauf Henri qui avait été vacciné il a 2 ans au Régiment.

Lundi 10 Décembre

Je vais à l'Opéra entendre le Prophète. Charles et une dizaine de ses camarades: Marcel, Lalanne, Barrias, Gouse etc... avaient organisé une.... d'atelier dans la figuration de l'opéra. Ils s'y sont fort amusés. De mon fauteuil d'orchestre j'ai parfaitement distingué Charles en superbe costume et faisant très belle figure, hallebarde au poings assistant en bonne place au défilé du couronnement. Le grand Gouse (1m95) en costume d'évêque et défilant en avant du prophète était impayable à voir, je n'ai pas pu m'empêcher de rire en l'apercevant, trop peu de temps malheureusement, car lui ne faisait que défiler. Il eut du reste le plus grand succès parmi toute la figuration et les acteurs. A certains moments m'a dit Charles tout le corps de ballet l'entourait avec admiration.

Dimanche 16 Décembre

Mon Père vient dîner à la maison avec Marguerite et ses enfants, Pauline et André, Geneviève et son mari.

Mardi 25 Décembre

Eté à l'Opéra-Comique avec Ch. et Paul entendre la Basoche. Nous allons ensuite rejoindre à St Germain des Prés à la messe de Minuit Sophie, L., A., E., et G. Au retour nous faisons un petit réveillon.

Vendredi 28 Décembre

Eté à l'opéra-Comique entendre la Basoche de Messager avec Sophie, Ch. et Louise.

Samedi 29 Décembre

Dans la matinée la domestique de l'Institut vient m'avertir que mon Père avait été pris la veille au soir après son dîner d'un fort accès de toux motivé par une sorte d'étranglement en buvant son café. Il en était resté tout ébranlé avec un peu de frissons pendant ta première moitié de la nuit. Avec son autorisation la domestique avait été chercher le médecin vers 1h du matin. Le médecin Dr Render revient dans la matinée craignant un commencement de pneumonie. J'allai immédiatement à l'Institut et trouvai mon Père très reposé, très gai même et plaisantant son médecin "Tant pis". La journée est très bonne. Henri et Laure arrivent à Paris dans l'après-midi pour passer quelques jours à Paris. Le soir je vais voir Père et le trouve bien.

Dimanche 30 Décembre

Le Dr Render trouve Père tout à fait bien mais lui recommande de ne pas quitter la chambre de la journée. Il ne reviendra plus. Dans l'après-midi je vais avec Sophie,Ch., H., P., et A. au concert Lamoureux, rue Blanche. Louise ayant un peu mal à la tête ne nous accompagne pas. Le temps est du reste pluvieux et détestable. Le programme comprend L'Ouverture d'Egmont et la Symphonie Pastorale de Beethoven, tout le reste du Wagner: Vaisseau Fantôme, Tristan et Iseult, Nuremùmberg, Chevauchée de la Walkyrie.

Lundi 31 Décembre

Après déjeuner je vais avec Ch., H. et P. porter des cartes et signer: à la Sorbonne chez le Président du Tribunal Baudouin, chez le Président du Sénat Fallières, à la Direction des Cultes au Ministère de l'intérieur et des Cultes, à l'Elysée.

Henri et Laure viennent dîner avec nous.