1886

 

 

Vendredi 1er Janvier

Le matin avec tous les enfants chez M. Allart puis à l'Institut. Après déjeuner chez ma tante Jannet, chez Béatrice et à la Visitation. Puis nous rentrons à la maison. Je ne fais aucune autre visite. Nous recevons la visite de Pierre Puiseux, d'Adèle et de ses enfants.

Dimanche 3 Janvier

Pierre Petit vient déjeuner avec nous. L'après-midi je vais avec Sophie faire visite à M. Questel et à Mme Olléris.

Vendredi 8 Janvier

A 8h du matin je pars pour les Petites Dalles; à la gare de Rouen je vois Henri et Laure. Henri m'accompagne ainsi que M. Peltier. La neige commence à tomber abondamment. D'Yvetot une voiture à trois chevaux nous conduit aux Dalles. Henri descend chez moi; malgré le feu que nous entretenons dans la cheminée il ne fait pas chaud. Chez M. Peltier les plâtres sont commencés, les tourelles sont achevées. On s'occupe des charpentes extérieures, fermes et balcons. A en croire Henri l'effet général est très satisfaisant.

Samedi 9 Janvier

A 4h de l'après-midi nous quittons les Dalles par la voiture qui nous a amenés la veille. Nous arrivons à Rouen à 8h3O. Je m'arrête à Rouen.

Dimanche 10 Janvier

Je quitte Rouen à 8h1/2 le matin et arrive à Paris à 11h15.

Jeudi 14 Janvier

Une expression de Paul: La patète au Père Buzeaud pour la casquette du Père Bugeaud.

Vendredi 15 Janvier

Charles dixième en composition de mathématiques. Il eut été premier lui dit son professeur s'il n avait pas oublié une question. Le pauvre garçon en était désolé. Sa composition n'avait pas de fautes et cette question qu'il avait oublié de traiter était la plus facile: l'énoncé (66,6x1000) se trouvait écrit à la suite d'un autre énoncé et il n'y avait pas pris garde.

Dimanche 17 Janvier

Je conduis Charles à Buzenval (anniversaire de la bataille du 19 Janvier 71). Départ de Paris 1h1/2 gare St Lazare pour Rueil; nombreuses sociétés de tir et de gymnastique, musiques et fanfares. Arrivés devant la mairie de Rueil devant laquelle se forme le cortège. Nous remarquons la présence de plusieurs drapeaux rouges. Paul Déroulède déclare que la Ligue des Patriotes ne reconnaît d'autre drapeau que le drapeau national, le drapeau tricolore, et qu'il ne se mêlera pas à une manifestation à la remorque de l'emblème révolutionnaire. La Ligue suit son président et avec nous plusieurs sociétés et musiques. Nous nous rendons directement au cimetière pendant que le cortège officiel monte au monument. Belle et patriotique allocution de Paul Déroulède et Sabatier, Alsacien-Lorrain. En sortant du cimetière nous nous rendons au monument. En route, marchant près de Déroulède je lui présente Charles "petit-fils d'un historien de Jeanne d'Arc" - accueil très cordial. Paul Déroulède me rappelle qu'il se trouvait à Veules lors du sauvetage de la famille Bayard par Père et Etienne. Nous arrivons au monument à la nuit tombante. L'effet est grandiose: dans le lointain sur un ciel rosé les collines d'Argenteuil et Sannois et à droite Montmartre et Paris. Au second plan le mont Valérien dans sa masse imposante, au premier plan le monument couvert de couronnes déjà déposées entouré de drapeaux tricolores qui s'inclinent lorsque les sociétés de tir présentent les armes et que les musiques jouent. Puis Paul Déroulède, tête nue, devant tous les assistants également découverts, Paul Déroulède adossé au monument et prononçant ces belles et fières paroles dont l'auteur de Chants du Soldat et l'apôtre de l'amour de la Patrie possède si bien le secret... Tout le monde est puissamment ému et là comme au cimetière je vois mon petit Charles battre des mains à ces mâles et patriotiques accents. Ce brave petit homme est enchanté de sa journée, il ne tarit pas de paroles d'admiration pour Paul Déroulède "comme il parle bien", marche au son de la musique, des tambours et des clairons. Cela l'a électrisé aussi. Il revient tout joyeux. En route il me dit: Papa je voudrais bien être soldat. Mais c'est pendant le dîner que son enthousiasme ne connait plus de bornes. Il s'emballe absolument! Admiration pour Paul Déroulède et la Ligue des Patriotes, indignation presque farouche contre les révolutionnaires et le drapeau rouge... et il faut voir les frères et soeur ébahis et qui surenchérissent encore après leur aîné.

Lundi 18 Janvier

Eté à Rambouillet avec M. Vaudrénu et Lalanne prêter serment devant le Président du Tribunal pour une expertise. Nous déjeunons avec Arthur Lambert à l'Hôtel de La Croix Blanche et rentrons à Paris par le train de 2h. Le soir à 8h conseil de la Société Centrale lecture de mon rapport de fin d'année comme Secrétaire Principal. Au sortir de la Société je vais à la réunion de la Ligue des Patriotes, organisation d'une section économique chargée d'étudier tout ce qui a rapport au Commerce et à l'industrie.

Jeudi 21 Janvier

Je dîne avec Sophie chez M. et Mme Renard. Après dîner on fait de la musique.

Mardi 26 Janvier

Charles quatrième en Allemand. Le pauvre garçon en recopiant sa composition avait passé 2 mots; sans cette étourderie lui dit son professeur, il était premier. Le premier avait fait 6 fautes lui n'en avait fait que 3. Voilà la deuxième fois dans le même mois qu'il manque ainsi la place de premier. Il eut été 3 fois de suite premier: récitation, mathématiques, allemand.

Vendredi 29 Janvier

Charles huitième en lecture.

Samedi 30 Janvier

St Charlemagne. A 8h1/2 du matin je conduis Charles au grand Lycée Louis le Grand pour le banquet de la St Charlemagne. Spectacle amusant de voir tous les petits conduits par leurs parents et d'entendre les recommandations des mamans: ne mange pas trop, ne bois pas trop, tiens-toi bien, mets bien ta serviette, ne mets pas les doigts dans ton nez, etc... Lorsque le petit bataillon des petits, dont quelques uns auraient pu porter encore la robe, défila dans la cour ce fut une explosion de cris un vrai succès de la part des grands. Et il y avait de quoi, rien n'était drôle comme ces gamins défilant fièrement.

Lundi 1er Février

A partir des premiers jours de février Sophie commence à donner à Paul assez régulièrement des leçons de lecture et d'écriture. André dit Maman, mais se refuse obstinément à dire Papa. Il sait parfaitement répondre non ou plutôt nain! nain! avec un petit air très décidé, très volontaire et en frappant du pied de la façon la plus sérieuse ce qui est d'un comique achevé. Dieu, le gentil petit homme!

Mercredi 3 Février

Henri et Laure viennent passer quelques jours à Paris, jusqu'à lundi matin. Le matin ils vont avec Père et Sophie chez Mme Delaborde où ils entendent Mme Tardieu. Je les rejoins vers 11h en sortant d'une séance du Conseil de la Société Centrale.

Jeudi 4 Février

Dîner chez ma tante Jannet avec Henri et Laure, Père, Adèle, Geneviève et son mari.

Dimanche 7 Février

Père, Henri et Laure, Henri et Aristide Guibert, M. Allart viennent déjeuner avec nous. Après déjeuner promenade au Luxembourg. Nous rentrons bientôt à cause du froid et nous faisons un whist, Laure, Henri Sophie et moi.

Vote pour un conseiller municipal. Je vote pour Gaston Carte républicain. G. Carle est élu contre son concurrent républicain radical.

Le soir dîner chez Mme Dupont avec sa famille et Père, Adèle et ses enfants, Geneviève et son mari, Mme Cronier.

Vendredi 12 Février

Charles seixème en histoire et géographie.

61ème dîner de la Charette chez Notta; étaient présents: Lalanne, Héneux, Raulin, Nénot, Flachiron, Deslignères, Santon.

Samedi 13 Février

A 8h du matin départ pour les Dalles par Yvetot. A la gare de Rouen je vois M. Peltier, Henri et Laure.

Lundi 15 Février

à 8h du matin je quitte les Dalles pour Cany. Arrivé à Rouen à midi16. Après midi je vais voir M. Peltier et les Renard. Je rentre à Paris le soir après dîner, à minuit.

Mardi 16 Février

Henri vient passer la journée à Paris ayant rendez-vous avec M. Léderlin, Directeur de la maison Thaon des Vosges.

Il déjeune avec nous.

Jeudi 18 Février

Je loue le cinquième étage de ma maison rue Feydeau à M. et Mme Singer.

Vendredi 16 Février

Charles onzième en Histoire Naturelle. Sa composition n'était pas mauvaise et nous avions les plus grandes espérances.

Mercredi 3 Mars

Enterrement de M. Tournain à l'église St Etienne du Mont.

L'après-midi nous conduisons Henri à la Belle Jardinière. En route notre gros garçon d'ordinaire très bavard ne dit pas un mot. Au moment d'entrer dans le magasin il se plaint d'être indisposé; mal au ventre puis mal au coeur. Nous le décidons à entrer pour le faire asseoir, sa mine devient tout à fait mauvaise, les commis s'empressent autour de lui, on apporte de l'eau sucrée et de l'eau de mélisse. Le pauvre enfant souffre toujours et se plaint, demandant à rentrer au plus vite. Je vais chercher une voiture. Quand je revins il avait abondamment vomi. Mais ce qui est plus grave, en rentrant sa maman s'aperçoit que sa hernie était sortie. Depuis le milieu de décembre nous n'avions plus cru devoir lui remettre son bandage qui le gênait et que nous considérions comme inutile le croyant complètement guéri. Sophie va avec Henri chez le bandagiste Wickaum qui prépare un bandage beaucoup plus fort que l'ancien et lui recommande expressément de ne jamais laisser l'enfant sans ce bandage, de lui retirer seulement la nuit. Henri devra conserver son bandage jusqu'à l'âge de 15 ans environ.

Vendredi 5 mars

Charles neuvème en Français.

Samedi 6 Mars

Jeanne vient passer quelques jours à Paris avec petit Pierre et Joseph. Nous la voyons le soir chez ma tante Jannet où nous allons passer la soirée.

Lundi 8 Mars

Père, Jeanne, Adèle et ses enfants, M. et Mme de la Gillardaie et Geneviève dînent à la maison.

Charles éprouve un peu de malaise depuis le matin: maux de tête et étourdissements. Il se couche au moment du dîner.

Mardi 9 Mars (Mardi-Gras)

Nous dînons à l'Institut avec tous les enfants sauf André; Adèle et ses enfants, Jeanne et deux de ses garçons, Etienne et Mathilde, Geneviève et son mari, M. et Mme de la Gilardaie. Charles va mieux et se décide à nous accompagner.

Vendredi 12 Mars

A 8h je pars pour les Petites Dalles par Yvetot. Je vois Henri à la gare de Rouen. Temps splendide mais qui continue à être très froid. La campagne est encore couverte de la neige tombée depuis plusieurs jours déjà.

Samedi 13 Mars

Belle journée, soleil splendide mais froid très vif. Il y a toujours de la neige dans notre jardin. Même au soleil elle ne fond pas. Chez M. Peltier les plâtriers on dû abandonner leur travail. Sans la dureté de cette température tout à fait exceptionnelle les plâtres seraient terminés.

Dimanche 14 Mars

Je quitte les Dalles à 9h1/2 du matin, déjeune à Yvetot, prends le train de 1h13 et rentre à Paris à 4h35.

Lundi 15 Mars

Atteint d'une forte grippe que j'ai dû attraper dans ce voyage aux Dalles je suis obligé de me coucher avant la fin de la journée.

Jeudi 18 Mars

Je dîne avec Sophie chez M. Questel avec M. Bailly, M. Poulin directeur des Bâtiments Civils, M. et Mme Lesoufachi, M. et Mme Ancelet, M. et Mme Maillot, MM Normand et Paul Soudille et la famille de M. Questel, MM. et Mmes Daumet et Gion. Après-midi avait lieu une assemblée générale de la Société. Je prends très énergiquement la défense de la candidature Sanboeuf.

Vendredi 19 Mars

Je vais au Palais, appelé par une lettre du Secrétaire de M. le Président Aubépin au sujet d'une affaire Dupin. Dans la matinée je vais avec Sophie à St Sulpice au service de la petite fille de M. Alpy décédée à l'âge de 1 mois. J'attrape froid à l'église; déjà mal portant et grippé, je suis obligé de prendre le lit vers la fin de l'après-midi.

Dimanche 21 Mars

Depuis mon retour des Dalles je suis souffrant; pendant toute la semaine je n'ai pu sortir que rarement rentrant toujours très fatigué surtout vendredi matin après le service à St Sulpice de la petite fille de M. et Mme Alpy. Je suis obligé de renoncer à accompagner chez les Pignon où nous sommes invités à déjeuner Sophie et les enfants.

Mercredi 24 Mars

Je conduis Sophie à I'Opéra-Comique entendre Roméo et Juliette que Sophie ne connaissait pas encore. Sophie revient enchantée, moi aussi bien que j'ai bien mai entendu; ma malheureuse infirmité m'empèchait de saisir toutes les finesses de cette délicieuse et émouvante musique. J'ai si souvent autrefois entendu Roméo que j'en connaissais jusqu'au moindre accord. Je jouissais. Je vivais de souvenirs et même lorsque l'oreille ne percevait plus aucun son la phrase s'achevait en moi. Je ne cessais guère d'être à la musique. N'importe, c'est bien triste! triste pour moi, triste pour les autres et surtout pour ma pauvre Sophie à qui je voudrais éviter mes plaintes continuelles. Je n'ai pas encore pu en prendre mon parti.

Dimanche 28 Mars

Dans la matinée je vais avec Père, Etienne, Charles Rivière et Henri Guibert au Laboratoire de M. Pasteur à l'Ecole Normale pour assister aux inoculations contre la rage. Des personnes de tous âges, des deux sexes, de toutes conditions, de tous pays viennent se faire traiter. L'entrée des 19 Russes mordus par un loup enragé est particulièrement touchante. Chacun des Russes en entrant s'incline devant M. Pasteur lui saisit la main et la baise, mêmes marques de reconnaissance et de respect en sortant. Un Arabe envoyé par sa commune arrive au Laboratoire en descendant du Chemin de Fer. Il tient à la main son panier et une lettre d'introduction. M. Pasteur a beaucoup de peine à se faire comprendre de lui et après l'inoculation pensant que cet homme peut être sans ressources il écrit au dos d'une note d'hôtel de la rue Gay-Lussac: "bon pour logement et nourriture 4F50", signé Pasteur. M. Pasteur glisse dans la main de certains indigents en traitement quelques pièces de monnaie à la sortie de son cabinet, donne des bombons aux enfants On les console quand ils ont peur et qu'ils crient. Ce qu'il y a de remarquable et touchant, c'est la simplicité avec laquelle tout se passe. M. Pasteur debout près de la porte de son cabinet fait lui-même l'appel des séries, le Dr Grancher est assis près de la table où sont posées les fioles. Un des préparateurs rempli chaque fois la seringue et un autre préparateur aide la personne en traitemnmt à mettre à découvert la partie du corps à inoculer, le flanc ou le ventre. L'opération ne doit occasionner aucune souffrance; seuls certains enfants poussent des hurlements de frayeur et on est obligé de se mettre à deux pour les tenir, les pauvres bébés.

Commencée à 11h la séance était terminée vers midi après plus de 100 inoculations. M. Pasteur me disait avoir déjà dépassé le chiffre de 600 personnes en traitement.

Mardi 30 Mars

Charles compose en Allemand, premier.

Vendredi 2 Avril

Charles compose en Récitation, premier.

Vendredi 9 Avril

Charles compose en Lecture, cinquième.

Samedi 10 Avril

Charles fait une chute sur la tête au Lycée à la suite d'une séance photographique. Il tombe d'une hauteur d'environ 1m50 à la renverse. Conduit aussitôt à l'infirmerie il y est pansé; le sang coulait assez abondamment. On lui fait prendre un verre de rhum, nous dit-il en rentrant. C'était de l'arnica car il embaumait l'arnica. On lui offrit de le reconduire chez ses parents mais il préféra rentrer à la leçon de catéchisme qu'il dut bientôt quitter, souffrant trop. Nous le faisons coucher et le gardons au lit toute l'après-midi.

Dimanche 11 Avril

Charles ne se ressent presque plus de sa chute de la veille. Le soir Père et M. Allart viennent dîner avec nous.

Vendredi 16 Avril

Pierre Petit vient déjeuner avec nous. Après déjeuner nous allons Pierre, Sophie et moi au musée du Luxembourg et à l'exposition des oeuvres de P. Baudry à l'Ecole des Beaux-Arts.

Mercredi 28 Avril

Départ pour les Dalles à 8h du matin. J'emmène avec moi Charles pour le récompenser de ses deux dernières places de premier en Allemand et Récitation et de ses bonnes notes au Lycée. Etienne nous accompagne. A la gare de Rouen Henri, Laure et Mme Cronier se joignent à nous. Arrivés à Yvetot vers midi nous sommes aux Dalles à 2h3/4. Le temps qui depuis 8 jours est splendide et chaud commence à changer le soir de notre arrivée. Etienne couche à la maison et nous prenons tous nos repas chez Mme Cronier.

Jeudi 29 Avril

La journée est très froide et brumeuse.

Vendredi 30 Avril

Le temps se remet mais reste froid. Dans la matinée Etienne prend plusieurs photos de la maison Peltier. M. Peltier, aux Dalles depuis 8 jours avec sa famille, retourne dans la matinée à Rouen. Après midi promenade à St Pierre en Port avec Henri, Etienne et Charles.

Samedi 1er Mai

Le temps est beau mais frais. Dans la matinée Etienne prend plusieurs vues. Après midi promenade à St Martin avec Laure, Henri, Etienne et Charles. Au retour à 7h, Charles se plaint d'être un peu souffrant et me demande à se coucher au lieu d'aller dîner chez Mme Cronier. J'attribue ce malaise à une petite indigestion. Je lui donne de la camomille et il s'endort aussitôt couché et passe une excellente nuit. Henri et Etienne viennent me retrouver après leur dîner et faire une partie de whist.

Dimanche 2 Mai

Charles complètement remis de son petit malaise. Henri, Etienne, Charles et moi montons à Sassetot pour la messe de 8h. Temps splendide toujours un peu frais. Après le déjeuner promenade avec Mme Cronier, Laure, Henri, Etienne, Charles et moi à la Croix de St Louis. Je commence un dessin avec Etienne et Charles.

Lundi 3 Mai

A 4h40 du matin lever. A 5h Etienne, Charles et moi quittons les Dalles pour aller prendre le train à Yvetot 7h45. Nous sommes à 11h15 à Paris.

Mardi 4 Mai

Nous recevons une dépêche nous annonçant la naissance de Jacques Rabut.

Lundi 10 Mai

Dîner Questel, Pascal.

Jeudi 13 Mai

Naissance de la petite fille de Geneviève (Pauline).

Première Communion de Charles.

A 7h30 du matin je conduis Charles au grand Lycée. A 7h1/2 je vais avec Sophie, Louise et Père assister à la cérémonie de la Première Communion et de la Confirmation. Il y a environ 60 premiers communiants. Les enfants se rendent ensuite au réfectoire et les parents sont admis à aller les voir de 11h à 1h pendant la récréation qui précède les Vêpres. Nous allons voir Charles avec Louise, Henri et Paul de 11h à midi et allons ensuite déjeuner chez M. Allart qui veut bien se charger de promener les enfants l'après-midi. Sophie et moi allons aux Vêpres. Charles qui avait été désigné avec quatre de ses camarades pour lire tout haut le matin chacun un acte ou une prière reçoit après les félicitations de l'Aumonier sur la manière dont il avait lu et est chargé avec un autre de ses camarades d'aller près de l'autel pendant les Vêpres faire une nouvelle lecture. Après les Vêpres nous allons voir Marie à la Visitation. Le soir Père, M. Allart, Mme Dupont, Adèle, Anna, Etienne et Mathilde, ma tante Jannet viennent dîner avec nous. Geneviève devait venir avec son mari mais elle est prise depuis le matin des douleurs de l'accouchement et vers 8h du soir elle met au monde une petite fille, Pauline. Charles reçoit pour sa Première Communion de fort jolis cadeaux entre autres une montre en argent de son Bon-Papa Wallon; sa joie en recevant cette montre!!!

Dimanche 16 Mai

Charles dîne le soir à l'Institut avec ses cousins Guibert, Mme Dupont, M. et Mme Renard, Adèle, Etienne et Mathilde, ma tante Jannet, Pierre et Béatrice. Je vais le soir avec Sophie le rechercher.

Mercredi 19 Mai

Henri et Laure viennent passer quelques jours à Paris. Ils dînent à la maison avec Père.

Jeudi 20 Mai

Nous dînons à l'Institut avec Henri, Laure, Adèle et tous nos enfants sauf -André.

Samedi 22 Mai

Je vais à Pontoise avec M. Baillargeau, ami de M. Renard, pour donner mon avis dans une question de construction. Départ de Paris à 8h48. Je déjeune à Pontoise chez mon camarade Lebas architecte de M. Baillargeau. Après déjeuner je prends le train pour Auvers/Oise où j'ai une expertise. Rentré à Paris vers 6h.

Dimanche 23 Mai

Après midi nous allons avec les enfants voir Marie Guibert à Conflans. André reste avec sa bonne qui doit le conduire au Luxembourg à son réveil. A notre retour vers 5h1/2 nous ne trouvons pas André au Luxembourg. Nous rentrons à la maison, pas d'André. 6h, 6h1/2, 7h se passent, personne! Nous commençons à être très inquiets. Je vais poster une dépêche pour Adèle chez qui nous devions aller dîner pour l'avertir de ce qui se passe. A leur tour les enfants sont saisis d'inquiétude et sont au désespoir, les pauvres petits, surtout ce brave Charles qui est affolé pleure et sanglote et qui, croyant avoir vu son frère passer sur le boulevard dans les bras d'un homme, descend, me rejoint sur le trottoir où j'attendais et m'entraîne presqu'en courant jusqu'aux quais. Enfin à 7h25 Thérèse (la bonne) rentre avec André; elle s'était laissée entraîner à donner un pas de conduite à une payse et avait oublié l'heure. En rentrant avec Charles nous apprenons qu'ils viennent d'arriver. A 8h nous nous rendons chez Adèle avec les enfants comme c'était promis. Nous arrivons à 8h1/2. Nous nous croisons sans nous voir avec Henri qui au reçu de la dépêche s'était empressé de venir à la maison.

Lundi 31 Mai

Banquet offert à M. Ch. Garnier à l'Hôtel Continental par la Société Centrale à propos de la médaille d'or décernée par la reine Victoria. 89 convives, Père était du nombre.

Jeudi 3 Juin (Ascension)

Nous allons déjeuner à Sceaux chez Mme Dupont avec tous les enfants. En descendant de wagon la domestique Thérèse tombe tenant André dans ses bras et s'étale tout de son long ayant l'enfant sous elle. Je relève l'enfant qui pousse des cris et que je ne parviens pas à consoler; j'essaie de le reposer à terre, nouveaux cris. Arrivés chez Mme Dupont nous le couchons et il s'endort. A son réveil je m'aperçois que sa jambe droite est exceptionnellement enflée et déformée. Un médecin appelé en toute hâte constate que la jambe est cassée vers le tiers au dessus de la cheville. Peut-être le tibia et le péroné sont-ils tous deux cassés mais il ne veut pas s'en assurer ce qui serait inutile pour l'instant et ferait souffrir l'enfant. Il fait un pansement provisoire et nous repartons pour Paris par le train de 4h1/2.

Vendredi 4 Juin

La nuit n'a pas été bonne. L'enfant a beaucoup souffert. M. le Dr Hutinel que j'avais prévenu la veille par dépêche nous conseille de faire soigner la jambe par un chirurgien et nous conseille M. Monod que nous connaissions déjà l'ayant eu autrefois comme médecin pour les enfants lorsqu'il demeurait rue des Ecoles. Dans la journée André est très gai mais n'a pas d'appétit.

Samedi 5 Juin

Dès le matin après une nuit qui n'a pas été meilleure que la précédente, André a beaucoup de fièvre et une diarrhée presque continue. Le Dr Monod vient vers midi; sans nier la cassure il ne constate cependant rien d'anormal. Peut-être depuis le temps écoulé depuis le premier pansement s'est-il déjà formé une petite soudure ce dont il n'aura garde de s'assurer. Il constate seulement que la jambe est bien en place et repose un nouveau bandage. Il constate chez l'enfant 40° de fièvre et nous dit d'appeler le Dr Hutinel si la fièvre et la diarrhée continuent. A moins de complications il ne reviendra que dans 8 jours. La diarrhée continue affreuse et fréquente; j'envoie une dépêche au Dr Hutinel. Vers 6h il nous répond par dépêche qu'obligé de partir une consultation aux environs de Paris il ne pourra venir que le lendemain matin et nous donne l'adresse d'un de ses amis le Dr Capitan demeurant dans notre quartier 5 rue des Ursulines. Je prends à 7h la température de l'enfant qui est encore d'au moins 40° et cours alors chercher le Docteur. Il n'est pas chez lui mais vient à 9h du soir. Il nous rassure ne voyant rien qui puisse faire croire à une maladie en germe. Cette fièvre et cette diarrhée proviendraient de la révolution causée par la chute et l'accident. Père passe la soirée avec nous.

Dimanche 6 Juin

La nuit a été très bonne, la diarrhée parait s'être arrêtée mais le pauvre enfant, qui était dans l'épanouissement de la plus belle santé au moment de sa chute, est maintenant complètement changé; sa petite figure pâlotte fait peine à voir. Dans la matinée je reçois une lettre de Fontainebleau m'annonçant la naissance d'un petit garçon chez Jeanne: Jean. A midi je vais à St Germain des Près à l'enterrement de Brune décédé le 4 juin.

Lundi 7 Juin

Ouverture du Congrès des Architectes.

Samedi 12 Juin

Congrès - Séance de récompenses - Banquet.

Dimanche 13 Juin

Je pars aux Dalles par le train de 8h du matin. Mme. Cronier, Henri, Laure, Louise et son mari y sont depuis la veille.

Mardi 15 Juin

Je quitte les Dalles à 4h1/2. J'arrive à Paris le soir à 11h1/2.

Samedi 18 Juin

Nous recevons une dépêche de Fontainebleau nous annonçant la mort du dernier enfant de Jeanne, Jean, né le 5 Juin.

Dimanche 20 Juin

Je vais avec Père, Adèle, Etienne et Charles Rivière à l'enterrement du petit garçon de Jeanne à Fontainebleau.

Samedi 26 Juin

M. le Dr Monod vient enlever à petit André la bande qui entourait sa jambe. Il constate que la jambe est complètement remise et que l'on peut poser l'enfant sur ses pieds. Mais le pauvre petit a complètement perdu l'usage de ses jambes et ne peut se tenir debout. Il essaie de les faire aller mais avec des mouvements brusques et saccadés qui paraissent l'étonner lui-même et il se laisse glisser comme un chiffon dans les bras qui le tiennent.

Dimanche 27 Juin

André fait sa première sortie dans sa petite voiture: nous le conduisons au Luxembourg.

Lundi 28 Juin

Nous achetons à André un petit fauteuil pour qu'il puisse s'habituer à être assis avec les pieds par terre et se disposer à marcher.

Samedi 3 Juillet

André recommence à marcher seul; depuis quelques jours il marchait en se tenant aux chaises.

Dimanche 4 Juillet

Je fais sortir pour la première fois le camarade de Charles, Henri Petit élève interne au lycée Louis le Grand, 7ème A. Dans la matinée je vais avec Charles Henri et Henri Petit à Vincennes voir la rentrée des deux régiments d'artillerie de retour du Tonkin. Une voiture nous conduit Place Daumesnil puis dans le Bois de Vincennes à St Mandé et jusqu'à l'entrée de Vincennes. Il est onze heures nous rentrons à Paris pour déjeuner. Fête très touchante, les soldats défilent avec des fleurs à leurs baïonnettes sous une pluie de fleurs. Dans les rues de St Mandé et de Vincennes ces deux communes sont brillamment pavoisées, de beaux arcs de triomphe sont dressés en maints endroits, l'enthousiasme et l'émotion sont des plus grands... Depuis longtemps nous n'avions vu nos soldats avec des fleurs aux baïonnettes. L'après-midi nous allons avec Sophie et tous les enfants au Luxembourg. A 9h du soir je reconduis Petit au Lycée.

Jeudi 9 Juillet

Marie Guibert prononce ses voeux, Couvent du Sacré-Coeur.

Je vais pour la journée à Colombes pour les travaux de la ferme de M. Corne. Rentré à 9h25 du soir je pars à 11h10 pour les Dalles par Yvetot.

Vendredi 9 Juillet

Arrivé à 3h3O à Yvetot, à 6h45 aux Dalles.

Samedi 10 Juillet

Je déjeune chez M. Masson installé aux Dalles depuis 8 jours. Je quitte les Dalles à 4h3O par Cany. J'arrive à 11h10 à Paris.

Mardi 13 Juillet

Je vais avec Sophie et Charles à l'enterrement de Mlle Renard à St Séverin, Cimetière Montparnasse. Nous recevons la visite de Pierre Petit. Décret d'expulsion du Duc d'Aumale en réponse à sa lettre du 11 au Président de la République.

Mercredi 14 Juillet

Charles va passer la journée du mercredi et du jeudi à Brie Comte Robert dans la famille de son camarade Petit. Après-midi je vais à la revue à Longchamp. Troupes retour du Tonkin.

Jeudi 15 Juillet

Charles revient à 2h de Brie. Le soir nous dînons en famille chez Père, ma tante Jannet, Adèle, Anna, Joseph, André et Jean Etienne et Mathilde, Geneviève et son mari, Sophie et moi et tous les enfants sauf André.

Dimanche 18 Juillet

Je fais sortir le camarade de Charles H. Petit. Dans la matinée je conduis les enfants, Charles, Henri, Paul et H. Petit au Bois de Boulogne. En voiture jusqu'à la Porte Dauphine nous traversons le bois à pied jusqu'à Suresnes où nous prenons le bateau. Nous rentrons déjeuner à midi1/2. J'apprends, par Reboul qui la veille a plaidé mon affaire de la rue Feydeau c/Patry, que le Tribunal (7ème chambre) ne se sentant pas suffisamment renseigné nomme 3 experts pour avoir leur avis: MM. Petit de Villeneuve, Gion et Lalanne.

Vendredi 30 Juillet

Départ pour les Dalles, de la maison à 9h50 du soir, de la gare à 11h10. Pierre Petit amène à la gare Adèle et Jeanne.

Samedi 31 Juillet

Arrivée à Yvetot 3h50 du matin, aux Dalles 7h1/4. Père arrive à 2h. Visite à Mmes Dupont et Cronier. Père dîne à la maison.

Dimanche 1er Août

Etienne arrive par Dieppe de son excursion avec M. Dupont en Angleterre.

Jeudi 5 Août

Arrivée de Geneviève 7h du soir.

Vendredi 6 Août

Arrivée de Valentine et de ses enfants 7/h du matin.

Samedi 7 Août

Arrivée d'Henri et Laure aux Dalles.

Dimanche 15 Août

Tournade sa femme et leur petite fille viennent déjeuner avec nous aux Dalles; Henri et Laure et Etienne sont des nôtres.

Lundi 16 Août

Je pars pour Paris 9h1/2.

Mardi 17 Août

Rendez-vous d'expertise. Le soir je dîne chez Tournade.

Mercredi 18 Août

Midi 45, départ pour les Dalles.

Dimanche 22 Août

Nous allons passer la soirée chez Père où dîne Mme Cronier.

Mardi 24 Août

Dîner à la maison: famille Dupont, les Renard, Père, Geneviève et son mari.

Mercredi 25 Août

Soirée chez M. Masson. Pièce traduite de l'anglais, jouée par Mlle Masson, M. Erskine, Pierre Bardy et Etienne. Danses.

Jeudi 26 Août

Soirée chez Mme Dupont; feu d'artifice. Etienne et M. Renard jouent les Deux Aveugles d'Offenbach. Danses.

Vendredi 27 Août

Dépêche de Jeanne annonçant que la veille petit Pierre s'est cassé la jambe en jouant dans le jardin à Fontainebleau - quatrième accident.

Samedi 28 Août

Soirée à la maison; charades et danses.

1ère charade: Mercure 1/ Maire 2/ Cure.

2ème charade: Champêtre 1/Chant 2/Paître.

1ère charade: Etienne, Maire. Ch. Rivière, Instituteur. Pierre Bardy, Mandarin chinois. Scène de distribution de prix: tous les enfants figurants. 2/ Cure: Scène entre 3 médecins, Ch. Rivière, P. Bardy, Etienne; les enfants figurent les malades. 3/ Mercure: petite scène jouée (très bien jouée) par Louise et Charles. Dialogue entre La Rissoli et Merlin de Boursault.

2ème charade: 1/ Chant, scène: deux soldats à la cantine; vieux marin retraité (moi) raconte la bataille de Navarin, les jurons de Cadillac; puis les chants recommencent. 2/ Paître, vieux pâtre (moi), petit pâtre (Charles); scène de bandits et de gendarmes (costumes de gendarmes faits par Ch. Rivière et admirablement réussis). 3/ Champêtre, fête champêtre, ronde de tous les enfants, tombola.

Après les charades bien qu'il commence à se faire tard 11h1/2 on danse un peu jusqu'à minuit. Nous étions, compris enfants, 58 personnes.

Mardi 31 Août

A Paris centenaire de M. Chevreul. Henri et Laure repartent pour Rouen et doivent le samedi suivant entreprendre un voyage en Suisse.

Jeudi 2 Septembre

Dîner chez Valentine avec les enfants.

Samedi 4 Septembre

Excursion à Dieppe sur un bateau appartenant à M. Bressan. J'y vais avec Charles, Madeleine et Henri Deltombe et Etienne. Départ vers 8h du matin, arrivée à Dieppe vers midi, retour à 2h1/2, arrivée aux Dalles à 6h.

Lundi 6 Septembre

Valentine et ses enfants viennent dîner à la maison.

Mardi 7 Septembre

Geneviève et son mari quittent les Dalles à 9h du matin.

Au moment de mon départ, 9h1/2, Henri s'amusant avec les autres enfants à grimper après l'escalier de M. Peltier tombe d'une hauteur de 1m50 environ et parait souffrir beaucoup de sa chute. Très inquiet, arrivé à Sassetot, j'envoie une dépêche à Sophie pour lui demander de me répondre en gare de Cany et de me renseigner exactement sur l'état d'Henri. Avant de prendre mon billet pour Paris je vais au bureau du télégraphe et quelques instants après arrive la dépêche disant: "Henri bien, dort, seulement grande secousse". Rassuré je me décide à partir. J'arrive à Paris à 4h35.

Mercredi 8 Septembre

Divers rendez-vous le matin à mon cabinet. Après-midi rendez-vous affaire Trimoulet. Une lettre très détaillée de Sophie achève de me rassurer sur la chute d'Henri. A 7h du soir arrivée de M. Allart aux Dalles.

Jeudi 9 Septembre

Je quitte Paris à 7h45 du matin, arrivée à Cany midi 27. Je gagne les Dalles à pied. Le soir dîner chez Père avec Mme Cronier, Mme Blockmann, Mme Dupont, Mathilde, Etienne, Marguerite et son mari, M. Allart, Sophie et moi. Henri souffre toujours un peu de sa chute mais il n'y a rien d'inquiétant.

Vendredi 10 Septembre

Après midi pêche aux équilles sur le sable à marée basse avec les enfants. En 1h nous en prenons environ 190. Henri pêche avec nous et ne se ressent plus du tout de sa chute.

Samedi 11 Septembre

Nous dînons chez Marguerite avec tous les enfants, M. Allart, Père et Mme Blockmann. Après dîner soirée chez Mme Erskine-Masson. Musique et danse.

Lundi 13 Septembre

M. Simonet, Henri Chaine, Père, Mme Blockmann, Marguerite et son mari, Valentine, Henri Deltombe et Adèle Petit viennent dîner à la maison. Dessin aquarelle avec Henri Chaine et Etienne sous la falaise côté St Martin.

Mardi 14 Septembre

Dîner chez Valentine avec Père, M. Allart, les enfants, Marguerite et son mari. Dessin aquarelle avec Henri Chaine et Etienne.

Mercredi 15 Septembre

Aquarelle avec Henri Chaine et Mme Bardy et Etienne.

Mardi 21 Septembre

Départ pour Paris 9h1/2, arrivée à Paris 4h1/2.

Mercredi 22 Septembre

Rendez-vous d'expertise le matin à mon cabinet, sur place l'après-midi. Le soir après dîner je monte voir M. Allart qui avait quitté les Dalles le matin.

Jeudi 23 Septembre

A 7h45 retour aux Dalles. A la gare de Rouen Laure me rejoint et nous allons ensemble aux Dalles où nous arrivons vers 2h. Fête de Sassetot avec Sophie pour conduire les enfants à la fête, soit 12 enfants: 6 garçons, 6 petites filles.

Samedi 25 Septembre

Père, Valentine avec Madeleine, Henri et Marie (Henri arrivé de l'après-midi) et Laure, Mme Cronier, Mme et Mlle Grisier viennent dîner à la maison.

Dimanche 26 Septembre

Promenade à Veulette avec Valentine et ses enfants, Père, Henri et Laure et nos enfants. Dîner chez Mme Cronier avec Mme Dupont, Etienne, Mathilde, Père, Valentine et Madeleine.

Lundi 27 Septembre

Etienne fait la photographie de nos enfants et de nous en groupe et des enfants, Henri Deltombe, André Deltombe, Charles et Paul déguisés en gendarmes. Costumes de la charade. Henri et Laure retournent à Rouen.

Mardi 28 Septembre

Charles a 11 ans.

Mercredi 29 Septembre

Départ d'Etienne et de Mathilde dans la matinée. Adèle et Jeanne Petit retournent avec Père.

Jeudi 30 Septembre

A 5h départ de Valentine et de ses enfants.

Vendredi 1er Octobre

Nous prenons notre dernier bain par un temps splendide.

Tableau des bains :

Maman

38 bains

Papa

35

Charles

39

Louise

42

Henri

38

Paul

33

André

17

Dans l'après-midi nous faisons faire notre photographie en groupe, les enfants et nous dans notre jardin par un photographe, Marius, qui s'était installé aux Dalles pendant la saison.

Samedi 2 Octobre

Le matin départ de Mme Dupont qui emmène le camarade de Charles, Henri Petit.

A 4h de l'après-midi nous quittons les Dalles par un temps magnifique. La saison a été généralement belle et le mois de septembre à part 2 ou 3 jours pluvieux et froids a été superbe, comme rarement on le voit. Le mois d'Octobre s'annonce également comme fort beau et, n'était le lycée, on prolongerait volontiers le séjour au bord de la mer. Arrivée à Yvetot à 7h25, arrivée à Paris 11h3O, à la maison à minuit1/2. Bagages, 16 colis 44OKg.; accord 240Kg, taxé 220Kg, soit 16F20 de supplément. Nous n'avons rien envoyé par petite vitesse emportant tout avec nous. Les enfants ont été très sages pendant le voyage, mais petit André surtout, d'une sagesse exemplaire, adorable, ne causant aucune fatigue, dormant, se réveillant, ne se plaignant jamais, toujours de belle humeur à son réveil. Nous nous couchons, Sophie et moi, à 2h1/2 du matin.

Lundi 4 Octobre

L'après-midi nous allons avec Charles et Henri faire visite à leurs professeurs MM. Adhémar et Barot que nous ne rencontrons pas.

Mardi 5 Octobre

Rentrée des classes. Henri entre au Lycée.

A 2h1/2 nous allons avec tous les enfants faire la conduite à Charles et à Henri. Charles entre en 6ème A avec M. Adhémar, Henri entre en 8ème préparatoire A avec M. Barot.

Le soir nous dînons à l'Institut avec tous les enfants et Henri et Laure arrivés dans la journée pour passer 3 jours à Paris.

Mercredi 6 Octobre

Henri prend un goût extrême au Lycée. Le retour des classes est pour nous un véritable amusement tellement ce brave garçon nous raconte avec force détails sa bonne humeur et son sérieux imperturbable tout ce qui se passe en classe.

Vendredi 8 Octobre

65ème dîner de la Charrette. Etaient présents: Raulin, Nénot, Flachiron, Notta, Glaize, Chaine, Papinot, Deslignères, Pray et moi.

Samedi 9 Octobre

Charles huitième en orthographe sur 35.

Lundi 11 Octobre

Henri nous revient du Lycée avec une place de 26ème sur 33 - composition d'orthographe. Il nous annonce cette place du ton le plus naturel presqu'avec une nuance de satisfaction. Comme sa Maman lui fait remarquer que c'est une très mauvaise place "Mais Maman nous sommes 33!". Je crois qu'il était fier surtout d'avoir une place, de compter, d'être quelque chose, d'être lycéen.

Samedi 16 Octobre

Je vais avec Sophie à l'enterrement de Mlle Angélique Fernet. Lundi précédent 11 Octobre nous enterrions une de ses soeurs et 3 jours avant avait lieu l'enterrement de la plus jeune. Toute la famille Fernet était revenue depuis quelques jours de Pierrefonds, où elle était allée passer ses vacances, atteinte, des premiers symptômes de la fièvre typhoïde. Père, Mère, 3 filles sur 4 et les deux domestiques furent atteints. Le père et la mère furent gravement malades mais sont aujourd'hui hors de danger. Les trois jeunes filles et une domestique succombèrent. Il y a un an environ l'aînée des jeunes filles, mariée à mon ancien camarade Godin, mourait des suites de couches. M. et Mme Fernet avaient 5 filles; une seule, Mlle Marguerite, leur reste.

A 6h je vais à la gare du Nord saluer à son arrivée à Paris Paul Déroulède, président de la Ligue des Patriotes de retour d'un voyage de 7 mois à travers l'Europe, prêchant une véritable croisade en faveur de la France mais avec la discrétion à laquelle on est forcément tenu. Ovation faite par la Ligue des Patriotes à l'arrivée.

Pierre Petit de passage à Paris vient dîner avec nous.

Dimanche 17 Octobre

Nous dînons à l'Institut avec Adèle et ses enfants, Etienne et Mathilde, Geneviève et son mari, ma tante Jannet, Pierre Petit et son fils Henri. Les enfants vont dîner chez leur Bon-Papa Allart.

Mardi 26 Octobre

Eté dans la soirée visiter le cercle des maçons et tailleurs de pierre, rue des Chantiers, avec M. Duvert.

Mercredi 27 Octobre

Vers la fin de l'après-midi j'étais dans la salle à manger à travailler avec les enfants, Charles et Henri, lorsque nous entendons des cris déchirants. Sophie, Louise et Paul accouraient effarés; Paul a avalé une bille! Paul a avalé une bille!!! Paul, la figure bouleversée, criait plus fort que les autres. Tremblant de tous mes membres en entendant ces cris je croyais à un malheur... une mort... un enfant tombé par la fenêtre. En une seconde les plus affreuse pensées me venaient pêle-mêle à l'esprit. Jamais je n'ai eu si peur! Nous demandons à Paul: "Souffre-tu? - Non, j'ai peur". Nous l'apaisons en le rassurant, tout en le grondant. Ses cris nous montraient au moins que la bille ne s'était pas arrêtée en chemin. Nous n'avions qu'à attendre le lendemain la sortie de l'objet, de l'intrus.

Jeudi 28 Octobre

Paul rend sa bille dans l'après-midi.

Première réunion de la nouvelle expertise affaire Patry; Lalanne, Gion et Petit de Villeneuve experts.

Jeudi 4 Novembre

Je vais au mariage de Nénot à St Vincent de Paul. Nénot épouse Mlle Isabelle Mathias, fille du chef de la traction au chemin de fer du Nord.

Samedi 6 Novembre

Charles premier en Allemand.

Dimanche 7 Novembre

Nous faisons sortir le camarade de Charles, Henri Petit. Après-midi nous allons au Trocadéro avec les enfants, sauf André.

Lundi 8 Novembre

Je dîne avec Sophie chez ma tante Jannet avec Père, Adèle, Anna, Aristide, M. Puiseux, Pierre et Béatrice, André Puiseux, Louis Boutan.

Mardi 9 Novembre

Election préparatoire à la Société Centrale. Je suis proposé pour être maintenu en fonction comme secrétaire principal par 61 voix sur 62 votants.

Mercredi 10 Novembre

Je vais au mariage de Constant Bernard.

Jeudi 11 Novembre

Mort de Paul Bert, Résident Général au Tonkin.

Vendredi 12 Novembre

Charles 25ème et dernier en version latine.

Dimanche 14 Novembre

Je vais à l'hippodrome. Concours annuel des Sociétés de Gymnastique de la Seine. Présidence du Général Boulanger, Ministre de la Guerre.

Samedi 20 Novembre

Première leçon d'écriture. M. Mouhier Professeur du Lycée Louis le Grand. Charles, Henri et Paul prennent la leçon.

Mercredi 1er Décembre

Sophie très souffrante de fièvre et de mal de gorge est obligée de se coucher une partie de l'après-midi. Charles rentré souffrant du lycée dans la matinée prend le lit.

Jeudi 2 Décembre

Je dîne chez Geneviève avec Père, Adèle Anna et Aristide; Sophie toujours souffrante ne peut m'accompagner. Louise est prise à son tour de mal de tête et de fièvre et reste couchée toute la journée.

Vendredi 3 Décembre

Je vais passer la journée à Lille au sujet du concours ouvert pour la construction d'une mairie à La Madeleine, faubourg de Lille. Je pars à 8h du matin, arrive à Lille à midi10, repars de Lille à 7h du soir et rentre à Paris à 11h. Louise encore souffrante ne peut aller à son cours. Dans la soirée Père vient nous annoncer le mariage de Jeanne Chevau avec M. le Comte de Mimerel. Le mariage aura lieu le 15 Janvier.

Dimanche 5 Décembre

Elections à la Société Centrale. Je suis réélu Secrétaire Principal par 100 voix sur 104 votants dont 1 bulletin blanc qui est mon vote.

Lundi 6 Décembre

Henri est souffrant à son tour. Nous le gardons à la maison le matin. Il retourne le soir au lycée. Depuis deux ou trois jours André se décide enfin à dire quelques mots.

Mardi 7 Décembre

A son réveil Paul se plaint beaucoup de souffrir des dents, de la gorge et de la tête; nous le maintenons couché dans la matinée. Henri est troisième en Allemand sur 19. André fait des progrès considérables; il ne dit plus guère son "hein" qui exprimait tout, il s'efforce de répéter tous les mots qu'on lui dit. Au milieu de toutes les petites indispositions qui atteignent ses frères et soeur le cher petit homme conserve sa santé. Il est frais comme rose et toujours de belle humeur, le petit diable, quand il ne se précipite pas d'un air furieux sur ses frères et soeur pour les taper voire même son papa et sa maman. Il est alors d'un comique achevé et appelle tout le monde "Vilain! Vilain!".

Mercredi 8 Décembre

La cuisinière Jeanne dès le matin paraît très souffrante et remonte se coucher. Dans la soirée sur le conseil de Sophie elle descend prendre un bain de pieds mais elle se trouve mal. Nous la faisons coucher dans la salle à manger.

Jeudi 9 Décembre

Dans la matinée j'envoie une dépêche au Dr Hutinel pour le prier de venir voir notre domestique. M. Hutinel empêché de venir je fais prévenir le Dr Capitan qui me conseille d'envoyer le lendemain matin la domestique à l'Hôtel-Dieu. Ce ne sera peut-être qu'une forte grippe mais peut-être y a t-il un syndrome de fièvre typhoïde.

Vendredi 10 Décembre

Dîner de la Charrette: étaient présents Lalanne, Flachiron, Pray, Chaine, Héneux, Ewald, Papinot, Tournade, Gillet, Glaize et moi.

Dans l'après-midi Sophie sort pour la première fois avec Louise pour aller au Cours de Mme Raffy. Je promène une heure au Luxembourg Paul et André. La cuisinière était partie le matin à l'hôpital.

Samedi 11 Décembre

Henri se plaint de maux de tête dans la matinée. Nous le gardons à la maison.

Vendredi 17 Décembre

Henri dont l'indisposition n'a été qu'une grippe retourne au lycée après une absence d'une semaine. Souffrant depuis 2 ou 3 jours des yeux je vais voir le Dr Capitan qui constate une légère conjonctivite et m'ordonne de me baigner les yeux fréquemment à l'eau très chaude et de me mettre matin et soir dans l'oeil une dissolution de sulfate de cuivre. Cette petite opération n'a rien de bien récréatif, brûlures très vives à croire qu'on vous a jeté un cornet de poivre dans l'oeil. Nous recevons dans la journée la visite de Mme Cronier.

Samedi 18 Décembre

Henri et Laure viennent passer 3 jours à Paris. Ils viennent déjeuner avec nous.

Dimanche 19 Décembre

Nous dînons à l'Institut, Sophie et moi, avec Henri, Laure, Mme Cronier, Adèle et ses enfants, Geneviève et son mari. Les enfants vont dîner chez leur bon-papa Allart sauf André et ce pauvre Charles que nous sommes obligés de punir d'une façon un peu sévère, un peu trop sévère peut-être pour n'avoir pas terminé ses devoirs. Le pauvre enfant en prend assez courageusement son parti. En rentrant nous trouvons dans notre chambre une lettre dans laquelle il supplie sa Maman d'aller le réveiller le lendemain entre 5 et 6h pour qu'il puisse apprendre ses leçons.

Lundi 20 Décembre

Henri et Laure retournent le soir à Rouen. Je dîne avec eux chez Adèle avec Père, Mme Cronier, Etienne et Mathilde.

Vendredi 24 Décembre

Charles compose en récitation, il est premier sur 27 élèves. Le soir je vais avec Sophie à l'Institut pour voir Jeanne arrivée dans la journée de Fontainebleau avec petit Pierre. Nous apprenons que Père vient d'être nommé Commandeur de la Légion d'Honneur sur la proposition du grand Chancelier de l'ordre.

Samedi 25 Décembre

Etienne vient m'annoncer dans la matinée la naissance d'une petite fille: Mathilde est accouchée à 7h du matin.

Dimanche 26 Décembre

J'assiste dans l'après-midi avec M. Bailly Président de la S.C., M. Hermant et P. Sédille, vices-présidents, à la distribution des médailles des Chambres syndicales du bâtiment. La séance est présidée par M. Locroy, Ministre du Commerce et de l'Industrie, et le soir, au banquet de l'Hôtel Continental avec M. Hermant et P. Sédille; 300 convives environ. Comme Secrétaire principal de la Société je suis placé le 3ème à la gauche du Président du banquet, M. Mozet.

Mercredi 29 Décembre

A la suite d'une séance de Commission de la Société Centrale M. Bailly, Président, me prend à part et me dit: J'ai vu aujourd'hui M. votre Père, je l'ai complimenté sur sa nouvelle promotion dans la Légion d'Honneur (Commandeur) et lui ai annoncé... mais je préfère ne pas vous le dire; recommandez seulement à M. votre Père de voir le Directeur des Beaux-Arts, M. Kaempfer ou de lui écrire, n'est-ce pas, n'oubliez pas... - parfaitement M. le Président. - Puis changeant d'avis, M. Bailly revint vers moi et me dit: "Tenez, j'aime mieux vous le dire, eh bien, j'ai annoncé à M. votre Père que je vous avais proposé pour la Palme d'Officier d'Instruction Publique - (épatement de ma part). M. Kaempfer m'a déclaré que cela ne souffrirait pas de difficultés, "mais c'est égal, il est plus sûr que M. votre Père suive l'affaire". Je témoigne à M. Bailly tout mon étonnement, ma confusion et ma reconnaissance. Il me répond des choses on ne peut plus gracieuses sur mes travaux comme secrétaire à la Société Centrale. Le soir j'allais dîner chez ma tante Jannet avec Sophie. Je vois Père et ne lui souffle pas un mot de la chose. Lui du reste ne me parla pas de la conversation de M. Bailly.

Jeudi 30 Décembre

Jeanne qui était venue passer quelques jours à Paris avec petit Pierre retourne à Fontainebleau emmenant son fils Henri en congé du jour de l'An.

Vendredi 31 Décembre

Matin visite au bureau de la Société chez M. Bailly, Président. Au retour, vers midi à la maison Sophie et les enfants accourent au devant de moi et me font un succès, ils me montrent sur la table de mon cabinet les insignes d'Officier d'Instruction Publique posés sur le Journal Officiel tout ouvert. Père était venu dans la matinée après avoir lu ma nomination dans l'Officiel et m'apportait sa propre rosette. Les enfants étaient dans la jubilation, Charles et Louise surtout très fiers, la maman très contente.

Sans m'illusionner sur la valeur de la distinction qui m'était décernée ou plutôt sur la valeur que je devais lui attribuer dans l'espèce, étant nommé directement Officier d'Instruction Publique sans passer par le titre inférieur d'Officier d'Académie, lorsque tant d'autre, Professeurs, Instituteurs, Hommes de Lettres, etc... l'attendent encore. Cette distinction m'était donnée complètement à mon insu et sans que Père ait fait la moindre démarche malgré la demande de M. Bailly. J'en suis néanmoins très heureux, très heureux surtout en pensant à la joie des enfants.