1890

 

 

Mercredi 1er Janvier

Sophie, désirant aller voir son père pris depuis deux jours de l'épidémie Influenza, sort pour la première fois. Je la mets en voiture; elle fait ainsi ses visites à son père et à mon père à l'Institut. Tous les enfants sauf les 2 petits, Emile et Georges, m'accompagnent dans ces visites. En revenant de l'Institut nous allons chez ma tante Jannet que nous ne rencontrons pas et à la Visitation voir Marie. Pierre Petit vient déjeuner avec nous. Après-midi, je vais voir ma tante Barbedienne puis M. et Mme Olléris. Le soir nous devions dîner à L'Institut mais je prie Père de nous excuser Sophie ne pouvant sortir le soir.

Lundi 6 Janvier

Nous recevons de Caen une dépêche nous annonçant la naissance de deux petites jumelles Thérèse et Marie Rabut.

Dimanche 12 Janvier

La troisième dent de Georges (première du haut) est percée. Le paresseux dEmile n'en a pas encore une seule.

Lundi 13 Janvier

Rentrée des lycées licenciés depuis le 21 Décembre à cause de l'épidémie de grippe "Influenza". En rentrant du lycée Henri se plaint d'être très fatigué, il fait néanmoins ses devoirs mais demande à aller se coucher aussitôt après le dîner se plaignant de forts maux de tête.

Mardi 14 Janvier

Henri passe une nuit très agitée gémissant beaucoup. Toute la journée il se plaint de maux de tête et de mal de gorge. Je couche dans sa chambre et Charles descend en bas avec Paul que je fais également descendre pour évacuer tout le quartier d'en haut.

Mercredi 15 Janvier

Henri après une nuit assez bonne continuant à se plaindre de maux de tète très violents et de mal de gorge j'écris à M. le Dr Martin de Gimard que M. Hutinel nous a recommandé pour le remplacer. A 2h visite du docteur; sans être encore très affirmatif, il craint une scarlatine.

Jeudi 16 Janvier

Nuit assez bonne. 11h du matin visite du docteur. Il croit toujours à une scarlatine bien que l'éruption tarde à se manifester.

Vendredi 11 Janvier

Troisième et dernière visite du médecin qui, trouvant Henri sans fièvre et bien mieux que les jours précédents, nous dit qu'il n'a plus besoin de revenir. Il croit toujours néanmoins à une scarlatine et nous recommande la plus grande prudence: Henri devra garder le lit pendant un mois. Sophie et moi ne sommes aucunement convaincus de cette scarlatine, nous pensons que le diagnostic du médecin a été faussé par l'aspect de la belle figure fraîche et rouge d'Henri; le voyant pour la première fois il a pu se faire illusion le premier jour et ensuite ne pas vouloir revenir sur son diagnostic. Pour nous c'est une angine manifestation nouvelle sur Henri de l'épidémie régnante, l'Influenza. Cependant nous ne pouvons prendre sur nous d'aller à l'encontre de l'avis du médecin qui doit être de bonne foi et peut ne pas se tromper. Notre pauvre Henri est désolé, il ignore la durée prescrite de sa réclusion mais le pauvre enfant se lamente, il veut dès lundi retourner au lycée.

Dimanche 19 Janvier

Emile a sa première dent. Soirée chez M. Eiffel. J'y vais seul, Sophie étant retenue par la maladie d'Henri. Brillante soirée à l'occasion du prochain mariage de Mlle Valentine avec M. Piccioni secrétaire d'ambassade.

Mardi 21 Janvier

J'ai 45 ans. Je vais passer la journée à Tourcoing pour montrer à H. Rousseau le projet de sa construction rue Monge. Parti à 8h du matin de Paris j'arrive à Tourcoing à 1h, en repars à 6h pour rentrer à Paris à 11h du soir.

Jeudi 23 Janvier

Je vais avec Sophie au mariage de Valentine Eiffel à St-François-de-Sales. Valentine Eiffel épouse M. Piccioni secrétaire d'ambassade. Le matin le médecin, M. Martin de Gimard, que nous avions prié de venir voir comme Henri se portait bien maintenant, maintient qu'on est en présence d'une scarlatine et conseille de le laisser encore au lit.

Dimanche 26 Janvier

Départ de la soeur de la nourrice, Claudine la cuisinière, appelée dans son pays par la maladie de ses parents.

Lundi 27 Janvier

Etienne vient nous apprendre la naissance de sa petite fille "Jeanne".

Mardi 28 Janvier

Henri que nous avions maintenu au lit depuis le 13 Janvier sur le conseil du médecin se lève pour la première fois.

Mercredi 29 Janvier

Henri descend dîner avec nous.

Lundi 3 Février

André va à l'école. Dans la matinée avec Louise, nous conduisons André à l'école chez Mme Cazaux. Pas fier et pas vaillant le bonhomme; il fait son entrée en classe les yeux rouges de larmes. A midi je vais le chercher et le trouve tout métamorphosé, tout content et très gai; il avait eu un nombre incalculable de bons points destinés à sécher les larmes. J'ai eu dans la journée l'explication de cette grande tristesse. Les frères et soeur toujours taquins lui avaient raconté que la première chose que faisait la maîtresse était de donner le fouet au nouvel arrivant à seule fin de l'y habituer. Cette fessée réglementaire lui inspirait une certaine terreur.

Vendredi 7 Février

Je vais soumettre le cas d'Henri à Malassez. Malassez estime que nous pouvons sans imprudence lui faire prendre un bain, le faire sortir dimanche, et lundi l'envoyer au lycée. J'annonce cette nouvelle à Henri qui est enchanté

Samedi 8 Février

Nous faisons prendre le bain dHenri.

Dimanche 9 Février

Henri sort pendant une heure au Luxembourg. Il fait froid mais un soleil splendide. Sophie fatiguée depuis plusieurs jours après une mauvaise nuit garde le lit avec une forte fièvre.

Lundi 10 Février

Sophie va mieux et se lève. Henri retourne au lycée après 28 jours d'absence, retenu à la chambre par une scarlatine, au dire du médecin??? Il n'a jamais eu rougeur ni desquamation. Charles un peu souffrant garde le lit.

Mardi 18 Février

Je vais passer la journée à Tourcoing pour montrer à Henri Rousseau les plans de construction de sa maison.

Vendredi 28 Février

Les petits frères ont un an. Georges court à quatre pattes comme un petit rat, Emile avance en se poussant sur son derrière. Naturellement Georges l'emporte de beaucoup à la course.

Dimanche 2 Mars

Dans la matinée je vais prendre des nouvelles de mon vérificateur M. Biquet que je savais malade depuis quelques jours. J'apprends qu'il est mort la veille d'une congestion pulmonaire.

Lundi 3 Mars

Je vais à l'enterrement de M. Biquet décédé le 1er Mars d'une congestion pulmonaire. Eglise du Gros Caillou, Cimetière du Père Lachaise.

Les petits frères mangent leur premier oeuf à la coque très volontiers.

Mardi 4 Mars

Nous apprenons la mort du cousin Emile Caffiaux, décédé à Valenciennes le 3 Mars à l'âge de 65 ans.

Jeudi 6 Mars

Ma tante Barbedienne, Jeanne Mimerel, Père, Adèle et ses enfants, Jeanne et Pierre viennent dîner à la maison.

Vendredi 7 Mars

Nous apprenons la mort de la cousine Adèle Vannier, décédée à Caen le 6 Mars à l'âge de 64 ans.

Samedi 8 Mars

André toussant depuis quelques jours est particulièrement oppressé; sa maman le couche. Vers la fin de l'après-midi nous sommes un peu effrayés de son état. Il ne répond pas quand on lui parle, il fait de singulières grimaces avec sa bouche et quand on lui demande où il souffre il montre sa gorge. Je cours aussitôt chez le Dr Martin de Gimard, rue de Rennes. Le Dr vient après dîner et ne constate rien d'anormal. Ce n'est qu'un rhume. Sans nous communiquer nos craintes. Sophie et moi avions peur du croup!

Dimanche 9 Mars

André va mieux et se lève. Cependant nous n'osons pas le faire sortir. Nous sommes d'autant plus attristés de cette petite indisposition qu'il était invité avec ses frères et soeur à dîner chez M. et Mme Malassez. Il prend très gentiment son parti de dîner tout seul

Mardi 11 Mars

Notre petit Emile est tout souffrant et tousse très fort, fièvre intense. Par deux fois nous prenons sa température et trouvons 41°1. Le médecin (Dr Bruslé médecin de Geneviève) que nous faisons venir ne se prononce pas encore sur la pneumonie, mais croit qu'elle sera déclarée le lendemain.

Mercredi 12 Mars

La nuit a été assez calme. Petit Emile est très abattu très blanc. Sa température n'atteint pas 38° la fièvre est bien tombée. Visite du Docteur. Il se montre satisfait. Il n'y a pas pneumonie mais bronchite. Le soir, la température est de 40°1. Georges a beaucoup de fièvre, il tousse fort et est pris de vomissements.

Jeudi 13 Mars

Température 38°5. Le médecin trouve Emile moins bien que la veille mais ne témoigne cependant pas d'inquiétude. Georges n'est pas bien non plus; il n'a pas de bronchite mais un fort rhume. Soir, température d'Emile 40°1.

Vendredi 14 Mars

Température 38°. Le médecin trouve Emile mieux que la veille. Georges continue à tousser beaucoup.

Samedi 15 Mars

Température Emile 37°5, Georges 38°3. Le médecin trouve les petits frères moins bien. Il ordonne un vomitif pour les débarrasser. Les pauvres petits souffrent beaucoup de leur vomitif. Georges est comme anéanti. Dans la journée visite de M. Pignon et de Marguerite.

Dimanche 10 Mars

Le médecin est plus content et constate que la maladie touche à sa fin. Georges est même redevenu presque gaillard; Emile est toujours plus abattu.

Lundi 17 Mars

Le mieux s'accentue, le médecin ne reviendra que dans deux jours. Georges a bien repris sa mine et son entrain, mais Emile est encore triste et geignant.

Mardi 18 Mars

Louise a 13 ans.

Mercredi 19 Mars

Le médecin se déclare satisfait de l'état des enfants.

Mercredi 26 Mars

Je commence les fouilles de la construction d'H. Rousseau rue Monge prolongée.

Dimanche 30 Mars

Première sortie des petits frères depuis leur maladie. Temps splendide et chaud. Dans la matinée je vais rue Monge photographier le terrain et les travaux de fouille commencés depuis Mercredi 26.

Mardi 1er Avril

Henri premier en Allemand. Comme il ne revient du lycée qu'à 11h retenu par le catéchisme, c'est son frère Paul qui nous apporte la bonne nouvelle. Le brave enfant n'avait fait qu'un saut du lycée à la maison et il se précipite tout en nage dans l'appartement pour crier le succès de son frère.

Mercredi 9 Avril

Depuis quelques jours Henri ne paraissait pas à son ordinaire. Il se décide à se coucher se plaignant de mal à la tête et de mal à la gorge. Nous prions le Dr Bruslé de venir le voir dans la soirée. Le Dr vient vers 10h du soir et constate une scarlatine. Cette fois il n'y a pas de doute c'est une scarlatine très nettement caractérisée.

Jeudi 10 Avril

Henri a beaucoup de fièvre 39°. Le médecin ne parait pourtant pas inquiet mais il annonce 3 semaines au moins de lit. Nous apprenons la mort de Mlle Nancy Fleury, maîtresse de cours de Louise décédée le 9 Avril dans sa 55ème année.

Vendredi 11 Avril

La maladie d'Henri suit son cours sans complications.

Samedi 12 Avril

Mort de M. Rousseau décédé à Valenciennes dans sa 73ème année.

Dimanche 13 Avril

L'après-midi je vais avec Charles Louise, Paul et André à l'Esplanade des Invalides et au Champ de Mars voir les restes de l'Exposition. Belle journée, beaucoup de monde; dans un des cafés rouverts nous entendons les tziganes.

Mercredi 16 Avril

Henri est un peu moins bien, très abattu dans la matinée il est pris de forts vomissements.

Jeudi 17 Avril

Pierre Petit est nommé Lieutenant-Colonel. Henri a encore passé une mauvaise nuit avec vomissements. Le médecin ne lui trouve pas de fièvre, la gorge est meilleure; ces vomissements proviennent simplement d'un embarras d'estomac. Pour lui permettre de dormir la nuit il ordonne du sirop de chloral.

Dimanche 27 Avril

Je termine mon projet de concours dHôtel de Ville de Valence sur Rhône. Elections municipales. Ecrasement des Boulangistes. Cette fois la Boulange est bien morte.

Lundi 28 Avril

Dans la matinée on met en caisse mon projet de Valence pour être expédié le jour même par grande vitesse.

Mardi 29 Avril

Georges fait ses premiers pas. Depuis quelques jours il se tenait debout quelques instants il se décide aujourd'hui à décoller ses petits patons mais si difficilement, si difficilement! Il avance pourtant de 4 ou 5 pas tout seul sans aide vers son frère Charles qui lui tend un morceau de chocolat; il répète sa petite promenade à la demande générale, à la joie générale.

Jeudi 1er Mai

Henri se lève pour la première fois.

Dimanche 4 Mai

M. Allart mal en train depuis plusieurs jours se plaint de douleurs dans la partie supérieure du corps. Il n'a pas d'appétit.

Lundi 5 Mai

Dans la soirée je vais avec Sophie voir M. Allart, il dit souffrir moins que la veille, et prend même part à la conversation avec assez d'entrain. Il nous paraît cependant bien fatigué et nous abrégeons notre visite pour le laisser reposer.

Mardi 6 Mai

M. Allart n'a pas fermé l'oeil de la nuit. Je vais le voir la fin de l'après-midi et suis frappé du changement survenu en lui bien qu'il prétende moins souffrir que la veille et l'avant-veille. J'insiste de nouveau pour qu'il fasse venir le médecin. Sophie elle aussi commence à être très tourmentée. Quand je rentre à la maison elle me communique ses craintes; elle a vu son père dans la matinée et au commencement de l'après-midi.

Mercredi 7 Mai

En se rendant chez le médecin Henriette passe par la maison. M. Allart a encore passé une mauvaise nuit sans sommeil. M. Allart reste au lit. Le médecin ne dissimule pas la gravité de la situation. Je vais voir M. Allart vers la fin de l'après-midi Sophie a passé une partie de la matinée et toute l'après-midi près de son père. Dans la matinée elle va voir le médecin. Sophie n'ose le questionner, le laisse parler mais comprend d'après ses explications combien l'état de son père est inquiétant.

Jeudi 8 Mai

De bonne heure nous envoyons Charles prendre des nouvelles. L'état est le même. Sophie se rend chez son père vers 9h, le médecin lui ayant dit qu'il s'y trouverait dans la matinée vers 10h. Ainsi qu'il est convenu avec Sophie je vais vers 10h attendre le médecin, ne montant pas afin de ne pas alarmer M. Allart. J'accompagne le médecin après sa visite. La situation est grave, très grave mais non désespérée. Le coeur est très faible; il y a affection du coeur et depuis le commencement de la nuit commencement de congestion aux poumons et au foie; il faut avant tout éviter la congestion aux reins qui serait fatale. Régime: du lait. Si les fonctions de la vessie sont abondantes le malade est sauvé... Vers midi Sophie rentre et m'interroge sur mon entrevue avec le médecin. Ma pauvre Sophie ne se fait pas d'illusions... Nous décidons d'envoyer une dépêche à Albert Leviez pour le prier de venir demain. Il viendra comme par hasard voir son oncle, tout en évitant ce qui pourrait donner l'éveil et des inquiétudes à M. Allart. Nous pensons que cette visite toute naturelle lu ferait plaisir. Sur la demande de M. Allart Sophie emmène Louise avec elle passer l'après-midi chez son père. Vers 6h je vais rejoindre Sophie chez son père, il me semble remarquer une amélioration réelle. Le médecin vient à 7h et constate en effet une amélioration. L'état sans être satisfaisant est bien moins grave que le matin et fait espérer la guérison. Après dîner je conduis Sophie chez son père où elle doit passer la nuit.

Vendredi 9 Mai

Le matin vers 7h Sophie rentre assez satisfaite de la nuit; son père a bien reposé et lui semble mieux que la veille. Le médecin constate un mieux sur la veille au matin, mais plus de faiblesse que lors de sa visite du soir. Il trouve la faiblesse extrême. L'après-midi Sophie commence à être très tourmentée de cette faiblesse; j'ai pourtant trouvé M. Allart l'esprit très libre et une certaine gaîté dans la conversation; mais après mon départ il doit se trouver fatigué. Arrivée d'Albert Leviez à 6h. Sa visite fait grand plaisir à M. Allart. Albert ne croit pas à un danger imminent. M. Allart a une lésion au coeur qui se complique toujours de congestion aux poumons et au foie et souvent aux reins. Les reins ne sont pas atteints chez M. Allart. Selon toute probabilité M. Allart se relèvera de cette attaque. Albert dîne à la maison; il doit repartir le lendemain matin pour Arras. Clandestinement ainsi qu'il est convenu avec Sophie, pour ne pas effrayer ou contrarier M. Allart, je vais passer la nuit chez lui pour ne pas laisser Henriette seule en cas de besoin. Henriette m'a préparé un lit dans le salon.

Samedi 10 Mai

A 6h du matin je quitte, toujours clandestinement, l'appartement de M. Allart. Henriette me donne de bonnes nouvelles de la nuit. Sophie va passer la matinée chez son père. Le médecin parait plus satisfait et ne doute plus de la guérison. Bonne après-midi. Le soir, après dîner, je conduis Sophie chez son père où elle doit passer la nuit. Dans la matinée Henri a pris son premier bain.

Dimanche 11 Mai

La nuit a été très bonne. Le médecin est complètement rassuré. Déjeuner: un bouillon et un filet de sole.

Samedi 17 Mai

Appelé aux Petites Dalles par une série de réclamations de M. Peltier au sujet de la construction de son chalet. Billet pour Yvetot. A la gare de Rouen je vois Ch. Renard et Henri; Henri m'offre de m'accompagner. Déjeuner à Yvetot. Voiture de Poulinquin nous conduit aux Dalles où nous arrivons vers 3h. Rendez-vous avec M. Fiquet chez M. Peltier. Fiquet déclare qu'il s'occupera dès le lundi de la réfection des malfaçons de la terrasse.

Mon petit Henri prend son troisième et dernier bain et descend enfin rejoindre ses frères et soeur à l'heure du déjeuner. Sophie s'occupe ensuite de la fumigation de la chambre en disposant dans un récipient 1 Kilogramme de fleur de soufre, soit 30g par m.c. Elle bouche hermétiquement la fenêtre et après avoir allumé le soufre ferme la porte derrière elle et en calfeutre les joints.

Dimanche 18 Mai

Nous passons la journée aux Dalles et repartons vers 5 heures après midi après avoir pris nos repas et passé la nuit aux Mouettes. Départ par Cany. Henri me quitte à Rouen. J'arrive à Paris vers minuit.

Après avoir laissé brûler le soufre et tenu fermée la chambre pendant 24h, on ouvre largement portes et fenêtres pour aérer. L'odeur est encore si âcre le soir que comme la veille tous les enfants couchent en bas. On s'entasse un peu à mon arrivée, je m'étends sur un canapé pour achever la nuit.

Jeudi 22 Mai

Départ pour St Brieuc 7h30 du matin. Arrivée à 6h du soir. Dîner chez M. Maignan.

Vendredi 23 Mai

Matin au bureau de M. Maignan puis par un temps splendide promenade dans la vallée du Gouedec. Déjeuner chez Mme Maignan. Visite au nouvel évêque Mgr Fallière, visite à M. Courcoux, dîner chez Mme Maignan.

Samedi 24 Mai

A 6h du matin départ de St-Brieuc, arrivée à Paris à 4h20. J'apprends en rentrant que M. Allart s'est trouvé de nouveau souffrant. Le médecin parle d'une fluxion de poitrine.

Dimanche 25 Mai

M. Allart est toujours très accablé. Le médecin a ordonné 2 vésicatoires.

Lundi 26 Mai

L'état de M. Allart reste stationnaire, sans aggravation mais avec une grande faiblesse. Les vésicatoires, bien qu'ayant fortement pris n'ont produit aucun soulagement et n'ont pas débarrassé les poumons. Le médecin ordonne la pose de 30 ventouses.

Mardi 27 Mai

Georges qui depuis quelque temps fait quelques pas tout seul mais en y étant fort sollicité se détache de lui-même d'une chaise contre laquelle il se tenait debout et se met à marcher. Il recommence plusieurs fois ce manège, 5 ou 6 pas, surtout lorsqu'il aperçoit une croquignole posée sur une chaise pour l'engager à recommencer. Dans l'après-midi je vais avec les enfants à Sceaux. Malgré les 2 vésicatoires et les ventouses l'état de M. Allart ne s'améliore pas; les forces diminuent, le médecin ne cache pas son inquiétude. Le soir Sophie retourne chez son père pour y passer la nuit.

Mercredi 28 Mai

Aucune amélioration. Sophie passe la nuit chez son père.

Jeudi 29 Mai

Le médecin nous déclare qu'il juge la situation perdue. Les 2 poumons sont pris, le pouls est très faible, les forces diminuent toujours. M. Allart a de plus en plus de peine à parler, chaque parole parait être pour lui une souffrance. Néanmoins il continue à s'inquiéter de tout ce qui se passe autour de lui, s'informant de tous, et s'occupant des plus petits détails. Nous ne savons pas s'il se rend compte de son état. Nous le craignons pourtant quelque soin que nous mettions à écarter de lui toute appréhension, tout ce qui pourrait évoquer des pensées funèbres. Sophie passe la nuit chez son père. Dans l'après-midi Albert Leviez auquel j'avais écrit la veille au soir vient voir son oncle et se rencontre avec le médecin le Dr Vinache. Consultation. Albert me déclare aussi qu'il n'y a plus aucun espoir, qu'il serait même à désirer que M. Allart perdit connaissance ce qui serait le commencement de l'agonie, afin de ne plus souffrir ce qu'il doit souffrir physiquement et moralement.

Vendredi 30 Mai

A 7h3O du matin Albert Leviez vient faire une nouvelle visite à son oncle et repart pour Arras. Le soir le Dr Vinache m'engage à ne pas laisser seules la nuit Sophie et Henriette. Il craint que M. Allart ne passe pas la nuit. A un certain moment de la soirée, prévenu par Sophie que ma présence contrarierait son père, je me retire dans une chambre où je m'étends tout habillé sur le lit.

Samedi 31 Mai

A 5h1/2 je rentre à la maison. La nuit avait été très pénible pour M. Allart. La respiration est de plus en plus difficile. Vers 5h de l'après-midi, M. Allart nous semble si mal que je vais chercher les enfants qui, les uns après les autres pour ne pas l'impressionner, et comme revenant de classe ou du cours, viennent l'embrasser. Nous passons la nuit de samedi à dimanche dans les mêmes conditions que la veille. Les petits frères sont sevrés.

Dimanche 1er Juin

Le matin je conduis les enfants à la messe et ensuite chez leur bon-papa. L'état est toujours le même, faiblesse de plus en plus grande. Nous passons la nuit dans les mêmes conditions que précédemment.

Lundi 2 Juin

Faiblesse de plus en plus grande, cependant la fluxion de poitrine semble diminuer, les crachats sont moins mauvais et moins abondants. A mon retour dans la soirée Sophie me signale un début d'hémorragie. Je vais voir le Dr Vinacle qui prescrit un lavement. J'avais pu décider Sophie à se coucher car elle a déjà passé les six dernières nuits allant et venant dormant seulement quelques minutes sur un fauteuil ou sur une chaise. Mais l'hémorragie s'accentue avec l'apparence la plus inquiétante. A 1h du matin Henriette va chercher le Dr Vinacle et le ramène. A 3h le Dr nous quitte après nous avoir aidé à transporter M. Allart et à le remettre dans son lit qu'on a dû refaire entièrement.

Mardi 3 Juin

Après une nuit horrible qui n'a été qu'une lamentation le pauvre M. Allart meurt à 5h du matin. Je venais à peine de quitter l'appartement pour rentrer à la maison. A peine installé dans mon cabinet j'entends 2 coups de sonnette; c'était la concierge de M. Allart qui venait me prévenir que tout était fini. Sophie était assise près de son père et venait encore de lui parler. Elle lui voit faire un mouvement de la bouche, pousser 2 ou 3 soupirs c'était tout. A 7h je vais chercher les enfants; pauvres enfants, la désolation faisait peine à voir car ils aimaient tous bien leur bon-papa. Suivant la volonté expresse de M. Allart le service se fera uniquement à Arras. Vers la fin de l'après-midi Etienne vient faire la photo de M. Allart.

Mercredi 4 Juin

Je fais un dessin de M. Allart sur son lit de mort. A 8h du soir mise en bière.

Jeudi 5 Juin

A 3h1/2 levée du corps. Je monte dans le fourgon des pompes funèbres avec Charles et nous assistons à la translation du cercueil dans le wagon. A 7h10 départ avec Sophie, Charles, Louise, Henri, Paul, André. Henriette nous accompagne.

Vendredi 6 Juin

A onze heures réunion à la gare. Henri mon frère vient de Rouen assister aux funérailles. Le clergé conduit le corps à St-Sauveur. Après le service, inhumation au cimetière d'Arras.

Samedi 7 Juin

A 8h du matin je quitte Arras. Sophie ne revient avec les enfants et Henriette que le soir à 11h.

Samedi 21 Juin

Départ de la nourrice.

Samedi 5 Juillet

Emile qui depuis plus d'un mois circulait dans l'appartement en s'accrochant aux meubles et aux murs se décide enfin à marcher sans aide à la grande joie des frères et soeur qui poussent des cris d'admiration. Les parents non plus ne sont pas insensibles à ce grand acte.

Dimanche 6 Juillet

Henri fait sa première Communion. Empêché de la faire au mois de mai avec ses camarades à cause de sa scarlatine, sur l'invitation qui nous en a été faite par l'aumônier, il profite de la deuxième communion des premiers communiants. Son camarade Léger, fils de mon ancien camarade barbiste, est dans le même cas. Le soir dînent à la maison: Père, Adèle et ses enfants, Anna et Joseph, Pierre et Jeanne, Etienne et Mathilde, Geneviève et son mari, Pierre Puiseux et Béatrice, ma tante Jannet absente à Fontainebleau.

Lundi 14 Juillet

Eté à la revue avec Charles et Henri. Eté prendre le chemin de fer gare St-Lazare pour Suresnes. Revenus à pied. Dîner chez Père avec Etienne et Mathilde, Geneviève et son mari. Après dîner Adèle et ses enfants, Jeanne et Pierre et leurs enfants viennent passer la soirée et fêter la fête de Père. Nous assistons au feu d'artifice tiré au rond-point du Pont-Neuf.

Samedi 26 Juillet

Nous partons pour les Petites-Dalles en même temps que Jeanne et Geneviève par le train de 7h45 du matin. Nous sommes 25 personnes soit: Jeanne et Pierre avec 5 de leurs enfants et 1 domestique (8); Geneviève avec ses 3 enfants et 1 domestique (5); nous et 3 domestiques (12); Marguerite et son mari les sept enfants et 3 nourrices ou domestiques (12). Soit dans la journée une arrivée de la famille aux Dalles: 37 personnes.

Jeudi 31 Juillet

Je vais à Paris où j'ai rendez-vous avec H. Rousseau. Quitté les Dalles à 5h du matin arrivée à 15h15. Rendez-vous passage Jouffroy avec Henri. Déjeuner au Grand-Hôtel. A 2h rendez-vous d'expertise avenue du Maine. A 4h rendez-vous rue Monge avec Henri. Henri repart le soir même pour Tourcoing.

Vendredi 1er Août

Retour aux Dalles. Départ 1h10 arrivée 7h.

Vendredi 8 Août

Arrivée de Valentine et de ses enfants.

Mercredi 13 Août

Excursion au Havre avec Pierre Petit et son fils Pierre, Joseph, André et Jean Guibert, Henri Deltombe, Charles et Henri. Départ des Dalles à 6h1/2 en omnibus pour Fécamp. 9h départ de Fécamp, arrivée au Havre 11h. A la gare le Commandant du génie Frossard attendait Pierre. Il nous indique l'Hôtel des Négociants rue Corneille où nous descendons. Après-midi visite du Havre avec le Commandant Frossard; je prends plusieurs vues instantanées. Muni d'une lettre d'Henri mon frère, Pierre va voir M. Dormoy chef du pilotage qui lui propose de nous faire faire sur son vapeur une promenade en mer le lendemain matin si le temps le permet. Rendez-vous est pris pour 8h.

Jeudi 14 Août

A 8h tout le monde se trouve au rendez-vous. Depuis la veille la mer est très houleuse. Nous embarquons sur le vapeur de M. Dormoy "I'Eclaireur" et nous sommes fortement secoués. Mais je trouve la sensation délicieuse j'aurais désiré des vagues plus hautes encore. Ce n'était pas l'avis du pauvre Pierre Petit fils qui, après avoir longtemps souffert, rend son déjeuner. Vers la fin de la promenade mon fils Henri, jusque là très gaillard est malade à son tour. Nous débarquons à Honfleur; promenade sur la côte de Grâce. A 11h1/4 nous embarquons sur le François 1er qui fait le service du Havre à Honfleur et nous rentrons au Havre vers midi, tous enchantés, même les malades, de cette délicieuse partie. Après midi visite des Chantiers de Construction de la Méditerranée, promenade à St-Adresse, rentrée au Havre. Départ du Havre à 6h55 rentrée aux Dalles vers 10h1/2.

Lundi 18 Août

Voyage à Paris. Départ à 5h du matin avec Pierre Petit qui arrive à l'expiration de son congé et Ch. Rabut qui retourne à Caen.

Mardi 19 Août

Henri vient passer la journée avec moi pour m'aider de ses conseils dans l'affaire "faillite Reumont-Rex" pour laquelle j'ai reçu une assignation pour le lendemain au Tribunal de Commerce comme héritier de M. Allart. Henri me conduit chez un agréé de sa connaissance M. Magoyhié; comme il est absent jusqu'au lendemain Henri se décide à rester pour l'attendre. Déjeuner avec Pierre et Henri à la maison. Après déjeuner je vais avec Henri voir le syndic de la faillite M. Boussard. Le soir dîner à la maison avec Pierre et Henri.

Mercredi 20 Août

Dans la matinée je vais avec Henri voir M. Magoyhié avec lequel nous avons une longue conférence de laquelle il résulte que l'affaire n'est pas aussi mauvaise qu'elle paraissait d'abord (voir note partic., dossier Reumont-Rex). Déjeuner avec Pierre et Henri au Cercle Militaire. Nous accompagnons Henri à la gare à midi30.

Jeudi 21 Août

Matin courses diverses. Déjeuner avec Pierre au bouillon Duval. Après déjeuner rendez-vous d'expertise, l'un chez moi j'autre à St.-Denis. A 6h45 départ pour Rouen arrivée à 9h30. Je soupe et couche chez Henri.

Vendredi 22 Août

A 10h je quitte Rouen pour les Dalles où j'arrive vers 2h.

Samedi 23 Août

Henri vient passer 2 jours aux Dalles et couche à la maison où Laure est installée depuis plusieurs jours en prévision des couches de sa soeur Louise.

Dimanche 24 Août

Dans la nuit du samedi au dimanche Louise Renard accouche d'une fille. Henri, Laure, Charles Renard, H. et A. Deltombe viennent déjeuner à la maison.

Mardi 26 Août

Père, Laure, Marguerite et son mari, André et Jean Guibert viennent dîner à la maison.

Lundi 1er Septembre

Voyage à Paris. Départ d'Adèle et de ses enfants, de Marguerite, de Geneviève et leurs familles. Adèle va passer le mois de septembre en Bretagne, Marguerite à Aix en Savoie, Geneviève au Mesnil dans la famille de son mari.

Mercredi 3 Septembre

A 6h45 je pars pour Rouen.

Jeudi 4 Septembre

A 3h30 je quitte Rouen pour les Dalles où j'arrive vers 7h. Dîner en famille chez mon père.

Vendredi 5 Septembre

Promenade en famille à Veulettes.

Mardi 16 Septembre

Grande excursion dans les fonds de Bertheauville et Cany.

A 8h du matin partent à pied Henri mon frère, Etienne, Henri et André Deltombe, Henri et Joseph Petit, mon fils Henri et moi. Charles empêché au dernier moment nous rejoint en voiture. Dans le grand break de Capron et la voiture de Mme Cronier prennent place Père, Laure, Jeanne et ses enfants, Pierre, Adèle, Jeanne et Marie, Valentine et ses enfants, Madeleine, Marie, Pauline, Marguerite, Mathilde et ses enfants, Yvonne et Maurice, André Rabut, Sophie et ses enfants, Charles, Louise, Paul et André. Après avoir dépassé Gerponville les piétons vont visiter le trou du Diable pierre druidique (assure-t-on) à 1.500m de Gerponville. Réunion avec ceux des voitures dans les fonds de Bertheauville où nous déjeunons. Après déjeuner été visiter le parc de Cany, photographie du château. Henri nous quitte à Cany pour rentrer à Rouen. Retour aux Dalles; Sophie, Charles, Louise, Henri et moi retournons à pied; arrivons à 8h. Très belle journée.

Jeudi 18 Septembre

Départ de Valentine et de ses enfants.

Samedi 27 Septembre

Départ d'Etienne et de sa famille.

Mardi 30 Septembre

Départ de Père.

Jeudi 21 Octobre

Retour de la famille après une excellente saison passée au bord de la mer aux Petites Dalles. Beau temps presque continu sauf la deuxième moitié du mois d'août qui fut pluvieuse. Arrivée le 26 juillet, départ le 2 Octobre par Cany à 8h du matin. Maman a pris 34 bains, papa 33, Charles 50, Louise 55, Henri 51, Paul 54, André 28. L'année précédente seul Charles savait nager. Au commencement de cette saison Louise et Henri nageaient seulement sur le bord et Paul ne faisait qu'un nombre limité de brassées. Après quelques bains Louise, Henri et Paul se lancent sans aucune peur, suivant les autres en pleine eau et nageant bientôt tout à fait bien, prenant plaisir à se jeter du radeau ou de la girafe. Paul même un peu trop hardi est à surveiller. En résumé Charles, Louise, Henri et Paul sont de bons nageurs. André rechigne toujours un peu à aller à l'eau mais quand il y est se comporte assez bravement. Vers la fin de la saison je lui donne les premières leçons de natation.

Vendredi 3 Octobre

André a les oreillons. Il les a attrapés de sa cousine Marie Petit qui elle-même les tenait des petits Rabut.

Dimanche 5 Octobre

Je conduis Charles, Louise, Henri et Paul au jardin d'acclimatation où nous voyons le spectacle très intéressant d'une troupe de Somalis.

Mardi 7 Octobre

Rentrée au lycée 2h1/2. Charles entre en 2ème avec M. Marcou, Henri en 5ème avec M. Merlin, Paul en 7ème avec M. Ozenfant. André étant revenu des Petites Dalles avec les oreillons garde encore la chambre.

Lundi 13 Octobre

André entre au lycée dans la classe de primaire avec M. Amadieu, professeur. Je le conduis avec sa maman. A onze heures nous allons le chercher en grande pompe, sa maman, Louise, Henri, Paul et moi. Il parait très satisfait de sa première classe.

Jeudi 23 Octobre

Mariage de Paul Devisme à St-Roch.

Vendredi 24 Octobre

Départ pour St Brieuc par le train de 7h30 du matin, arrivée à 6h, dîner chez M. Maignan.

Samedi 25 Octobre

Travaillé le matin avec M. Maignan. Déjeuner chez lui. Visite à l'évêque, Mgr Fallières, aux Courcoux et aux Marquisan. Le soir dîner avec M. Maignan à l'évêché.

Vendredi 31 Octobre

Eté passer la journée à Arras. Parti de Paris à 8h du matin rentré à 11h du soir.

Samedi 1er Novembre

Henri et Laure venus pour trois jours à Paris viennent déjeuner avec nous.

Dimanche 2 Novembre

Henri Rousseau vient à Paris voir sa maison. Il déjeune avec nous. Nous passons l'après-midi sur le chantier rue Lagrange. Le soir je dîne à l'Institut avec Sophie et les enfants. Charles, Louise, Henri et Paul (André est un peu souffrant) et Henri et Laure, Adèle et ses enfants et Geneviève.

Vendredi 7 Novembre

André premier en calcul. Classe de M. Amadieu, Lycée Louis le Grand Primaire B. Les enfants prennent leur première leçon de dessin avec Mlle Moreau.

Dimanche 9 Novembre

Eté avec Sophie et les enfants à l'Exposition du Palais de l'Industrie. Ensuite visite avec, Charles à M. Evelart que nous ne rencontrons pas.

Jeudi 13 Novembre

Georges Leviez vient passer la journée à Paris pour faire à l'Enregistrement la déclaration de succession de M. Allart.

Mardi 25 Novembre

Enlèvement du mobilier de M. Allart et transport au chemin de fer pour les Petites Dalles par Cany.

Vendredi 28 Novembre

Voyage à Rouen et aux Petites Dalles pour le transport du mobilier de M. Allart. A 1h départ pour Rouen. Je passe la fin de la journée avec Henri et Laure et couche chez eux. Froid intense, le thermomètre marque à Rouen 1°.

Samedi 29 Novembre

Départ de Rouen à 6h55 du matin, arrivée à Cany à 9h20. Le déchargement du wagon de mobilier commencé avant mon arrivée n'est terminé qu'à 11h. Il est chargé sur 2 charrettes envoyées par Vézier. Je quitte alors la gare de Cany et arrive aux Dalles à midi et 1/2. Le mobilier arrive vers 3h. On commence à le monter à la maison vers 4h. Ce travail est terminé à 7h. La journée a été froide mais assez belle, la neige couvre toute la campagne.

Dimanche 30 Novembre

De bon matin je vais mettre un peu d'ordre dans le mobilier, rentré un peu précipitamment la veille, à la lumière. Je quitte les Dalles à 5h, je me rends à Cany en tilbury. Belle soirée, ciel étoilé mais froid très vif. Arrivé à Paris à 11h30 et à la maison vers minuit où je trouve Sophie m'attendant avec un souper. J'étais mort de froid et, n'ayant pas dîné, en assez bel appétit.

Dimanche 14 Décembre

Premiers essais de patinage des enfants: à 1h1/2 je vais à St-Mandé avec Louise, Henri et Paul; Charles avait préféré rester à la maison pour préparer une composition. Nous mettons tous des patins et passons deux bonnes heures par une belle journée sur le lac de St-Mandé. Au bout de très peu de temps les enfants arrivent à se tenir assez bien et se lancent assez hardiment. Vers 4h1/2 nous quittons le lac, enchantés de notre après-midi. Nous devions aller au Bois de Boulogne, Jeanne nous ayant invités à déjeuner, mais les devoirs des enfants les avaient empêchés d'être libres assez tôt. Le soir nous dînons tous à l'Institut avec Adèle et ses enfants, Anna et Joseph, Etienne et Mathilde, Geneviève et Charles, Henri Petit.

Mardi 16 Décembre

Matin été avec Louise patiner à St Mandé.

Jeudi 18 Décembre

Eté avec Charles, Louise Henri et Paul patiner à St Mandé. Charles faisait ses premiers essais; après quelques minutes d'incertitude et de soutien il partit avec une certaine hardiesse et à la fin de cette première séance il allait assez bien. En somme tous les quatre sont aujourd'hui débrouillés; ils n'auront plus qu'à se perfectionner. Le soir nous dînons tous chez Geneviève.

Jeudi 25 Décembre

Après midi été avec Charles, Louise, Henri, Paul et André patiner sur le lac du Montsouris. Nous y rencontrons Père. Les enfants commencent à patiner assez bien. André prend grand plaisir à courir, à glisser sur la glace et à remorquer ses frères et soeur.

Pour leur petit Noël les enfants ont eu:

Charles: canif, pochette à crayons, porte-plume, crayons, porte-fusain , paquet de bonbons, oranges.

Henri idem.

Louise: encre de Chine liquide, gomme à crayons, porte-fusain, paquet de bonbons, orange.

Paul: porte-monnaie, petite boîte en cuir bouilli, porte-plume, crayons, porte-fusain, paquet de bonbon, oranges.

Emile: poupée, bêtes en bois, paquet de bonbon.

Georges idem.

Et pour tout le monde des brioches au déjeuner.

Dimanche 28 Décembre

Matin été voir Jeanne à Passy, ramené H. et J. Petit et H. Deltombe pour déjeuner avec nous et aller patiner à Montsouris après déjeuner. Sur la glace les enfants font de rapides progrès. Vers 3h Sophie vient nous rejoindre avec les petits frères à Montsouris. Henri et Laure viennent passer quelques jours à Paris. Après dîner je vais avec Sophie les voir à l'Institut où dînent également Adèle et ses enfants, Jeanne et Pierre et leurs enfants.

Mardi 30 Décembre

Père, Henri et Laure, Jeanne et Pierre et petite Marie viennent déjeuner à la maison. Vacances du Jour de l'An. Sortie du lycée à 4h. Sitôt rentrés Henri et Paul prennent leurs patins et courent au Luxembourg patiner quelques instants avant la fermeture du jardin.