1884

 

 

Mardi 1er Janvier

Matin visite avec les quatre enfants à M. Allart puis à l'Institut à Père ou nous trouvons Adèle et ses enfants, Etienne et Mathilde. Après déjeuner été avec les 3 aînés chez ma tante Jannet, chez Pierre Puiseux, à la Visitation voir Marie, chez M. Corne. Je quitte ensuite Sophie qui va faire visite avec les enfants à Mme Cazaux et vais déposer des cartes et faire des visite: Cartes chez Malassez, Harpignies, Ecole des Beaux Arts, visite à Mme Delisle à la bibliothèque nationale, à Mme Dupont rue Prony, je ne la rencontre pas, à Mme Lalanne rue Fortuny que je ne rencontre pas. Je rentre, vers 6h1/2 à la maison éreinté. M. Allart vient dîner avec nous; après dîner nous faisons avec Charles une partie de loto Histoire de France, étrennes de sa tante Marguerite Rabut.

Samedi 5 Janvier

Eté avec Sophie à l'Ecole des Beaux Arts voir l'exposition de Manet. Affluence considérable. Le soir Père vient nous voir avec Geneviève et Charles Rabut pour deux jours à Paris. Charles vient d'être détaché à la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest.

Dimanche 6 Janvier

Après midi nous conduisons les enfants avec leur bonne Boebchen au Jardin des Plantes, nous entrons dans la rotonde de l'éléphant et dans le palais des singes. Les enfants ont un grand plaisir. La journée est superbe et les chers petits en profitent bien en prenant leurs ébats dans le jardin. Je dîne avec Sophie chez Adèle en compagnie de M. et Mme de la Gillardaie, Père et Geneviève, Charles Rabut, ma tante Jannet, Mme Dupont, Mme Renard et Mathilde (Mr Renard et Etienne sont à la chasse). Le soir la cousine Devisme avec sa fille Mme Lacollonge et son fils Paul, Pierre Barbedienne et André viennent nous rejoindre. On fait de la musique.

Jeudi 10 Janvier

Profitant d'une bonne invitation de Malassez qui a à sa disposition la loge de son oncle Lavallard nous allons avec Sophie , Père et moi avec Malassez et Mme Malassez entendre aux Français le mariage forcé de Molière et l'Oedipe roi de Sophocle admirablement interprétés par Mounet Sully.

Samedi 12 Janvier

Dîner de l'Intim Club chez Magny, étaient présents Raulin, Etienne, Flachiron, Tournade, Notta, Pray, Deslignères, Héneux et moi.

Dimanche 13 Janvier

Dans l'après-midi je conduis Charles au Conservatoire des Arts et Métiers. Le soir je dîne avec Sophie chez Mme Dupont avec la famille Renard, la famille Bertron, Père, Geneviève, Adèle et quatre de ses enfants: Henri, Marie, Anna et Joseph.

Lundi 14 Janvier

Je vais passer la journée à Fontainebleau; après déjeuner je monte avec Pierre à cheval pendant 2 heures, nous allons à la "Gorge aux loups". Au retour vers 3h nous nous promenons avec Jeanne dans la jardin réservé du Carrousel. Je rentre à Paris après dîner.

Mardi 15 Janvier

Henri et Laure viennent passer la journée à Paris, je vais au devant d'eux à la gare. Après déjeuner Henri et Laure viennent nous voir, je les accompagne chez Gustave Desbanne et ensuite chez Adèle.

Mercredi 16 Janvier

Eté le soir chez ma tante Jannet

Dimanche 20 Janvier

Eté avec Sophie et M. Allart au "Français" entendre Ruy-Blas. Notre voisin Mounet Sully nous envoie une loge de rez-de-chaussée au moment où nous nous mettons à table. Mounet Sully joue Ruy-Blas, Coquelin don César de Bazan, Vernon don Salluste.

Un trait de caractère de Charles; dans l'après-midi au Luxembourg Charles jouant avec ses frères et soeur avait mérité une petite punition; nous achetons des gaufres pour les trois enfants lui en était privé. A la fin de la promenade au moment de les quitter pour aller faire une visite nous donnâmes de quoi acheter des marrons; Charles comme aîné fut chargé de l'achat. A notre retour à la maison Louise nous apprit que Charles avait acheté les marrons les avait épluchés distribués fait 3 parts se faisant un cas de conscience d'en manger un seul se croyant encore puni, et pourtant il les aime bien le bon et brave garçon! C'est un exemple entre mille de la droiture et de la conscience de ce cher enfant. Si je cite et note celui-ci c'est que le temps me permet aujourd'hui de l'écrire sur ce petit livre que j'aurais voulu plus complet et où je ne fais que rarement et au hasard qu'inscrire quelques souvenirs souvent les moins importants.

Lundi 21 Janvier

Père, Geneviève, Henri et Laure, arrivés l'après midi de Rouen pour passer quelques jours à Paris. Adèle et ses 2 filles, Charles Rabut de passage à Paris, ma tante Jannet, Pierre Puiseux et sa femme, André Puiseux, Pierre Petit de passage à Paris, viennent dîner à la maison. Le soir viennent Malassez et Mme Malassez, Henri Chaine. On fait de la musique.

Mardi 22 Janvier

Le matin Pierre Petit vient me voir, je l'accompagne jusque chez le Général Hallier où il déjeune. Il repart l'après-midi pour Fontainebleau. Le soir Henri, Laure et Geneviève viennent passer quelques moments avec nous.

Mercredi 23 Janvier

Le soir nous allons chez ma tante Jannet. Adèle, Marie, Henri, Père, Geneviève y sont. Laure vient nous y retrouver; Henri trop fatigué rentre à l'Institut après avoir conduit sa femme chez ma tante.

Jeudi 24 Janvier

Mr le docteur Hutinel que nous faisons venir pour voir les enfants qui tous les quatre ont une éruption appelée "impétigo" ordonne une purgation et des pommades pour les boutons, huile de foie de morue et sirop antiscorbutique. Pour mieux soigner les boutons qui sont sur la tête il nous conseille de faire tomber toutes les petites chevelures. L'après midi un coiffeur vient les tondre les uns après les autres. Comme Charles et Louise ne vont plus en pension depuis plusieurs jours à cause de cette petite éruption et qu'ils n'y retourneront pas de quelque temps je demande à M. Boutan de vouloir bien nous indiquer un instituteur qui viendrait les faire travailler. Le matin je me lève vers 6h pour aller dire adieu à Henri et l'accompagner jusqu'à la gare d'Orléans. Il doit passer la journée à Orléans et rentrer le soir à Rouen. Laure y rentre en même temps que lui quittant Paris à 6h.

Vendredi 25 Janvier

Nous purgeons avec de l'huile de ricin nos quatre petits tondus.

Samedi 26 Janvier

Dans la nuit de Samedi à Dimanche une violente tempête sévit sur toute la France. A notre réveil Dimanche nous voyons des arbres renversés au Luxembourg. Nombreux accidents soit à Paris soit en province surtout sur mer. Les fils télégraphiques presque partout rompus et Paris pendant un jour privé presque complètement de communications.

Dimanche 27 Janvier

Dans l'après midi je vais voir Chapu que je rencontre près de son atelier. Il a reçu comme moi de l'Evêque une lettre lui notifiant le choix que la commission du tombeau de Mgr David avait fait de lui comme statuaire. A 8h du soir je pars pour St Brieuc.

Lundi 28 Janvier

Arrivé à St Brieuc à 6h1/2 à je me rends à l'Hôtel de la Croix Blanche puis à 8h chez M. Maignan et M. Courcoux à l'Evêché où je vois l'Evêque prêt à partir dans quelques heures pour Paris et de là pour Rome. Il est très aimable mais me parle de toute autre chose que du tombeau de son prédécesseur; il met une mauvaise volonté évidente à la bonne réussite de ce projet. Déjeuner chez M. Maignan; après midi été au greffe du tribunal civil et aux archives départementales pour prendre certains renseignements que m'a demandés Père sur les Tribunaux révolutionnaires. Visite au curé de St Michel que je ne rencontre pas. Dîner avec M. Courcoux chez M. Maignan.

Mardi 29 Janvier

A 9h1/2 départ pour le Val André en voiture avec M. Maignan, petite plage naissante sur la baie de St Brieuc en face de St Quay. Arrivée vers midi, déjeuner, retour à St Brieuc vers 5h. Visite chez Mme Courcoux. Dîner chez M. Maignan avec le curé de St Michel.

Mercredi 30 Janvier

Visite avec M. Courcoux chez M. le Général Marquisan que je ne rencontre pas, puis chez M. Foucaud. En arrivant chez M. Marquisan vers 11h je trouve une dépêche de Sophie s'informant de ce que j'étais devenu. Par suite d'un malentendu elle comptait me voir de retour dans la nuit de Mardi à Mercredi. Inquiète de ne pas me voir elle envoie dans la matinée chez Père à l'Institut. Mariette va à la gare s'informer et s'assurer qu'il n'est arrivé aucun accident sur la ligne. Au moment où Mariette rapporte ces nouvelles rassurantes à Sophie, on apporte les lettres et dans les lettres s'en trouve une de moi. J'emmène M. Courcoux, M. Maignan et M. Robillard déjeuner avec moi au buffet et à Midi 13 je reprends la route de Paris où j'arrive à 11h35.

Samedi 2 Février

Qu'est-ce qu'un animal? "un animal, répond le gros Henri, "est un petit enfant méchant". Attrape Papa, voilà ce que c'est que les enfants terribles. C'est assez dire que tu emploies quelque fois ce qualificatif vis à vis de ces beaux petits êtres quand tu es en colère.

Dimanche 3 Février

Je vais avec Sophie faire visite à M. Questel. Les enfants que nous avons laissés au Luxembourg rencontrent leur bon-papa Wallon qui les emmène visiter le Sénat et se restaurer à la buvette. Louise oublie son fouet et son sabot au Sénat; on ne se rappelle plus si c'est sur le fauteuil du Président ou sur la table de la buvette, je crois plutôt que c'est à la buvette. Au retour grande discussion pour savoir si le sabot sera rendu; "Ce seraient des sans-coeur, dit le gros Henri, si ils ne le rendaient pas"...

Jeudi 7 Février

Je vais à l'Hôtel Drouot à la vente de la succession de M. Lesueur, Architecte membre de l'Institut. Malheureusement tous les dessins ont déjà été vendus quelques jours avant et faute de publicité je ne l'ai pas su. Il ne reste plus que quelques tableaux, la plupart sans valeur, et le mobilier. J'achète une restauration du forum de Pompéi par M. Lesueur 8Fr, un petit paysage à l'huile (de Burette 1886) 11Fr, je pousse jusqu'à 35OFr une très jolie esquisse peinte de Müller représentant un des plafonds de l'ancien Hôtel de Ville, mais quelqu'un pousse sur moi avec un tel acharnement que je renonce à l'avoir. Cette esquisse de Müller était la seule toile de valeur de l'exposition. Je vois vendre, oh honte! la croix d'officier de la Légion d'Honneur du père Lesueur, la famille présente à la vente fait vendre jusqu'aux objets les plus intimes. (voir ma lettre à Mr. Hénard copie de lettre pages 23-24).

Dimanche 10 Février

Nous dînons à l'Institut avec M. Allart , Mme Dupont, M. et Mme Renard, Etienne, Mathilde, Marie Guibert, Anna et Henri; Adèle vient nous rejoindre le soir.

Mardi 12 Février

Mariage de Mlle Gabrielle Boutan avec M. J. Deleury, ingénieur civil à St Sulpice. Charles et Henri ont les oreillons, Charles paraît en souffrir plus particulièrement.

Mercredi 13 Février

Je vais le soir avec Sophie chez Béatrice (Puiseux). (la domestique de ma tante Jannet étant malade la soirée se passe chez Béatrice).

Dimanche 17 Février

Charles a toujours la joue très gonflée et garde encore la chambrer. La journée est splendide les autres enfants vont au Luxembourg, nous restons avec Charles; je lui apprends à faire du filet, il y a grand plaisir et s'en tire assez bien tout seul dès la première leçon.

Jeudi 21 Février

M. François Coppée est élu à l'Académie Française par 24 voix en remplacement de M. de Laprade.

M. de Lesseps est élu en remplacement de M. Henri Martin par 22 voix contre 10 bulletins blancs et 1 voix égarée. Père avait retiré sa candidature. Son élection était certaine et à une très forte majorité lorsque 15 jours avant M. Pailleron eut l'idée de lancer la candidature de M. de Lesseps. M. de Lesseps pour ainsi dire forcé se laisse faire ignorant alors comme il est venu le dire lui-même à Père dans la suite, que Père fut candidat. Malgré les assurances qui lui avaient été données par la plupart de ses collègues de l'Académie dont plusieurs s'engageaient à lui donner leur première voix (ce qui, si Père les avait crus, lui eut assuré tout compte fait la majorité au premier tour) Père refusa la lutte; secrétaire perpétuel de son Académie un échec lui eut été trop pénible.

Vendredi 22 Février

Henri et Laure viennent à Paris pour y passer quelques jours.

Samedi 23 Février

Henri, Laure, Père, Geneviève et Pierre Petit viennent dîner à la maison. Le soir viennent ma tante Jannet et André, M. et Mme Malassez, Adèle et sa fille Marie, Mr Mme Pignon et leur fille Louise depuis quelques jours à Paris.

Dimanche 24 Février

La journée est pluvieuse nous allons l'après-midi avec les enfants au Musée de Cluny. Le soir nous dînons à l'Institut avec Henri, Laure, Etienne et Mathilde, Adèle et ses enfants.

Lundi 23 Février

Henri et Laure repartent dans la soirée pour Rouen.

Mardi 26 Février (Mardi-Gras)

Il pleut toute la journée et les pauvres enfants qui se promettaient beaucoup de plaisir gardent l'appartement. Nous les distrayons en les costumant et en les faisant danser. Vers 5h la pluie ayant cessé je les emmène sur le boulevard, nous descendons jusqu'à la place du Châtelet. Ils prennent plaisir à voir passer les quelques masques que le mauvais temps n'avait pas effrayés. Le soir je vais avec Sophie chez Béatrice.

Mercredi 27 Février

Dans la matinée je reçois la visite de l'Evêque de St Brieuc, Mgr Bouché, de retour de Rome. Après midi je vais voir M. Pignon.

Adèle et sa fille Marie partent pour Douai de là elles doivent aller à Valenciennes et à Amiens leur absence sera de 4 ou 5 jours.

Vendredi 29 Février

Très intéressante conférence de la Société Centrale par M. Durand-Claye, ingénieur en chef de la ville de Paris Professeur à l'Ecole des Beaux Arts, sur "le nouveau programme de l'assainissement de Paris". La conférence a lieu dans la salle de la Société de Chirurgie, 3 rue de l'Abbaye. Plus de cent personnes y assistent. Après avoir ouvert la séance en présentant Mr. Durand-Claye et après avoir lu le compte-rendu de la précédente conférence "Etude sur l'architecture indienne par G. Hénard" je donne la parole à M. Durand-Claye. Père, M. Allart, Malassez assistent à la séance.

Samedi 1er Mars

Marguerite vient passer quelques jours à Paris, son mari l'accompagne mais retourne à Caen le surlendemain.

Lundi 3 Mars

Charles se fait arracher par le dentiste une deuxième grosse dent.

Jeudi 6 Mars

Jeanne vient passer quelques jours à Paris avec son fils Joseph.

Vendredi 7 Mars

Dîner des diplômés chez Notta. Nous sommes 31 convives sur environ 90 diplômés.

Dimanche 9 Mars

Le matin Jeanne, Marguerite et Geneviève viennent nous voir; nous gardons à déjeuner le petit Joseph Petit. Après déjeuner nous nous retrouvons au Luxembourg avec Jeanne, Marguerite et Geneviève. Nous allons faire visite à Mme Colin.

Lundi 10 Mars

Charles et Louise commencent à prendre des leçons avec une institutrice qui viendra tous les matins 1h1/2, Mlle Schùltz. Les enfants ont quitté la pension de Mlle Cazaux depuis les premiers jours de Janvier. Père, Geneviève, Marguerite, Jeanne et son fils Joseph, Etienne et Mathilde viennent dîner à la maison; le soir Pierre Puiseux, Béatrice et André viennent prendre une tasse de thé.

Mardi 11 Mars

A10h du matin à l'Eglise St Pierre de Montrouge service de mon camarade et confrère Egerre, inhumation au Cimetière Montparnasse. Le pauvre garçon tourmenté par une mère despote qui voulait s'opposer à le voir se marier se suicide de chagrin. Le lendemain du jour où les travaux de l'Ecole du Champ de Mars dont il est l'architecte sont terminés et reçu, il se tire un coup de pistolet dans son agence. La mère à laquelle les amis d'Egerre vont apprendre la fatale nouvelle disparaît de son domicile (*). Le corps d'Egerre resté à l'agence depuis le jour de la catastrophe 8 Mars est amené à l'église dans un fourgon des Pompes funèbres. Une foule énorme assiste très émue à cet enterrement. Au cimetière M. Joly, vice-président de la Société Centrale, lit sur la tombe un discours d'adieu. Je prononce à mon tour quelques paroles au nom de l'association amicale des anciens élèves architectes de l'E.D.B.A. dont Egerre était un des membres les plus zélés. Le pauvre garçon, après avoir été obligé de faire des sommations à sa mère, devait se marier dans un mois avec la fille de Sulpis graveur. Sa mère lui avait déclaré qu'elle préférerait le voir mort que marié.

(*) Elle n'avait pas quitté son domicile, on la retrouva plusieurs jours après pendue dans son cabinet de toilette. Dans un billet écrit de sa main et daté du jour de la mort de son fils elle déclare qu'elle ne veut pas lui survivre. L'odeur cadavérique la fit découvrir. Le père d'Egerre s'était pendu également autrefois en grande partie à cause de cette femme.

Mercredi 12 Mars

Le soir nous allons chez ma tante (sic) nous y retrouvons Jeanne retour de Grignon.

Guerre du Tonkin Prise de Bac-Ninh.

Jeudi 13 Mars

M. et Mme Pignon et leurs filles viennent dîner avec nous. Jeanne retourne dans la journée à Fontainebleau.

Vendredi 14 Mars

Je retourne chez Harpignies prendre quelques leçons de peinture à l'huile.

Samedi 15 Mars

Soirée chez Mr. Eiffel à l'occasion du prochain mariage de sa fille Laure. J'y rencontre Père et Geneviève, Etienne et Mathilde. Musique; le pianiste Bériot, la violoniste Mlle Godard Boudouresque de l'Opéra; un poète M. Grandmousin.

Mardi 18 Mars

Louise a 7 ans.

Mercredi 19 Mars

Je vais à l'enterrement du père d'Ewald. Le soir je vais chez ma tante.

Jeudi 20 Mars (Mi-Carême)

Je vais à la gare au devant d'Henri et de Laure qui entreprennent un voyage d'affaires d'une dizaine de jours vers Lyon. Je trouve à la gare Etienne, Adèle et ses deux filles. Je vais avec Etienne déjeuner chez son beau-frère M. Renard pour causer ensemble d'aliénation d'un immeuble qui leur appartient rue des Archives et d'un échange avec des immeubles rue Bassano. Après le déjeuner nous allons rue Bassano. Dans la journée les enfants descendent avec leur maman jusqu'au boulevard Sébastopol et s'amusent beaucoup à voir passer les masques qui sont très nombreux.

Vendredi 21 Mars

Je vais le matin prendre ma deuxième leçon de peinture chez Harpignies.

Enterrement des victimes de l'explosion du 18 Mars boulevard Bonne Nouvelle, rue St Denis. Nous assistons du balcon au défilé du cortège qui se rend de Notre-Dame au cimetière Montparnasse. La musique de la garde de Paris précède, jouant des marches funèbres. Derrière, le premier char mortuaire, orné de drapeaux, est porté par des gardiens de la paix, le corps de l'officier de paix Viguier. Derrière, le deuxième char également orné de drapeaux est porté par des pompiers en tenue de service au feu, le corps du sergent major Hermnann. De nombreuses députations de gardiens de la paix, une grande partie du corps des sapeurs pompiers en grande tenue, avec leurs officiers entre leurs rangs, une assistance nombreuse suivait sans compter les préfets de la Seine et de Police, le ministre de l'intérieur et les représentants des autres ministères, le colonel des Sapeurs Pompiers, des généraux, le conseil municipal etc... La vue du cortège est des plus émouvantes et les enfants ne cessent de nous entretenir toute la journée de cette triste cérémonie, notre gros Henri surtout dont le rêve est d'être pompier. Plusieurs fois dans la journée il me demande d'aller au cimetière.

Samedi 22 Mars

Marie Guibert vient avec sa mère et Anna pour nous faire ses adieux. Elle entre Mardi au Couvent du Sacré Coeur.

Lundi 24 Mars

A 8h du matin je pars pour les Petites Dalles; arrivée à Yvetot à midi aux Dalles à 2h1/2. Les terrassiers sont depuis le Samedi 22 occupés aux terrassements de ma maison. Le tracé sur le terrain en a été fait le Jeudi précédent 20 Mars.

Mardi 25 Mars

Après-midi je vais jusqu'à St Pierre en Port.

Mercredi 26 Mars

Après midi je vais avec Fiquet à Vinnemerville vérifier les travaux de la grange de la ferme de Mme Cronier.

Jeudi 27 Mars

Dans la matinée je pose la première pierre de notre maison. La veille le maçon avait ouvert la tranchée des fondations. Je suis obligé d'aller chercher le bon sol à 1m9O au dessous du sol des caves. Les enfants m'avaient donné chacun un sou neuf de leur petite bourse. Ces 4 petites pièces étaient renfermées dans une petite boite de plomb avec un petit parchemin sur lequel était écrit:

Louise

Henri

Paul

Charles

Sophie et Paul Wallon

Mars 1884

J'y avais joint une petite pièce de OFr50 à l'effigie de la République, la petite pièce était renfermée dans une feuille de plomb sur laquelle j'avais gravé avec un canif la même inscription. Je fis établir un premier rang de galets et déposer ma petite boîte dans une cavité d'un énorme galet de 0,35 de côté.Ce galet est en A à l'angle Est du pavillon.

A 10h du matin je quitte les Dalles et vais prendre à Yvetot à 1h1/2 l'express qui arrive à Paris à 4h35.

Le soir je préside la conférence à la Société Centrale: Aperçu sur la décoration monumentale et particulièrement sur la décoration entre le IV et le XV° siècle par Ch. Lameire.

Samedi 29 Mars

A 8h2O du matin je vais à Lagny avec Démaret qui m'avait prié de lui donner mon avis sur une propriété qu'il a l'intention d'acheter - Belle propriété, beau parc, en pleine campagne à 6Km de Lagny; grande construction Louis XVI de simple et belle apparence mais très mal distribuée et trop vieille pour qu'on y puisse beaucoup changer sans danger. Nous déjeunons avec le propriétaire un pharmacien de la rue Rambuteau N°20. Journée splendide. Nous rentrons à Paris à 4h1/2.

Dimanche 30 Mars

Nous dînons à l'Institut avec Henri, Laure, Jeanne, Etienne Mathilde, ma tante Jannet et André. Henri et Laure arrivent à 4h de leur voyage en Bourgogne ramenant Jeanne de Fontainebleau où ils se sont arrêtés un jour.

Lundi 31 Mars

Henri et Laure retournent à Rouen le soir.

Jeudi 3 Avril

Eté passer la journée à Fontainebleau pour chercher une maison à louer dans le cas où nous nous déciderions à ne pas aller aux Petites Dalles. Je trouve Jeanne à la gare à Paris à 7h24.

Samedi 5 Avril

Nous dînons chez les Malassez; au nombre des convives Abel Tommy Martin et sa femme.

Lundi 7 Avril

Question de Charles à sa mère:

"Maman les soeurs donnent des petits enfants aux mamans quand elles sont malades et pour les consoler?"

Lundi 14 Avril

Nous allons avec les 4 enfants et leur bonne Boebchen aux Invalides visiter le tombeau de l'Empereur puis l'Hôtel des Invalides. En voyant un pauvre invalide avec 2 jambes de bois, Charles me demande très sérieusement après l'avoir considéré longtemps d'un air attendri: "Papa ... C'est le capitaine Castagnette? dis?" (le capitaine Castagnette, le héros d'un de ses albums a eu toutes les infortunes comme aussi toutes les vaillances inhérentes aux batailles). Plus loin passant devant la statue du Général Daumesnil avec sa jambe de bois, Louise qui avait entendu la question de son frère me demande à son tour: "Papa,c'est le général Castagnette?" En sortant de l'Hôtel des Invalides nous arrivons sur la terrasse où sont rangés les canons devant l'esplanade, les enfants ont un plaisir extrême surtout petit Paul à tourner autour de ces canons, à monter dessus, à les caresser, à faire mille questions. Paul tombe d'un de ces canons je le console vite car le petit diable est dur au mal, mais toute la journée il garde rancune au canon, dans son lit il me racontera encore l'aventure.

Samedi 19 Avril

8h départ pour les Petites Dalles par Yvetot arrivée à 2h1/2. Dîner chez M. Peltier avec sa famille et Mr et Mlle Gondouin. M. Peltier m'expose ses projets de construction et me prie de lui étudier un plan. Après dîner jeu de cartes, nous nous retirons passé onze heures.

Les travaux de ma maison favorisés par un temps excellent depuis le commencement des terrassements sont en excellente voie. Les maçonneries seront bientôt élevées à hauteur du rez de chaussée.

Dimanche 20 Avril

Après midi partie de billard chez M. Peltier avec M. Gondouin et Fiquet. A la fin de l'après-midi je vais à Sassetot porter une lettre à la poste.

Lundi 21 Avril

Matin départ des familles Peltier et Gondouin. L'après-midi profitant d'un beau soleil je vais jusqu'à St Pierre en Port après avoir été jusqu'à Sassetot porter une lettre à la poste pour Sophie.

Mardi 22 Avril

Le matin beau soleil je vais par la falaise cueillir des jacinthes et des primevères. A 8h1/2 je pars pour Cany et arrive à Rouen à midi1/2 Henri m'attend à la gare. Après déjeuner nous allons ensemble en voiture à la Mie-voie et revenons à pied par les hauteurs. Le soir dîner chez Mme Cronier avec Mme Falcon.

Mercredi 23 Avril

Je devais aller à Franqueville avec Henri et ne partir que par l'express de 2h mais tourmenté de ne pas avoir reçu de lettre de Sophie depuis mon départ de Paris je me décide sitôt après l'arrivée du courrier à repartir par le train de 8h38. J'arrive à la maison vers midi trouve Sophie et les enfants en bonne santé et une lettre de Sophie retour des Petites Dalles.

Jeudi 1er Mai

Pendant le dîner Charles très en-train causant avec sa maman: "Maman je vais demander au Bon Dieu qu'il te donne du tété, je voudrais goûter; je ne me rappelle plus le goût que ça a." - "Va téter une nourrice, la nourrice de la petite Yvonne par exemple." D'un air de dégoût. - "Je n aime pas téter une nourrice." Henri intervenant dans la conversation: - "Maman pourquoi le mon dieu (bon dieu) il donne du tété à les names (aux dames)?" Charles - "Maman, le lait est dans les poches?" marques d'étonnement et d'interrogation du papa et de la maman... ?? - "Oui dans les poches." Exprimant par des gestes les "poches" qui ressortent sur la poitrine.

Vendredi 2 Mai

Eté passer la journée à Rouen pour montrer à Mr Peltier le plan de sa future maison des Dalles. Parti à 8h du matin, rentré à 11h35 du soir. Après midi été par la pluie à Franqueville avec Henri et Laure.

Samedi 3 Mai

Le soir nous dînons chez Etienne avec Père, Pierre Petit arrivé le jour même de Fontainebleau, Mme Dupont, M. et Mme Renard et des amis d'Etienne.

Dimanche 4 Mai

Père, Henri, Laure, Etienne et Mathilde, Adèle et ses enfants M. Allart, Pierre Petit viennent dîner à la maison. Henri et Laure étaient arrivés à Paris à 11h.

Elections municipales; n'ayant pas de candidat de mon choix je vote avec un nom quelconque.

Lundi 5 Mai

Je vais avec Sophie à l'Institut. Séance de l'Académie des Sciences. Eloge de mon cousin Victor Puiseux par M. Bertrand. Arrivés une minute avant l'ouverture de la séance la salle étant pleine nous sommes parfaitement placés parmi les académiciens entre le bureau et la tribune, juste au centre.

Mardi 6 Mai

Marguerite et Geneviève arrivent de Caen à Paris.

Mercredi 7 Mai

Je vais avec Pierre Petit chez ma tante Jannet.

Jeudi 8 Mai

Le matin Henri et Laure repartent pour Rouen et l'après-midi Pierre pour Fontainebleau.

Vendredi 9 Mai

Dans la matinée je vais au Salon; après midi avec MM. Rolland et Lucien Etienne chez M.J. Hénard qui nous avait conviés à entendre la notice qu'il a préparée pour le Congrès sur M. Lesueur.

Samedi 10 Mai

Après midi été avec Monsieur Démarest et sa femme à Cormeilles visiter une propriété qu'il se propose d'acheter.

Grande soirée de contrat chez M. Eiffel, mariage de Mlle Laure. Je m'y trouve seul de la famille avec Etienne. Nous restons jusqu'à 2h du matin. Soirée très brillante où nous retrouvons toute la colonie des Dalles: les Colin, Bardy, Daudet.

Dimanche 11 Mai

Paix entre la France et la Chine. La France obtient de la Chine la reconnaissance de son protectorat intégral sur l'Annam et sur le Tonkin entier ainsi que l'ouverture à son commerce exclusif des provinces de l'empire céleste limitrophes de nos possessions de l'Indo-Chine. La France renonce à toute indemnité de guerre.

Lundi 12 Mai

A 8h du soir réunion du Comité de la Société des amis des monuments de Paris au cercle historique Bd St Germain, 215.

Mardi 13 Mai

Dîner Questel Pascal chez Corazza, Palais-Royal

Jeudi 15 Mai

Mariage de Mlle Laure Eiffel avec Mr Le Grain, lieutenant d'artillerie de forteresse, à l'Eglise St François-de-Sales (Plaine Monceau); après la cérémonie nous allons chez M. Eiffel - Lunch.

Vendredi 16 Mai

Eté au nom de la Société des amis des monuments parisiens comme commissaire avec Ch. Lucas Dusseigneur et le jeune Salleron au Panthéon et à St Julien le Pauvre pour faire certaines recherches archéologiques. J'emmène avec moi Charles nous descendons dans les caveaux du Panthéon il est fort émerveillé de l'écho.

Samedi 17 Mai

Je vais à Cormeilles avec Démarest pour étudier les travaux d'appropriation à faire à la maison qu'il achète. Mme Démarest son frère Mr Allibert et sa belle-soeur Mme Allibert sont de la partie. Nous dînons à Cormeilles. Je rentre à la maison vers 11h1/2. Journée splendide.

Lundi 19 Mai

A 8h du matin je pars pour les Petites Dalles. M. Peltier me rejoint à Rouen, nous déjeunons ensemble dans le "Dining-car". Descendons à Yvetot arrivons vers 2h1/2 aux Dalles. Il pleut toute la journée. Nous arrêtons des travaux d'appropriation de la maison Lemonnier que M. Peltier vient d'acheter et des escaliers d'accès de la route à la terrasse. M. Peltier s'est rendu acquéreur également depuis 2 jours de la maison Chaillaux au prix de 15000Fr. On plante les poteaux télégraphiques aux Dalles.

Mardi 20 Mai

Les maçons picards travaillent toujours bien à ma maison; ils en sont aux cintres des fenêtres du R.d.Ch. A 4h nous quittons les Dalles dînons à Yvetot. J'arrive à Paris à 11h35.

Lundi 26 Mai

Dîner chez M. Questel avec Sophie. Les convives étaient: avec les enfants de M. Questel, Bonnat, sa mère, sa soeur et son beau-frère M. Espagnat, M et Mme Diet, M et Me Hardy, M Thierry architecte beau-père de mon camarade Bariller.

Mardi 27 Mai

Le matin été voir Chapu, nous travaillons ensemble la maquette du tombeau de Mgr David.

Mercredi 28 Mai

Eté le soir avec Sophie chez ma tante Jannet. La famille Bouvet est à Paris.

Jeudi 29 Mai

Eté dans la matinée avec Démarest à Cormeilles en Parisis pour les travaux de sa propriété. Rendez-vous avec tous les entrepreneurs. Henri vient passer la journée à Paris.

Vendredi 30 Mai

Matin, été voir Chapu; achevons ensemble la maquette du monument de Mgr David à 8h du soir départ pour St Brieuc.

Samedi 31 Mai

Arrivée à St Brieuc à 6h du matin matinée, été voir M. Maignan, M. Courcoux l'Evêque. Déjeuner chez M. Maignan. Après déjeuner entrevue chez M. Courcoux avec MM. de Montaison, Courcoux et Mlle Marquisan au sujet du monument.

A 4h été me promener au......... Le temps est très beau, la mer est basse je descends sur la grève, me déchausse sur un rocher et vais patauger à mi-jambes dans l'eau. A 6h1/2 retour à St Brieuc. Dîner à l'Hôtel de la Croix Blanche.

Après dîner grande procession pour la fermeture du mois de Marie, les rues sont illuminées et la procession se développe sur une très grande étendue. Le spectacle est assez imposant.

Dimanche 1er Juin

A 6h du matin départ de St Brieuc, arrivée à Paris à 4h11. Je vais avec Sophie faire visite aux Alpy (rue Bonaparte).

Mardi 3 Juin

Matin, été à Cormeilles avec M. Biguet pour les travaux de Démarest. Après déjeuner, été avec Sophie au Pavillon de Flore voir l'exposition des arts industriels et des diamants de la couronne et à l'E.D.B.A. voir l'exposition du monument de Gambetta.

Jeudi 5 Juin

Après midi été avec Sophie et Charles faire visite au Proviseur de Louis-le-Grand M.Gidel et à M.Presssard professeur de 7ème, ancien professeur d'Etienne et ancien camarade d'Aristide qui nous fait le plus cordial accueil.

Vendredi 6 Juin

Matin je vais au Salon.

Après-midi nous recevons la visite de Pierre Petit venant de Fontainebleau pour se rendre à Grignon dont il doit revenir lundi pour suivre les séances du Congrès.

Samedi 7 Juin

Après midi été à Cormeilles avec Démarest.

Par 151 voix contre 108 le Sénat vote la proposition de loi tendant au rétablissement du divorce.

Dimanche 8 Juin

Après midi été avec Sophie à Conflans voir Marie Guibert au Sacré-Coeur, notre première visite. Nous trouvons au parloir Père, Adèle et ses enfants. Le soir M. Allart, Père, Adèle et ses enfants viennent dîner avec nous.

Lundi 9 Juin

Ouverture du Congrès des Architectes à l'Ecole des Beaux Arts. L'architecture au salon par M. Ach. Lucas.

Visite du lycée Janson. Pierre venu de Fontainebleau pour suivre les séances du Congrès m'y accompagne, en revenant nous allons rue de Chazelles visiter la statue de la Liberté de Bartholdi.

Mardi 10 Juin

Matin visite des égouts. J'y vais avec Charles, Pierre et M. Allart. Après midi, "l'architecture moderne à Vienne" par P. Sédille, notice sur feu.......par Ch. Lucas.

Mercredi 11 Juin

Matin visite du chantier du Sacré Coeur, Abadie Architecte; j'y mène Charles. Pierre revient déjeuner avec nous. Après midi à l'E.D.B.A., "La borne militaire de Paris" conférence par M. E.Desjardin de l'Institut; lecture de mon étude sur les concours publics.

Jeudi 12 Juin

Voyage du Congrès à Blois mais je n'y vais pas. Je vais chez Lameire peintre décorateur pour lui demander de nous dessiner le menu du banquet. L'après midi je vais à Cormeilles pour les travaux Démarest.

Vendredi 13 Juin

Matin visite de la presqu'île de Gennevilliers avec M. Durand-Claye. Après-midi suite de la discussion sur les concours publics, étude de la création d'une caisse de défense judiciaire. Soir dîner de la Charrette.

Samedi 14 Juin

Matin visite aux ateliers de peinture sur verre de M. Didron, après-midi séance solennelle de distribution des récompenses.

Dîner confraternel à l'Hôtel Continental, 120 couverts environ. Père est au nombre des invités. De nombreux toasts sont prononcés, j'en prononce un en l'honneur des conférenciers de l'année, conçu à peu près ainsi:

MM. Il appartient au directeur des conférences de la Société Centrale de porter un toast aux conférenciers de l'année. Je remplis ce devoir avec le plus grand plaisir j'y joins l'expression de toute ma reconnaissance. MM. à la santé de nos conférenciers à la santé de MM. Albert et Tommy Martin, de M. l'ingénieur Durand-Claye, de M.G. Hénard et de M. Lameire au talent duquel nous devons l'illustration du menu du banquet.

Dimanche 15 Juin

Dans l'après midi je vais à Sceaux faire mes adieux à Etienne, Mathilde et aux Dupont.

Lundi 16 Juin

Nous partons pour les Petites Dalles par le rapide de 1h. Adèle vient nous dire adieu à la gare avec Anna. A Rouen nous voyons à la gare Henri et Laure. Nous arrivons à 4h2O à Yvetot et vers 7h aux Dalles. Les enfants sont d'une sagesse exemplaire. Nous occupons la maison de Père sur la mer.

Samedi 21 Juin

L'après midi nous allons avec les enfants sur la plage de sable où je fais une aquarelle. M. Peltier pour 3 jours aux Dalles vient dîner avec nous.

Dimanche 22 Juin

Nous prenons notre premier bain de mer Sophie et moi et les 4 enfants. L'après midi nous allons nous promener aux Grandes Dalles où je fais une aquarelle.

Lundi 23 Juin

Matin bain avec Sophie, Charles, Louise, Henri. Après midi je vais faire une aquarelle dans les rochers.

Mardi 24 Juin

Matin bain avec Sophie, Charles, Louise, Henri. Après midi nous allons dans l'avenue des Bruyères où je commence une aquarelle.

Jeudi 26 Juin

Matin bain avec Sophie et les quatre enfants.

Vendredi 27 Juin

Matin bain avec Sophie, Charles, Louise et Henri.

Prise de voile de Marie Guibert au couvent du sacré Coeur à Conflans.

Samedi 28 Juin

Matin bain avec Sophie et les quatre enfants.

Enterrement en grande pompe d'un petit oiseau tombé de son nid, mort, dans le jardin. La veille Charles avait creusé un trou près du mur, déposé dedans le moineau, mis une ardoise au dessus et contre le mur une tablette sur laquelle était écrit:

Enterrement

du

petit oiseau

mort

le 26 Juin 1884

enterré

par la famille

Wallon

le 27 Juin 1884

Charles fait la levée du corps, le place dans sa brouette et fait le tour du jardin lentement en chantant, les frères et soeur suivent chapeau bas, puis on remet l'oiseau dans son caveau. Tout cela très sérieusement et avec une grande tristesse. Quelques jours auparavant nous avions eu une scène de désolation à l'occasion d'un pigeon qui de grand matin s'était abattu contre une de nos fenêtres du côté de la mer. Il s'était laissé prendre mis en cage pour qu'on put lui donner à manger et le contempler en même temps puis lui rendre la liberté; mais il ne quittait pas le jardin et probablement très fatigué ne songeait pas à s'envoler. Un chat le guette et se précipite, le pigeon prend son vole et gagne la gouttière. Fureur des enfants après le chat. "Maman, Papa, il va le manger, il va monter sur le toit le vilain chat, il faut le tuer; miaou miaou" (ceci pour avertir le pigeon) et les voilà, tous les trois Charles, Louise et Henri qui d'en bas font des signaux au pigeon, l'avertissent de prendre garde et se désolant, criant, pleurant à chaudes larmes: Georgette! Georgette! Nous avons toutes les peines du monde à les consoler et à leur faire comprendre que le pigeon qui s'était déjà garé une fois du chat saurait l'éviter encore.

Dimanche 29 Juin

à 5h1/2 les enfants sont éveillés et levés. Depuis plusieurs jours on me ménage pour ma fête des petites surprises que j'ai toutes les peines du monde à ne pas surprendre; j'en étais réduit à n'entrer dans les chambres qu'après avoir bien annoncé ma présence en détournant les yeux d'un air distrait. Les enfants et leur maman m'apportent donc chacun un beau bouquet de roses, Louise un petit dessous de lampe qu'elle m'a confectionné et que malgré la meilleure volonté du monde, ma plus grande discrétion, j'avais plusieurs fois entrevu dans mes apparitions dans la chambre mais que naturellement j'étais censé n'avoir jamais vu; puis Henri me récite la fable "du loup et de l'agneau", Louise "l'alouette et ses petits" et Charles "Travaillons" de De Laprade.

J'offre à Paul pour sa fête une boîte de sucre d'orge et à tous les enfants une partie d'ânes pour la journée. Nous partons après déjeuner par un temps splendide avec un âne avec une selle, une petite voiture traînée par un autre âne; les enfants se relayant sur l'âne ou dans la voiture dans laquelle prend place la maman. Nous allons ainsi à l'escalier de St Martin.

Les enfants s'amusent énormément. Au retour les ânes sont pris d'une course folle; je suis obligé en descendant la nouvelle route de St Martin de renoncer à les suivre. J'avais pourtant fait monter derrière la petite voiture, pour modérer un peu l'âne, les 2 bonnes Boebchen et Marie, la voiture contenait déjà la maman et 3 enfants. En rentrant excellent bain avec les 3 enfants.

Lundi toute la matinée je travaille à une aquarelle de falaise, vue prise de la terrasse sur les Grandes Dalles. L'après midi je vais terminer une aquarelle (un arbre) du côté de la ferme des Bruyères. Bain l'après midi avec Sophie et les 3 aînés.

Mardi 1er Juillet

A 10h du matin je pars pour Paris par Cany. Je déjeune à Cany, arrive à Paris à 4h35, vais chez Adèle chez qui je trouve M. et Mme de La Gillardaie venus à Paris pour la prise de voile de Marie Guibert et qui retournent le soir en Bretagne. Je vais ensuite à l'Institut, puis à la maison, puis chez M. Allart dîner. Après dîner je vais rejoindre Père au Luxembourg, nous allons ensemble prendre des nouvelles de Béatrice.

Aux Dalles Sophie se baigne avec Charles et Louise.

Mercredi 2 Juillet

Matin, à 7h5 minutes à la gare St Lazare avec Démarest et M. Biguet pour aller à Cormeilles voir les travaux de la propriété Démarest; retour à midi1/2. Déjeuner au Bouillon, Bd St Michel. Visite à M. Allart. Réunion des sections à la Société Centrale à 3h1/2, été chez Mr Maucomble et rue Feydeau. Dîner chez Père à l'Institut. Eté passer la soirée chez ma tante Jannet avec Père et Geneviève. Aux Dalles Sophie se baigne avec les 3 aînés.

Jeudi 3 Juillet

Je déjeune chez M. Allart. Je vais au mariage de la fille de P.Sédille à la Madeleine. J'y rencontre Lalanne avec lequel je me promène un peu sur le boulevard. Achats divers à la Ménagère. Visite à Béatrice Puiseux accouchée d'une petite fille depuis le 28 Juin. Dîner chez Adèle avec Père et Geneviève.

Aux Dalles par crainte d'un orage personne ne prend de bain.

Vendredi 4 Juillet

A 8h je vais déjeuner chez M. Allart Retour aux Dalles par le train rapide de midi 45, arrivée à Cany à 5h, aux Dalles à 6h1/2. Je prends un bain en arrivant. Sophie et les 3 enfants se sont baignés le matin.

Samedi 5 Juillet

Matin bain par la pluie avec Sophie, Charles, Louise et Henri. Première pluie depuis notre arrivée aux Dalles. La pluie ne dure qu'un instant mais reprend l'après-midi, orage.

Dimanche 6 Juillet

Matin bain avec Sophie, la mer étant un peu trop agitée nous ne baignons pas les enfants. La maçonnerie côté mer est terminée. Hilarion le maître maçon commence à jointoyer la lucarne.

Lundi 7 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés, après midi je conduis à la pèche au pousseux les 4 enfants et leur bonne Boebchen.

Mardi 8 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés sur le bord une vague un peu forte, je baigne moi-même les enfants l'un après l'autre. On commence à faire l'épure de la charpente de la maison; pose d'une partie de la sablière.

Après midi je vais recommencer le dessin d'une aquarelle près de la ferme des Bruyères: un arbre et une route.

Mercredi 9 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 enfants. Après midi je vais faire une aquarelle commencée la veille près de la ferme des Bruyères. Je suis interrompu par un orage et cherche refuge dans la ferme.

Petit Paul a 3 ans; les enfants auxquels la maman annonce cette nouvelle font une ovation à leur petit frère charivari indescriptible, hourrah, cris étourdissants puis la maman en tète vont processionnellement cueillir une belle rose blanche dans le jardin pour la lui offrir. Au retour de la ferme l'émotion n'était pas encore calmée il y eut même un regain.

Jeudi 10 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés; j'espère que Charles saura bientôt faire des brassées tout seul, je commence à quitter sa ceinture, il enfonce il est vrai presqu'aussitôt mais il n'a pas peur.

En traversant le jardin je suis tout étonné de voir Monsieur petit Paul se balançant debout et tout seul sur la balançoire. Son frère Henri lui avait donné de l'élan et il se lançait en se pliant avec beaucoup de grâce et d'énergie aussi bien que Charles et Louise. Il est étonnant ce petit bonhomme !

Vendredi 11 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés. M. Peltier aux Dalles pour 2 jours vient déjeuner avec nous. Le matin de bonne heure je vais dessiner dans les rochers.

Samedi 12 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés. Après midi je vais terminer mon aquarelle de l'arbre près de la ferme des Bruyères.

Dimanche 13 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés.

J'apprends le matin par la porteuse de lait qu'un terrible accident est arrivé la veille au soir à l'un de mes ouvriers picards de la maison. Occupé à terminer une des cheminées en maçonnerie le malheureux perdit l'équilibre et tomba d'échafaudages en échafaudages d'une hauteur de 12 à 13 mètres. On le releva dans un état pitoyable. Une artère sous-maxillaire était coupée, broyée, un flot de sang s'en échappait. Le médecin arriva vers 10h et déclara la situation très grave, il craignait même que la nuit ne fut fatale. La nuit fut relativement calme. Le médecin est aussi content que l'état du blessé le permettait mais il ne peut encore répondre de rien car pendant 4 ou 5 jours une fièvre cérébrale est à craindre qui l'emporterait. Aucun membre n'est brisé. Je passe la matinée avec Sophie auprès du pauvre blessé qui a l'air calme et ne paraît pas trop souffrir. Une blessure à la tête et la tête toute déformée avaient fait craindre au docteur une lésion du crâne. Il espère aujourd'hui qu'il n'en est rien.

Tous les soirs après mon dîner, j'ai l'habitude de monter à mon chantier voir les ouvriers qui ne le quittent que vers 7h1/2 8h et de leur dire bonsoir, par exception je n'y allai pas hier et restai tranquillement avec Sophie sur la terrasse. Tout le monde peut-être aux Dalles connaissait l'accident sauf moi...

Lundi 14 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés.

La nuit a été bonne et sans fièvre, le médecin est tout étonné de trouver le blessé en aussi bon état et sans répondre encore de la guérison il espère cependant le sauver. Il n'existe aucune fracture, aucune lésion, le seul danger serait dans une fièvre cérébrale.

La journée continue a été bonne et calme sans le moindre indice de fièvre. Dans l'après-midi je vais un peu tranquilisé me promener avec Sophie du côté des grottes de la route de Vinnemerville où je fais une aquarelle.

Incident des drapeaux allemands Place de la Concorde devant la statue de Strasbourg et à l'Hôtel Continental.

Mardi 15 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés.

La nuit a été excellente pas la plus petite apparence de fièvre le pouls donne à peine 75 pulsations. Le médecin vient vers 11h il est de plus en plus satisfait. Le blessé pourra prendre un bouillon dans la journée.

Après midi je vais faire une aquarelle dans l'avenue Elisabeth d'Autriche (vue de la maison Chaine dans le fond). Je suis interrompu par un peu de pluie.

Charles, Louise et Henri vont, avec leur bonne, porter du bouillon et une bouteille de vin au blessé.

Mercredi 16 Juillet

A 6h1/2 du matin, je prends mon bain avec Charles. Par 3 fois Charles fait seul 8 brassées de suite, les mouvements sont un peu trop rapides mais enfin. Il les fait seul et sans avoir peur. Je lui dis que désormais il sait nager, il en est tout fier et vient tout heureux crier à sa mère, sa soeur et'ses frères: "Je sais nager, je sais nager".

Le blessé va de mieux en mieux.

Je pars pour Paris à 9h1/2. Je vois Adèle à la gare à 4h35 à l'arrivée, vais ensuite à la maison, puis faire visite à Béatrice, puis dîner chez Père.

Jeudi 17 Juillet

A 7h du matin à la gare St Lazare pour aller à Cormeilles avec Démarest et sa femme et M. Biquet. Revenu à midi1/2 déjeuner chez un Duval du boulevard. Eté à la maison, rue Feydeau, puis rentré rue Gay-Lussac après avoir fait quelques commissions. A 3h Assemblée Générale à la Société Centrale. Dîner chez Adèle avec Père et Geneviève.

Vendredi 18 Juillet

Eté le matin chez Chapu que je ne rencontre pas pour lui porter la nouvelle que l'Evêque et la commission acceptent notre projet de tombeau de Mgr David et s'en remet complètement à nous. Déjeuner à l'Institut. Après midi, travail à la maison puis été faire visite à Béatrice. Dîner à l'Institut. Aux Dalles Sophie se baigne avec les 3 aînés le matin.

Samedi 19 Juillet

A 8h du matin départ avec Geneviève pour Rouen où nous déjeunons avec Henri et Laure. Nous en repartons à 3h2O et arrivons aux Dalles vers 7h. L'après midi Sophie se baigne avec les 3 aînés.

Dimanche 20 Juillet

Il pleut presque toute la journée. Après midi nous faisons visite à Mme Bardy.

Lundi 21 Juillet

Matin bain avec Sophie, les trois aînés et Geneviève. Charles sait nager, il n'a pas peur et fait une douzaine de brassées seul.

Mardi 22 Juillet

Matin bain avec Charles et Henri. Sophie, Geneviève et Louise préfèrent ne pas se baigner trouvant la mer un peu forte. Après midi je vais faire une grande aquarelle dans les rochers. - Le blessé sort pour la première fois.

Mercredi 23 Juillet

Matin bain avec Sophie, Geneviève et les 3 aînés. Après midi je vais terminer mon aquarelle dans les rochers.

Jeudi 24 Juillet

A 6h du matin je vais avec Geneviève et les 3 aînés dans les rochers jusqu'aux Grandes Dalles à marée basse. Nous devions aller aux Katley (Catelets), mais la mer commençait à remonter. Après midi bain à la lame avec Geneviève et les 3 aînés.

Vendredi 25 Juillet

Matin mer un peu trop forte pour le bain. Après-midi avec Geneviève, les enfants et leur bonne Boebchen été à Vinnemerville avec les deux ânes, l'un traînant une petite voiture. Sophie reste à la maison pour se reposer. J'avais donné rendez-vous à Fiquet pour vérifier un mémoire de la ferme de Mme Cronier.

Samedi 26 Juillet

Matin bain avec Sophie et les 3 aînés.

Plantation du drapeau bouquet sur la dernière cheminée de la maison. Les charpentiers ont terminé la préparation des bois du comble, ils commenceront à le monter Lundi.

Madame Cronier et madame Colin viennent dîner à la maison avec leurs filles. Les enfants sont très gentils pendant le dîner, le bon gros Henri surtout fait l'admiration de tous. Il mange! il mange! et avec un sérieux; de temps en temps, quand on le regarde et que l'on s'occupe de lui en le plaisantant, sa bonne grosse face réjouie pleine de fossettes s'épanouit et il promène sur les convives son bon sourire, son beau regard, prenant part à la gaîté générale. Très discret au dessert il ne prend que ce que sa mère lui a dit de prendre mais il n'oublie rien de ce qui lui est permis. Charles, lui, conserve tout son dessert et le lendemain matin au réveil appelle ses frères et sa soeur pour partager avec eux.

Dimanche 27 Juillet

Matin bain à la lame avec les 3 aînés, mer assez forte. Après midi visite de départ chez Mmes Daudet, Bardy, Colin, Cronier.

Lundi 28 Juillet

Après midi je vais avec les 3 aînés à St Pierre en Port par la ferme des Bruyères et la vallée des Grandes Dalles. Nous revenons par la plage.

Mardi 29 Juillet

Après midi bain avec les 3 aînés.

Mercredi 30 Juillet

Après midi dernier bain avec les 3 aînés et Geneviève. Charles fait plusieurs fois 25 à 30 brassées de suite seul. Il sait nager! et pour sa récompense je lui donne une boîte à dessin. Les charpentiers m'apportent leur offrande, un maillet en bois et 2 chevilles enrubannées.

Nous recevons l'après-midi la visite des Eiffel.

Au moment du dîner nous souhaitons la fête à la maman, la journée du lendemain devant être trop occupée par le départ. Charles récite "Le chat et le vieux rat", Louise "L'aigle et le hibou" et Henri "Le corbeau et le renard".

Jeudi 31 Juillet

A dix heures du matin nous quittons les Dalles pour aller à Franqueville; nous allons prendre le chemin de fer à Cany, arrivons à Rouen à 1h55, trouvons Henri à la gare avec un omnibus et arrivons à Franqueville vers 3h1/2. Nous y trouvons Laure. Henri et Laure nous quittent après dîner vers 9h1/2.

Notre saison de bains a été excellente sans la plus petite indisposition

  • Maman a pris 26 bains
  • Papa 28 -
  • Charles 32 -
  • Louise 30 -
  • Henri 30 -
  • Paul 3 -

Samedi 2 Août

Dans la matinée, été avec Charles et Louise conduire Böbchen à Boos chez le médecin pour une inflammation que lui a occasionnée dans l'oeil une poussière de charbon de chemin de fer jeudi dernier. Nous ne rencontrons pas le médecin. Forte chaleur.

Dimanche 3 Août

Dans la matinée le Dr Hubert vient voir l'oeil de Böbchen et ordonne certains médicaments que je vais chercher à Rouen. Il n'y a de pharmacie ni à Boos, ni au Mesnil. Les plus proches sont à Pont de l'Arche ou à Rouen.

Lundi 4 Août

Congrès. Le Sénat et le Corps Législatif se réunissent à Versailles en Assemblée Nationale pour la révision de la Constitution. A midi Adèle part pour les Petites Dalles.

Mardi 5 Août

A 6hl/4 du matin je quitte Franqueville à pied et vais prendre à Rouen le train de 7h53. J'arrive à Paris à lOh3O, vais à l'Institut, puis à la maison, puis reviens déjeuner à l'Institut. Après déjeuner je vais à Cormeilles par le train de 1h5 avec Démarest et sa femme et M. Biguet. Retour à l'Institut à 7h. Père rentre de Versailles à 7h1/2. Après dîner je rentre à la maison me coucher.

Mercredi 6 Août

Le matin à 7h je vais déjeuner avec Père à l'Institut et repars pour Rouen par le train de 8h. J'arrive à Franqueville vers midi.

Jeudi 7 Août

Henri et Laure viennent dîner avec nous à Franqueville.

Samedi 9 Août

Parti le matin à 8h à pied avec Charles et Louise pour passer la journée à Rouen. Nous nous arrêtons à Bon Secours, je leur montre l'Eglise mais une forte brume cache la belle vue sur Rouen (forte chaleur qui dure depuis plusieurs jours; à Paris la veille 29°, temps désespérément beau, sécheresse qui nous fait craindre pour la citerne de Franqueville). Arrivés à Rouen nous allons nous promener dans l'Etablissement. Après déjeuner je vais avec Laure, Charles et Louise à l'exposition au Champ de Mars. Henri nous emmène en voiture à son jardin de la Mie-Voie où nous le laissons pour aller à Franqueville avec la voiture qui le reprendra au retour.

Dimanche 10 Août

Henri et Laure viennent dîner avec nous à Franqueville

Lundi 11 Août

J'écris à la Supérieure des Soeurs du Bon Secours de Troyes (à Rouen, rue du Fardeau) pour la prier d'envoyer une soeur Samedi prochain 16 courant.

Vendredi 15 Août

Henri vient dîner avec nous. Laure est partie de la veille pour les Dalles. Père arrive le matin aux Dalles avec ma tante Jannet.

Samedi 16 Août

Je vais avec les 3 aînés à Rouen. Nous partons à 9h à pied pour la Mi-Voie où nous prenons le bateau qui nous conduit jusqu'en face le boulevard Cauchoise; je voulais montrer aux enfants le port de Rouen; nous revenons déjeuner chez Henri. Après déjeuner nous-allons à l'exposition des Beaux Arts où Henri a fait exposer les aquarelles que je rapportais des Dalles. Rentrés chez Henri après avoir vu un peu Rouen, le Palais de Justice et la Cathédrale. Les enfants goûtent et retournent avec moi à Franqueville dans la voiture d'Henri. Nous étions rentrés vers 5h. Quelque temps après, vers 6h, arrivée de la Soeur Joseph. La même qui avait soigné Sophie à la naissance de Paul. Les enfants lui font un succès énorme; ma soeur vous allez nous apporter un petit garçon, avec Charles - non, une petite fille, avec Louise - un petit garçon, un petit gââçon, un petit gââçon, répètent en choeur Charles, Henri et Paul - Bref un charivari à ne pas s'entendre. Ils cherchent dans les grandes manches de la Soeur, la palpent de tous les côtés, pour peu ils l'auraient déshabillée. - Pourquoi tu ôte pas ton papeau (chapeau), dit Paul à la soeur, et ton manteau (sa robe) ajoute Henri - Té c'est ça, interroge Paul en lui saisissant sa croix qu'il lui fourre dans la bouche - et son chapelet et toutes ses breloques lui passent par les mains, il les passe toutes en revue; la Soeur ne sait plus où donner de la tête bref promet que si en est bien sage elle apportera un petit bébé. Nouveaux cris de joie et hourrah !

Dimanche 17 Août

Henri vient dîner avec nous à Franqueville.

Lundi 18 Août

J'ai complètement terminé l'étude du projet de construction de M. Peltier aux Petites Dalles.

Mardi 19 Août

Henri vient dîner avec nous.

Jeudi 21 Août

Rupture des négociations avec la Chine; dans la soirée l'Agence Havas communique aux journaux la note suivante:

"Malgré les délais successifs accordés au gouvernement chinois et la modération des négociateurs français le cabinet de Pékin a définitivement refusé toute satisfaction pour la trahison de Long Son et il a rappelé de Shanghai ses plénipotentiaires. Le gouvernement français a dû alors adresser au gouvernement chinois une dernière mise en demeure. M. Patenôtre a donc reçu l'ordre de notifier au Tsong-Li-Yamen le vote du Parlement en lui déclarant que le chiffre de l'indemnité avait été définitivement fixé à 80 Millions payables en 10 ans et que si dans un délai de 48 heures il n'était pas fait droit à cette demande l'Amiral Courbet serait chargé de prendre immédiatement les dispositions nécessaires pour assurer à la France les réparations qui lui sont dues - Le délai est expiré aujourd'hui à 1h après midi. M. de Simalli a dû aussitôt quitter Pékin pour rejoindre M. Patenôtre qui est à Shanghai.

Vendredi 22 Août

Henri parti la veille pour les Dalles nous envoie Emile (le cocher) et la voiture pour se mettre à notre disposition. Je vais avec Sophie et les 2 plus jeunes à La Poterie voir M. et Mme Simonin.

Samedi 23 Août

L'arsenal de Fou-Tchéou est détruit par l'Amiral Courbet après un bombardement de 3 heures. Sept canonnières chinoises sont coulées, deux parviennent à s'échapper.

Dimanche 24 Août

Nous fêtons la fête de Louise en lui offrant un album de vieilles chansons et rondes enfantines illustré par Boutet de Monvel.

L'après midi je vais avec Charles et Böbchen à Boos pour conduire B. toucher un mandat à la poste. Vers 5h promenade avec les enfants pour leur montrer la sortie des Vêpres des premiers communiants sur l'instante prière de Paul et d'Henri. Paul s'intéresse fort dans l'église à voir le bedeau tirer sur la corde de la cloche

Lundi 25 Août

A 8h du soir nous faisons prévenir le docteur Hubert par le cocher d'Henri, Emile, qui était venu dîner à la maison; je prie le docteur de venir vers 11h du soir. Dans l'après-midi certains indices avaient fait penser à Sophie que ce serait pour la nuit. A 11h1/2 le docteur arrive. Sophie reposait assez tranquillement le docteur revient vers 7h1/2 du matin; rien encore de bien changé.

Mardi 26 Août

Naissance de André Paul Henri Charles Wallon à midi 35 minutes. A partir de 8h du matin Sophie se trouve assez mal à son aise à midi 10 les grandes douleurs commencent, elle prend le lit; à midi 35 Sophie est délivrée, le docteur arrive vers 1h1/2. Les enfants ont été très sages. Dès le matin avertis que leur petite mère avait mal dormi et qu'elle avait la migraine ils se tenaient, sur mes recommandations éloignés de la maison dans le jardin évitant de faire du bruit et s'informant à chaque instant de la santé de leur maman auprès de tous ceux qui passaient près d'eux. A midi 45 je les appelle pour déjeuner sans rien encore leur dire toutefois. Sophie exténuée ayant besoin de repos. Sitôt après déjeuner ils vont en promenade pendant que moi je vais à Boos porter mes dépêches. A 4h je vais au devant d'eux en leur disant que leur maman est réveillée, qu'elle va mieux. Je les conduis dans la chambre. Leur joie en voyant le berceau et le petit nouveau-né! Charles surtout était fou de bonheur et ne savait plus ce qu'il faisait allant du berceau au lit de sa mère, l'enlaçant dans ses bras, disant des Oh! Mamam... Maman, pleurant de joie. C'était touchant de voir cet enfant si ému et si heureux. Et quand nous annonçâmes à Charles et Louise qi'ils seraient parrain et marraine!!

Mecredi 27 Août

Appelé à Cormeilles pour un rendez-vous fixé et accepté depuis plusieurs jours avec Mme Démarest pour les travaux de sa maison je quitte Franqueville à 6h du matin passe par chez Henri où je suis tout surpris de voir Père arrivé de la veille des Dalles. Je prends le train de 7h53, arrive à Paris à 1Oh3O, prends le train de 11h5 pour Agenteuil et suis à Cormeilles vers midi 1/2. Je quitte à 3h, reviens à Paris vers 4h et avec une voiture vais à la maison, chez M. Allart, faire différentes courses, vais voir ma tante Jannet arrivée des Dalles depuis lundi soir. Je rentre à la maison écrire à Sophie et vais dîner chez M. Allart.

Jeudi 28 Août

A 8h je repars pour Franqueville, m'arrête à Rouen où je déjeune avec Père et Henri et après déjeuner nous allons rejoindre Sophie. Temps pluvieux toute la journée.

Nous profitons d'un intervalle entre deux grains pour aller déclarer petit André à la Mairie et le faire baptiser. Les parrain et marraine, Charles et Louise, sont bien fiers. Henri et Paul sont parrains à la chandelle c'est à dire qu'ils assistent chacun avec un petit cierge allumé à la main. Ils sont d'un comique irrésistible. Puis après la cérémonie, le bedeau n'étant pas là pour sonner et l'enfant de choeur n'étant pas assez fort pour sonner, nous nous suspendons à la corde et sonnons tant bien que mal le baptème; au sortir de l'église je distribue quelques monnaies et, Charles étonné, des bombons aux enfants du village accourus à la sonnerie; puis il en lance des poignées à la grande joie des petits qui courent se bousculant pour les ramasser. Père et Henri nous quittent vers 9h après dîner.

Vendredi 29 Août

Nous pesons petit André; poids 3Kg250 soit une différence en moins de 235g.

Dimanche 31 Août

Le matin nous recevons une dépêche d'Henri noua annonçant qu'il viendra le soir dîner avec Laure et Pierre et ses trois garçons qui doivent arriver de Fontainebleau l'après-midi. Ils viennent vers 5h1/2. Pierre et ses enfants doivent se rendre aux Dalles pour une dizane de jours.

Lundi ler Septembre

Nous pesons petit André: 3Kg555 soit une différence en plus sur la dernière pesée de 305g en 3 jours; mais petit André venant de têter il convient de retrancher 100gr représentant à peu près le têter. La pesée véritable serait donc 3Kg455, différence en plus 205gr soit une augmentation par jour de 68g ce qui est très joli. Petit André a 6 jours.

Mardi 2 Septembre

Je quitte Franqueville à 7h du matin par la voiture de Boos; après avoir porté ma valise à la gare je vais chez Henri. Henri et Laure m'apprennent le mariage de Louise Cronier; elle est fiancée depuis deux jours à un M. Renard avocat à Rouen cousin de leur ami M. Goujon. Ils sont appelés aux Dalles pour le dîner de présentation qui doit avoir lieu Jeudi. Pierre remet à Jeudi son départ pour les Dalles afin d'y assister tous ensemble. Je pars pour Paris par le train rapide de 2h5. J'arrive à 4h3O fais quelques courses et vais dîner chez M. Allart.

Mercredi 3 Septembre

Dans la matinée je vais au Lycée Louis le Grand faire inscrire Charles en 7èmeA dans la division de M. Pressard. Je déjeune chez M. Allart à 3h je vais à Cormeilles avec Démarest, j'en reviens à 8h1/2.

Jeudi 4 Septembre

Matin à 7h45 je quitte Paris arrive à lOh26 à Rouen monte à Franqueville à pied par une pluie battante y arrive à midi surprends Sophie et les enfants déjeune avec eux et repars vers 1h1/2 par une véritable tempête. J'étais trempé malgré ma grande capote imperméable en arrivant à la gare. Etonnement d'Henri et de Laure qui me croyaient parti directement pour les Dalles. Pierre est resté chez Henri avec son petit Pierre indisposé d'une petite angine qu'il a attrapée Dimanche soir à Franqueville. Les deux autres enfants nous accompagnent aux Dalles. Pierre les rejoindra Samedi. Nous arrivons aux Dalles vers 6h1/2, je dîne chez Etienne avec Marguerite, Geneviève, Anna, Aristide et Mme Dupont, Père dînant chez Mme Cronier. Après dîner je vais avec Etienne chez M. Peltier qui m'attend avec mon projet de construction qu'il trouve très satisfaisant. Puis je vais chez Mme Cronier féliciter les jeunes fiancés.

Vendredi 5 Septembre

De bonne heure je suis sur mon chantier; la charpente est presque complètement posée; les couvreurs commencent à couvrir. Je suis assez satisfait de la tournure de ma construction. Après midi je vais avec Mme Dupont et Etienne visiter la maison Boulard que Mme Dupont a l'intention d'acheter, puis avec Etienne je rejoins à Vinnemerville toute la famille. Le matin la mer étaient un peu forte, je prends un bain avec Henri et Etienne, Henri et Aristide Guibert.

Je suis descendu chez Père où est également Marguerite et son petit garon. Chez Adèle sont: M. et Mme de la Gillardaie, Adèle Petit et ses frères. Valentine et ses enfants sont à l'Hôtel Vézier.

Samedi 6 Septembre

Dans la matinée je trace sur le terrain de M. Peltier le plan de sa construction future. Je quitte les Dalles à 9h1/2 déjeune à Motteville et arrive à Rouen à 1h55. La voiture d'Henri me conduit à Franqueville.

Dimanche 7 Septembre

Départ de la Soeur Joseph. Sophie se lève et descend pour la première fois; je la porte avec Bobchen pour lui faire descendre l'escalier au moment du déjeuner; l'après midi par prudence elle remonte se coucher. Les enfants ont été bien heureux de voir leur maman descendre déjeuner avec eux et faire quelques pas dans le jardin à mon bras.

Lundi 8 Septembre

Appelé par une lettre de M. Canoville, un de mes clients, je vais à Paris. Je quitte Franqueville à pied à 6h du matin, arrive à Paris à 10h3O, vais rue St Marc au rendez-vous et à 1h je vais à Cormeilles. J'en reviens vers 6h1/2 et dîne chez M. Allart.

Mardi 9 Septembre

A 7h45 du matin après un rendez-vous avec un entrepreneur rue St Marc je quitte Paris, arrive à Rouen à lOh26 et vais à pied à Franqueville où j'arrive vers midi.

Nous pesons petit André et trouvons 3Kg540 ce qui ne fait qu'une augmentation de 85gr depuis la dernière pesée du ler Septembre. Il avait alors 6 jours, il a aujourd'hui 14 jours, ce ne ferait qu'une augmentation de 10gr par jour. La pesée du ler Septembre doit comprendre une erreur car petit André tête avec avidité, dort très bien et se porte à merveille. En considérant cette pesée du premier Septembre comme nulle et en établissant l'augmentation par jour à partir du 29 Août où il pesait 3Kg250 on trouve environ 20gr d'augmentation par jour ce qui est dans la vérité. L'augmentation de 68gr du premier Septembre paraissait exagérée; et cependant je fais mes pesées bien consciencieusement !

Mercredi 10 Septembre

M. Allart arrive à midi à Franqueville. Belle journée, la première depuis longtemps. La pluie tombait presque sans interruption depuis une quinzaine de jours. Nous descendons pour la première fois le berceau de petit André au jardin.

Jeudi 11 Septembre

Le beau temps paraît s'affermir, nous profitons d'une belle après-midi pour aller avec M. Allart et les 3 aînés nous promener dans le bois du côté du Mesnil vers St Liger.

Vendredi 12 Septembre

La journée s'annonce très belle; de bonne heure j'emmène les 4 enfants promener; il fait délicieux dans la campagne; nous rentrons à 8h pour déjeuner.

Samedi 13 Septembre

Dans la matinée je reçois une lettre d'Henri m'annonçant que petit Pierre Petit s'est de nouveau cassé la jambe aux Dalles. C'est la 3ème fois. L'accident eut lieu le mercredi 10 au retour d'une partie d'ânes et en descendant à pied en courant la côte de Sassetot. Le Docteur Colin fit prévenir immédiatement le Docteur Ménar de Cany et le lendemain au matin ils opérèrent la réduction. L'enfant fut endormi et l'opération réussit très bien. A 11h1/2 Henri m'envoie chercher avec la voiture, je déjeune avec lui et nous partons ensemble à 3h pour tes Dalles où nous arrivons vers 6h1/2; en route nous rencontrons Charles Rabut qui était venu à Rouen afin d'assurer le retour de petit Pierre sans transbordement jusqu'à Paris.

Dimanche 14 Septembre

Les travaux de ma maison avancent tout doucement. Les joints sont terminés, les couvreurs mettent les ardoises. Dans l'après-midi nous allons en famille nous promener sur la falaise en vue des Grandes Dalles, au retour nous prenons le bain. Je dîne chez Etienne avec Père, Geneviève, Charles, Marguerite, Henri et Aristide Guibert. Très belle journée.

Lundi 15 Septembre

Dans la matinée je m'occupe avec Mme Dupont des travaux d'appropriation de la maison Boulard qu'elle vient d'acheter le vendredi précédent et avec M. Peltier des différents travaux dans l'ancienne maison Lemonnier. Après déjeuner promenade en famille dans les fonds de Briquedalle. Le soir je dîne chez Mme Colin avec Père, Geneviève, Charles et Marguerite, Anna, Pierre Petit, M. et Mme Gougeon, Pierre Bardy.

Mardi 16 Septembre

A 9h du matin nous partons dans un grand breack avec le petit blessé étendu dans une caisse, Pierre et ses 2 autres garçons, Henri et moi. La voiture va au pas jusqu'à Cany. De Cany, à Paris nous voyageons sans transbordement par le rapide; on attache notre wagon au train de St Valéry à St Vaast et au train rapide du Havre à Motteville. Henri nous quitte à Rouen. Le docteur Ménar de Cany nous accompagne jusqu'à Fontainebleau. Entre Rouen et Vernon petit Pierre souffre assez vivement à cause de la marche rapide du train, ses souffrances se calment à partir de Vernon. A Paris des infirmiers commandés par le Dr Colin transportent petit Pierre dans un breack. Nous arrivons gare de Lyon à 6h moins 1/4 et à 6h5 nous partons pour Fontainebleau où nous arrivons à 7h1/2. Jeanne nous attendait sur le quai de la gare avec le colonel du génie et des sapeurs. Les sapeurs posent Pierre sur un brancard le portent dans une voiture d'ambulance où je prends place avec Jeanne et le colonel tandis que Pierre le docteur et les enfants prennent les devants dans le breack de l'Ecole. Le docteur Ménar aidé du Docteur Dufour Médecin-major constate que la jambe n'a pas bougé, remettent l'appareil et à 9h1/2 nous allons dîner. Le docteur et moi couchons chez Jeanne.

Mercredi 17 Septembre

A 9h2O je quitte Fontainebleau. Arrivé à Paris à 11h, je vais à la maison, puis aux bureaux de Démarest, puis à la gare St Lazare où je dépose mon bagage; je déjeune et à 1h5 je prends le train pour Cormeilles. J'en reviens à 6h2O et à 6h3O je prends l'express de Rouen où j'arrive vers 9h. Henri m'attendait à la gare, je dîne et couche chez lui. Dans la journée il avait reçu la visite de Marguerite et Charles Rabut qui avaient quitté le matin les Dalles rentrant à Caen. M. et Mme de la Gillardaie avaient également le matin quitté les Dalles rentrant à Vannes.

Jeudi 18 Septembre

A 8h du matin je quitte Rouen avec la voiture d'Henri et je rentre à Franqueville. Le soir Henri vient dîner avec nous. Je pèse petit André: 3Kg960, augmentation sur la dernière pesée 290gr, âge 23 jours; augmentation par jour 48gr.

Samedi 20 Septembre

Quelques expressions de petit Paul :

Les pétits valeaux pour les petits oiseaux. In péti cidre - un peu de cidre. In pe te veigne - un peu de vin. Mon petit passeau - mon petit berceau. Est-y déli mon petit délère? dis Papa - est-il guéri mon petit derrière? dis Papa? question qu'il m'adressait à la suite d'un petit dérangement de corps qui le privait d'avoir du fruit. Va te fatter - je vais te fouetter.

Mardi 23 Septembre

A 7h du matin M. Allart nous quitte retournant à Paris. L'après-midi je vais à Rouen voir l'exposition des Arts Rétrospectifs et l'Exposition du Champ de Mars. J e reviens par la voiture de Boos à 6h1/2. Pesée de petit André: 4Kg150, augmentation sur la dernière pesée 190g, âge 28 jours, augmentation par jour 38g pris après 1/2 téter.

Mercredi 24 Septembre

Dans la matinée vers 9h je quitte Franqueville pour aller aux Petites Dalles; train de 10h50 à Rouen, arrivée à Cany à 1h et aux Dalles vers 2h1/2. Henri et Laure qui devaient repartir le jour même remettent leur départ au lendemain pour partir ensemble. Je viens aux Dalles pour m'occuper des affaires de M. Peltier et de l'appropriation de la maison Boulard que Mme Dupont vient d'acheter et enfin de ma maison. Les couvreurs ont terminé, les maçons sont partis, les charpentiers font les cloisons de l'étage des combles. Le jardinier a commencé ses terrassements depuis quelques jours.

Jeudi 25 Septembre

A 10h du matin je quitte les Dalles avec Henri et Laure dans la voiture de Mme Cronier. Nous prenons à Cany le train de 11h4O et arrivons à Rouen à 1h55. Je déjeune chez Henri; après déjeuner Henri me fait conduire à Franqueville. Henri et Laure viennent dîner avec nous.

Vendredi 26 Septembre

Par la voiture de 7h du matin je vais avec Charles et Louise à Rouen. Je leur fais visiter la ville et les principaux monuments. Nous montons au haut de la flèche de la cathédrale, 830 marches environ. Nous déjeunons chez Henri; après déjeuner je fais faire à Charles et Louise une promenade en barque. A 5h nous reprenons la voiture de Boos et rentrons à Franqueville vers 6h1/2.

Samedi 27 Septembre

Pesée de petit André, 4Kg280; augmentation sur la dernière pesée 0,130, âge 32 jours ou 1 mois et 1 jour; augmentation par jour 32gr55, pesée après 1/2 téter.

Dimanche 28 Septembre

Après midi Henri et Laure viennent nous voir. Je vais me promener avec eux et les enfants. Sophie s'occupe de faire les préparatifs du départ. Henri et Laure nous quittent vers 6h.

Lundi 29 Septembre

Retour à Paris. A 10h1/2 l'omnibus vient nous prendre, Henri et Laure viennent de leur côté nous faire leurs adieux. A midi24 nous quittons Rouen dans un wagon réservé et arrivons à Paris à 5h et vers 6h à la maison.

Mardi 30 Septembre

Après midi été à Cormeilles avec Démarest.

Mercredi 1er Octobre

Dans la matinée je vais à l'exposition des Arts décoratifs avec Démarest et sa femme pour leurs travaux de Cormeilles. L'après-midi je vais chez M. de Joly avec M. Delarue, Expertise Robier.

Je vais avec Charles et sa maman faire visite à M. Pressard professeur de 7ème au Lycée Louis le Grand pour lui demander si Charles est suffisamment avancé pour entrer dans sa classe. M. Pressard nous fait le plus charmant accueil et nous engage à le faire entrer avec lui; s'il voyait que la classe était trop forte pour lui dans une quinzaine de jours, il l'enverrait en 8ème.

Jeudi 2 Octobre

L'après-midi allant visiter quelques travaux j'emmène Charles avec moi pour lui faire prendre l'air. Puis nous allons faire visite à ses bons-papas Wallon et Allart.

Vendredi 3 Octobre

Entrée de Charles au Lycée Louis le Grand.

A 2h1/2 Charles entre au Lycée. Dès le matin il est très impressionné, ravi, tout exalté. Il s'habille de bonne heure et sitôt après le déjeuner à 1h1/2 il déclare qu'il faut partir, qu'on arrivera en retard etc... A 2h nous partons ses frères et soeur, sauf André, Maman et papa en tète lui font la conduite. Nous stationnons à la porte du lycée avec beaucoup d'autres parents venus comme nous. Puis la grande porte s'ouvre Charles entraîne sa maman et ses frères et soeur et je l'accompagne dans les rangs jusqu'à sa classe. M. Pressard me dit encore quelques paroles des plus bienveillantes et je laisse mon petit bonhomme dont l'exaltation paraissait un peu tombée, étourdi, impressionné qu'il devait être par ce va et vient en nombreux groupes d'élèves, il n'en avait jamais tant vus, et les longs corridors sombres qu'il nous fallut traverser avant d'arriver à sa cour. A 4h1/2 je vais le rechercher. Je trouve mon bonhomme mordant à belles dents dans un gros morceau de pain qu'on leur avait distribué à tous, internes comme externes et très satisfait de sa première séance. M. Pressard que je rencontrai était très content aussi de ses réponses.

Samedi 4 Octobre

A 8h du matin je conduis Charles au Lycée. Je vais le rechercher à 10h. M. Pressard est toujours content de lui. Il a comme note 7 pour son devoir (une dictée) et 6 pour sa leçon de grammaire.

Mardi 7 Octobre

Charles compose en orthographe.

Vendredi 10 Octobre

Henri met sa première CULOTTE.

Charles nous rapporte une place de 22ème en orthographe. Ils sont 25 dans la classe. Il a dû oublier des phrases en recopiant son brouillon ou faire sur sa copie des fautes qui n'existent pas sur son brouillon ce dont il est coutumier, car son brouillon n'était vraiment pas mauvais. Sur 2 grandes pages de son écriture il n'y avait guère qu'une dizaine de fautes.

Samedi 11 Octobre

Après de longues hésitations je me décide à aller faire un petit voyage à Valenciennes. Je devais retrouver Père et Geneviève à la gare du Nord à 8h du matin. A 7h j'avais le chapeau sur la tête et ma valise à la main mais la vue de Sophie entourée de tous les enfants faisant plus ou moins de tapage, la pensée de la laisser seule à la peine pour entreprendre un voyage d'agrément me font changer d'idée. Je défais ma valise et me remets au travail. Cependant sur les conseils de Sophie je me ravise et vais prendre le train de midi3O. A la gare de Douai je rencontre ma tante Barbedienne et Jeanne venus au devant de Frédéric et de sa femme. J'arrive à Valenciennes à 6h.

Dimanche 12 Octobre

Inauguration du monument de Wateau, oeuvre de Carpeaux et Hiolle Dussart architecte. Dans la matinée des délégations avec la musique de la ville vont au cimetière porter des couronnes sur les tombes de Carpeaux, Abel de Payol, Lemaire et Cherrier. A 2h1/2 en présence du ministre des travaux publics, du Préfet du Nord de toutes les autorités civiles et militaires, des troupes de la garnison et de toutes les sociétés et corporations, inauguration sur la place Carpeaux du monument Wateau. La pluie commence à tomber au moment de la cérémonie et ne discontinue pas jusqu'a la nuit. Le soir un banquet de 160 couverts réunit les invités à l'Académie. Père est naturellement au nombre des convives. Ma tante Barbedienne, Jeanne, Frédéric et sa femme viennent passer la journée à Valenciennes, déjeuner et dîner chez Valentine. Je fais quelques visites, cousins Henri et Emile Caffiaux, cousine Emilie, Mme Boulan, Mme Rousseau.

Lundi 13 Octobre

A 8h55 du matin je quitte Valenciennes, arrive à Douai à 10h, vais au cimetière porter une couronne sur la tombe de ma mère et vais chez ma tante après avoir un peu parcouru Douai dans tous les sens, revivant des souvenirs de mon enfance. Les rues, les magasins, la place St Amé ont gardé la même physionomie, rien n'est changé. Je déjeune chez ma tante Barbedienne avec Jeanne, Frédéric sa femme et leur petit René et repars par le train de 1h55 pour Paris où j'arrive à 5h25. Je suis vers 6h à la maison.

Jeudi 16 Octobre

Un peu inquiet de la santé de petit André qui à notre avis ne profite pas assez, ses pesées ne donnant guère que 15gr d'augmentation par jour, nous faisons venir le Dr Hutinel. Le docteur recommande de le ....... pour arrêter une petite diarrhée qui l'affaiblit et de lui faire prendre quelques gouttes d'eau de Vichy pour sa digestion ainsi qu'une cuillerée d'une petite potion à l'eau de chaux avant son téter.

Vendredi 17 Octobre

Henri et Laure viennent à Paris passer quelques jours.

Dimanche 19 Octobre

A midi nous allons Sophie, Charles et moi à l'enterrement du concierge de la maison M. Nougier décédé le 17, puis au Luxembourg où nous retrouvons Adèle et ses enfants, Père et Geneviève, Henri et Laure. Nous allons ensuite faire visite à ma tante Jannet.

Vendredi 24 octobre

A 8h du matin je pars pour les Petites Dalles; à Yvetot une voiture découverte me conduit par un temps splendide jusqu'aux Dalles où j'arrive vers 2h1/2.

Les plâtres du premier étage seront bientôt terminés. Le jardin est presque complètement tracé; je passe mon après-midi à rectifier le tracé des allées. Je donne à Fiquet mes dernières instructions pour la mise en train des travaux de Mme Dupont dans l'ancienne maison Boulard et de M. Peltier dans l'ancienne maison Lemonnier.

Samedi 25 Octobre

Levé à 6h, je me rends sur mes travaux et complète mes rectifications. Il fait beau temps mais très froid. A 11h je déjeune avec Fiquet à l'Hôtel et arrête presque complètement avec lui la série de prix pour les travaux de sa grande construction, propriété Peltier.

Dimanche 26 Octobre

A 8h1/2 je quitte les Dalles, le temps est gris, la pluie commence à tomber. J'arrive à Yvetot trempé et transi vers 11h et vers midi à Rouen.

A mon arrivée chez Henri, où je trouve Père arrivé depuis 10h1/2, j'apprends la nouvelle de la naissance de la petite fille de Marguerite Pauline Rabut. Visite à Mme Cronier, été ensuite au musée avec Père et Henri et ensuite à la foire St Romain. Dîner chez Henri avec M. Mme Falcon, M. Mlles Dechanis, M. A. Dechanis, Henri Vauthier. Après dîner soirée chez Mme Cronier où nous trouvons les Renard, Gustave et Léonie Derbanne, Mme Falcon, etc...

Lundi 27 Octobre

Mariage de Louise Cronier

A 9h déjeuner, à 10h1/2 réunion chez Mme Cronier. Départ de tout le cortège pour la mairie puis pour l'église St Paul. Le temps menaçant le matin, le soleil commence à luire et brille presque vers 3h. Au retour de l'Eglise, lunch chez Mme Cronier; vers 3h avec Père et Henri nous visitons sous la conduite de M. le Président Gougeon les nouveaux travaux du Palais de Justice. Je vais voir M. Peltier que je ne rencontre pas. A 7h dîner de 77 couverts dans les salons Vallot, le grand restaurant de Rouen. Après dîner danse; beaucoup de gaîté et d'entrain. Rentré avec Henri et Laure vers 1h du matin.

Mardi 28 Octobre

A 8h1/2 je quitte Rouen en compagnie de Gustave et Léonie Derbanne, Mr Breil et H. Falcon. Arrivée à Paris vers 11h et à la maison vers midi.

Mercredi 29 Octobre

10ème anniversaire de notre mariage.

Jeudi 6 Novembre

A 8h du soir je pars pour St Brieuc.

Vendredi 7 Novembre

Arrivé à St Brieuc vers 6h du matin. Je vais d'abord faire une promenade dans les jardins du Palais de Justice, puis vais à l'Hôtel de la Croix Blanche. Vers 8h je vais chez M. Maignan, nous allons ensemble à la cathédrale. Je déjeune chez Mme Maignan. Je reçois chez M. Maignan la visite du Général de Marquisan et de sa fille au sujet du tombeau de Mgr David, j'accepte à déjeuner chez eux pour le lendemain. Par un très beau temps je me promène dans les environs de St Brieuc puis rentre en ville, m'excuse auprès du Général de Marquisan du déclin de son invitation voulant partir par le train de Midi pour m'arrêter à Rennes voir à la Cathédrale le tombeau du dernier archevêque. Je dîne le soir chez Mme Courcoux avec la Comtesse de Montégan personne des plus distinguées, belle encore sous ses cheveux blancs et grande admiratrice de l'évêque défunt. Avant le dîner je vois l'Evêque à l'Evêché.

Samedi 8 Novembre

Matin je vais faire visite au préfet puis à M. et Mme de Nanteuil que je ne rencontre pas. Le temps est splendide, je vais jusqu'au cimetière jouir de la vue sur la vallée du Gooët, la tour de Cesson et la mer. Le cimetière est encore fraîchement fleuri et décoré des suites des fêtes de la Toussaint; des tombes sont encadrées par les branches couvertes de fleurs de grands et beaux rosiers en pleine terre... En sortant du cimetière je rencontre Mme de Nanteuil et ses enfants. Je repars par le train de midi 14 après avoir déjeuné à la gare avec M. Maignan. Je m'arrête à Rennes de 3h1/2 à 8h1/2, vois la cathédrale puis dans les beaux jardins le parc du Thabor. A 8h1/2 je repars pour Paris.

Dimanche 9 Novembre

J'arrive à Paris à 4h1/2, à la maison vers 5 heures du matin.

Mardi 11 Novembre

A 8h du matin je vais à Cormeilles chez Démarest, je reviens déjeuner à 1h. Je trouve à la maison mon confrère Ct Bernard m'attendant pour m'entretenir des élections de la Société Centrale.

Jeudi 13 Novembre

Je vais avec Charles faire visite à ses professeurs de dessin M. Flameng et d'Allemand M. Hildt que nous ne rencontrons pas.

Vendredi 14 Novembre

Séance annuelle de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Père lit une notice sur M. Thomas Henri Martin membre libre de l'Académie, ancien doyen de la faculté de Rennes. Le soir élections préparatoires à la Société Centrale. Je suis porté comme Secrétaire principal par 23 voix sur 30 votants; 4 voix pour Sédille, 2 voix pour Corroyer, 1 voix pour Bonnet.

En sortant du Lycée où je suis allé le chercher à 4h1/2 mon pauvre Charles fond en larmes; il vient d'attrapper sa première punition. Dans les rangs un de ses camarades le bousculant et le taquinant, sur les conseils que nous lui avions toujours donnés de se défendre et de rendre au centuple, il tombe sur son camarade ou du moins il riposte, faiblement je le crains bien. Le maître d'études les voit et leur donne à chacun le verbe être dissipé à copier. Je parviens à grand'peine à le consoler et sa maman l'aide à faire son pensum. Nous lui devions bien cela !

Lundi 17 Novembre

Je vais voir Malassez à son laboratoire pour lui parler de nos inquiétudes au sujet de petit André. Il me dit ce que M. Hutinel nous avait déjà dit: la maman se fatigue trop et il lui faudrait du repos, mais allez donc dire cela à la maman !

Mardi 18 Novembre

Le docteur Hutinel que nous avions prié de venir, inquiets de la santé de notre petit André qui depuis plusieurs jours rendait tout ce qu'il prenait et diminuait au lieu d'augmenter, nous conseille d'essayer pour l'enfant une nourriture mixte c'est-à-dire de lui donner en plus de son téter ordinaire du lait de vache. L'état de l'enfant tient à la fatigue extrême que se donne la maman toute la journée et il faudra probablement si l'essai ne réussit pas se décider à prendre une nourrice. Malgré toute la douleur qu'une telle détermination lui causerait Sophie n'hésite pas à admettre bravement cette perspective. J'écris au Jardin d'Acclimatation pour avoir du lait 2 fois par jour. La journée est très bonne pour petit André; il tète avec appétit et ne rend pas.

Le soir Henri se plaint à table d'être fatigué et fait des manières pour manger sa soupe - Eh bien moi aussi, dit la maman, je suis fatiguée. - Oh! toi c'est pas la même-chose, tu es habituée ! Superbe raisonnement d'enfant ! et profond !

Mercredi 19 Novembre

Avant de donner à petit André son lait du Jardin des Plantes nous pesons l'enfant pour voir si la journée d'hier avait été réellement meilleure ainsi que nous le supposions. La pesée de la veille avait donné sur celle du lundi une différence au moins de 20g. La pesée du matin nous donne sur hier une différence en plus de 20g Il y a donc bien eu un mieux réel, un retour à la santé bien visible. Il prend volontiers son lait à la tasse, nous lui en donnons 100g le matin, 100g le soir.

Jeudi 20 Novembre

Pesée du petit André: 45g d'augmentation sur la veille. Il va de mieux en mieux, ne vomit plus et digère aussi bien tété de la maman et lait vde la vache.

Henri se plaint depuis le matin d'un fort mal de tète il est chagrin et ne cesse de pleurer en disant j'ai mal à la tête. Nous le décidons l'après-midi à se coucher un peu au lieu de sortir; mais il ne s'endort pas et se lève deux heures après, souffrant ou du moins se plaignant moins.

Mardi 25 Novembre

Rendez-vous avec M. Peltier à la Cie Gale des Allumettes rue de la Chaussée d'Antin. Il signe le traité avec Fiquet et me le remet en me demandant de commencer immédiatement les travaux de sa maison des Petites Dalles.

Mercredi 26 Novembre

A 8h du matin je pars pour les Dalles à la gare de Rouen; je vois Henri. Je déjeune à Yvetot et arrive vers 2h1/2 aux Dalles. Les plâtres de ma maison sont complètement terminés et une partie des fenêtres posée; le jardin prêt à être planté, les allées sont marnées. Chez Mme Dupont la maçonnerie de l'annexe est terminée; elle est très avancée dans la construction annexe de l'ancienne maison Lemonnier.

Je fais enclore le terrain de M. Peltier pour commencer immédiatement les fouilles. Les fondations ne pourront être faites qu'au premier mars au retour des picards qui quittent le pays mercredi. La saison est du reste trop avancée. Dans l'après-midi je commence à vérifier les mémoires des travaux de M. Colin.

Jeudi 27 Novembre

Toute ma matinée et mon après-midi sont occupées à vérifier les mémoires de la maison Colin.

Vendredi 28 Novembre

Dans la matinée le jardinier apporte une partie des arbres et des plantes de mon jardin. Je plante le premier arbre de mon jardin avec une bêche enrubannée (coût cent sous): un peuplier sur la petite pelouse en face des fenêtres du salon au midi et le deuxième arbre, un pommier, le seul de la propriété en arrière près du potager.

Le jardinier m'apporte:

120 troènes à 0,50 = 60F,

50 Peupliers à 0,60 = 30F,

200 touffes variées =100F,

2 Gyneriums = 5F,

1 Frêne pleureur fort 5F,

50 Hortensias = 30F,

4 Tilleuls à 2,50 = 10F,

1 Bambou 2F,

1 Vigne vierge 0,50F,

1 Eulatia japonica 2F.

Au total 244,50F.

Samedi 29 Novembre

Je quitte les Dalles à 8h1/2 par Cany. J'arrive à Rouen à midi16. Je trouve chez Henri une lettre de Sophie m'annonçant la place de Charles en Histoire et Géographie:16ème sur 23. Après déjeuner été à l'enterrement de Mme Simonin à la Poterie. La montée de la côte de la Poterie à Belbeuf sous la neige. A la sortie de l'Église neige abondante qui cesse bientôt après. Je reviens à pied à Rouen avec Henri; nous accompagnons jusque chez lui M. Simonin, puis nous nous arrêtons un instant à la Mi-voie. Le soir dîner chez Henri avec Mme Cronier, Louise et son mari. A 9h je prends le train pour Paris et suis à la maison vers minuit1/2.

Dimanche 7 Décembre

Par 91 voix sur 94 votants et un bulletin blanc qui est le mien je suis nommé Secrétaire principal de la Société Centrale en remplacement de mon ami L. Etienne dont le temps est expiré. Résultat des votes:

Président M. Questel, votants 93, voix obtenues 91.

Vice Présidents Hermant, votants 97 voix, obtenues 85; Rolland votants 97 voix, obtenues 43; Corroyer ayant obtenu 35 voix s'était retiré et au 2ème tour M. Rolland a été élu par acclamation.

Secrétaire principal P. Wallon votants 95 voix obtenues 91.

Secrétaire adjoint Monnier 98/92.

Secrétaire Rédacteur C. Bernard 95/76.

Archiviste Raulin 95/94.

Trésorier L. Etienne 94/73.

Censeurs Bailly 101/98, Hénard J. 101/97, Normand 101-96.

Délégués au conseil: P. Sédille, G. Hénard, Duchâtelet, Bavard, Tournade, Deslignères, Corroyer, Feydeau de Joly.

Samedi 13 Décembre

Dans la matinée Père m'apporte la lettre de M. Aubépin, Président du Tribunal civil de la Seine, lui annonçant qu'il m'inscrit sur le tableau des architectes experts près le Tribunal.

Jeudi 18 Décembre

Je conduis Paul chez Chambay au Grand Hôtel pour lui faire faire sa photographie, son "otographie" comme il dit. La matinée est exceptionnellement belle. Le photographe prend 2 poses de Paul, une debout l'autre assise, toutes deux sont du premier coup admirablement réussies.

Mercredi 24 Décembre

Je vais au marché du quai aux fleurs acheter un arbre de Noël. Nous passons notre soirée, Sophie et moi, à l'orner et l'enrubanner. Le matin Charles nous rapporte une place de 15ème en dessin sur 34. C'est sa première composition de dessin.

Jeudi 25 Décembre

Un peu avant 7h du matin j'allume l'arbre de Noël et nous laissons entrer dans la chambre les enfants qui ne tenaient plus d'impatience; leur ébahissement! C'était la première fois que nous faisions un véritable arbre de Noël. Ils allaient criant, gesticulant comme fous de joie de l'arbre tout étincelant de lumières et tout paré de joujoux, de bombons et de rubans aux trois couleurs à la cheminée où ils avaient la veille déposé leurs chaussures. Quatre drapeaux flanquaient les coins de la caisse de l'arbre un cinquième dominait le sommet: "Vive la France Vive la France!" criait Charles accentuant une marche militaire autour de la table...

L'arbre parut si beau qu'on se décida à le garder sans y toucher jusqu'au premier Janvier. Alors seulement on... la distribution des 60 petits joujoux qui s'y trouvent accrochés, sans compter les oranges, les bombons, les petits gâteaux...

Vendredi 26 Décembre

Paul se fait une forte entaille à la main en voulant couper une pomme.

Lundi 29 Décembre

Je vais à l'enterrement d'Idrac statuaire un de mes anciens camarades de loge, Grand Prix de Rome, enlevé à l'âge de 35 ans par une fièvre typhoïde. Idrac artiste de premier ordre avait épousé l'année dernière la fille de M. Ballu, architecte de l'Hôtel de Ville. Affluence énorme à la cérémonie, consternation générale. Sur la tombe M. Guillaume statuaire, Membre de l'Institut prononce un discours d'une très grande élévation de pensée.

Mardi 30 Décembre

Congés du Jour de l'An. Sortie du lycée à 4h, rentrée Lundi matin 8h, 5 Janvier.

Mercredi 31 Décembre

Après midi je vais avec Charles déposer des cartes de visite. Nous allons voir son professeur M. Pressard que nous ne rencontrons pas.