1881

 

 

Jeudi 20 Janvier: Voyage en Bretagne (St Brieuc) retour le samedi 22 janvier.

Vendredi 11 Février: Voyage à Rouen (Reconstruction de l'Etablissement d'Eauplet) retour le lundi 14 février.

Samedi 5 Mars: Voyage aux Petites Dalles (construction de la maison d'Henri Wallon) et à Rouen (reconstruction de l'Etablissement d'Eauplet).

Mercredi 27 Avril: Voyage en Bretagne retour le samedi 30 avril.

27 Mai: Départ en vacances pour Franqueville. Naissance de Paul le samedi 9 Juillet.

22 Juin: Voyage en Bretagne jusqu'au Dimanche 26.

Samedi 6 Août: Mariage de Marguerite et Charles Rabut.

2 Octobre Plantation de la maison Colin. Recherche d'un terrain pour la construction des "Mouettes".

25 Octobre: Retour de Franqueville.

Lundi 7 Novembre: Voyage en Bretagne, retour le mercredi 9 novembre.

 

Lundi 21 Février

Nous reprenons Sophie et moi nos leçons d'Allemand avec M. Isambert. Nos leçons avaient été interrompues depuis la mort de son fils Charles décédé le 29 Janvier.

Charles s'amusant à dessiner deux maisons dont l'une est toute barbouillée de coups de crayons. - "Ca c'est la maison des sales gens, me dit-il, la maison du pays nègre." Conséquence des leçons de géographie, sa mère lui ayant parlé de la race nègre. "Je la construirai, dit-il, en Afrique, et l'autre la blanche sur le Boulevard St Michel".

Jeudi 24 Février

Eté avec Sophie voir le Docteur Lannalongue 118 rue du Faubourg St Honoré pour lui montrer Charles et Henri.

Vendredi 25 Février

Première leçon de peinture à l'huile chez Harpignies.

Dimanche 27 Février

Fête de Victor Hugo entrant dans sa quatre vingtième année. Près de 500.000 personnes, les corporations avec leurs bannières, toutes les sociétés de musique, de gymnastique, etc.. Les députations de toute la France, de l'Europe et du monde entier défilent sous les fenêtres de l'Hôtel du grand Poète avenue d'Eylau 130 apportant fleurs, couronnes d'or, etc ... J'avais pensé emmener Charles pour lui laisser le souvenir d'une fête unique peut-être dans l'histoire et si touchante d'un pays honorant son glorieux enfant, mais le mauvais temps de la matinée, la crainte de la foule me firent renoncer à ce projet. J'y allai seul.

Mercredi 2 Mars

Le Général Le Flô vient déjeuner avec nous. Il venait demander un projet d'agrandissement de son manoir. Les écuries et remises sont terminées, il est enchanté du résultat.

Dimanche 6 Mars

A 6h1/2 du matin, Laure, Henri et moi partons (de Rouen) pour les Petites Dalles. Les travaux de construction de la maison de Père sont commencés, les fouilles sont faites; depuis deux jours on s'occupe de la maçonnerie des caves. Laure pose la première pierre (ou plutôt brique). La brique posée par elle est la 7ème en partant du sol de la cave au jambage de droite intérieur de la porte sur le jardin en regardant la campagne. Laure dépose une médaille entre la 6 ème et la 7ème assise. Nous déjeunons à l'hôtel et quittons les Dalles à 5h pour rentrer à Rouen à 9h.

Mardi 8 Mars

Matinée à la fabrique. Entrevue à la fabrique avec le serrurier Jocquel et le représentant de la fonderie Questroy de Lille.

Au Champ de Mars grande cérémonie militaire. Un soldat du 24ème de ligne condamné à mort pour voie de fait sur un caporal voit sa peine commuée en 10 ans de réclusion. Tout son régiment en grande tenue est rangé sur le Champ de Mars avec les détachements de toutes les armes de la garnison. Il passe devant le front des troupes après lecture de la commutation et la dégradation est ensuite remise entre les mains des gendarmes. Je vais faire visite à mon colonel M. Champy.

L'après-midi, je vais avec Henri voir le petit musée de son serrurier M. Jocquel rue Socrate, ce serrurier est un véritable artiste qui a la passion de son art et possède des pièces anciennes de ferronnerie très rares, très belles et très intéressantes. Nous allons ensuite faire une promenade par le mont aux malades où nous sommes assaillis par une pluie torrentielle, nous étions en voiture découverte. En rentrant à Rouen, nous allons voir Ferry. Nous dînons chez Mme Cronier avec M. Caron, le Capitaine Martin et M. Bernardin. Je quitte Rouen par le train de 8h50.

Mercredi 9 Mars

A 5 h du matin, incendie des Grands Magasins du Printemps Boulevard Haussmann. Destruction complète. La soirée, je vais avec Sophie à l'opéra entendre les Huguenots.

Dimanche 3 Avril

Pose de la première pierre du bâtiment du bord de l'eau (de l'Etablissement d'Eauplet à Rouen). Cérémonie. Des pièces de monnaie sont déposées dans la pierre, une plaque de cuivre sur laquelle est gravé le procès-verbal est scellée par dessus. Henri prononce devant les invités et tous les ouvriers assemblés un petit discours très touchant. Déjeuner chez Henri. L'après-midi, nous donnons un pas de conduite à M. Simonin jusqu'à la Mi-Voie. Le soir, nous dînons chez Mme Cronier. A 9h Père repart pour Paris.

Le désastre de Chio. Bouleversement de l'île tremblement de terre. La ville de Chio entièrement détruite, plus de 10.000 morts.

Lundi 4 Avril

A sept heures du matin, Henri, Laure et moi partons (de Rouen) pour les Dalles. Je trouve la maison à hauteur du plancher haut du R.d.Ch. Nous rentrons le soir, Henri et Laure à Rouen, moi je continue sur Paris, je suis rentré à la maison à minuit.

Vendredi 22 Avril

Je reçois la visite de Mme Olléris qui vient me parler d'un parti pour Marguerite: M. Ch. Rabut.

Samedi 23 Avril

On se rencontre "par hasard" au Luxembourg. Le jeune homme fait demander par M. Olléris la permission de se revoir. Je reçois la visite de M. Olléris qui quitte le jeune homme et vient me demander où il pourra rencontrer Père. Père consent à ce qu'une visite soit faite le lendemain à l'Institut. Le soir, dîner chez Adèle avec Père, Marguerite et Geneviève et Pierre revenu le matin de Grignon.

Vendredi 29 Avril

(St Brieuc) le matin, je vais dessiner le chevet de la Cathédrale rue de la Clouterie; puis je vais chez M. Maignan vers 10h; nous allons ensemble voir Mme Duclisieux qui m'a fait demander pour me confier la décoration de son hôtel et d'un oratoire attenant à la chapelle qu'elle a fait construire. Mlle de Largentaie, petite-fille de Mme Duclisieux, doit épouser dans un mois le fils de M. le Duc d'Audiffret-Pasquier ancien Président du Sénat. Déjeuner chez Mme Maignan; après déjeuner visite au Séminaire, à l'Evéché. Départ à 5h40 pour Paris.

Lundi 2 Mai

Ouverture du Salon. J'y passe la journée avec Henri; nous y déjeunons. Laure vient nous retrouver à 1h1/2; Henri et Laure repartent le soir pour Rouen.

Samedi 7 Mai

A 7h du matin, Henri et moi partons (de Rouen) pour les Petites Dalles. Laure trop fatiguée reste à Rouen. Très belle journée, mais fort brouillard sur la mer. La petite vérole règne à Sassetot, aux Dalles et dans tous les environs, 3 décès.

La construction de la maison marche bien lentement, la maçonnerie est arrivée à hauteur de la corniche supérieure. Les 3 pignons restent à faire. Fiquet compte commencer la charpente à la fin de la semaine suivante. L'aspect de la maison promet de ne pas être désagréable. A 9h du soir, nous rentrons à Rouen.

Dimanche 8 Mai

La plupart des colonnes de fonte du grand bâtiment sur la Seine sont arrivées, les travaux avancent assez rapidement.

L'après-midi, nous allons Henri et moi dans le vol au vent, Mme Cronier, Laure et Louise dans la calèche nous promener par Darnétal à Franqueville. Nous revenons par La Poterie et ramenons M. et Mme Simonin dîner chez Mme Cronier.

Mme Cronier m'offre très affectueusement sa petite maison de campagne de Franqueville pour y installer notre petite famille, les bords de mer étant inabordables à cause de la petite vérole qui y sévit en ce moment. J'accepte de grand coeur et avec reconnaissance. Sophie et les enfants y seront admirablement.

Jeudi 12 Mai

Le bey de Tunis signe le traité de garantie que le Général Briart lui présente au nom du gouvernement de la République Française, sorte de protectorat de la France sur la Régence.

Dimanche 15 Mai

L'après-midi, nous allons Sophie et moi avec les 3 enfants et leur bonne à pied aux Tuileries et aux Champs-Elysées jusqu'à la hauteur du Palais de l'industrie en passant par l'Institut et l'Ecole des Beaux-Arts où nous regardons une grande exposition de tentures artistiques. Henri fort émerveillé des chevaux et des chiens peints sur ces étoffes ne cesse de pousser des cris de joie et d'aboyer à faire retourner le monde sur lui. Aux Champs-Elysées nous trouvons une voiture qui nous mène rue de Suresne voir Mme Cronier et nous ramène ensuite à la maison.

Vendredi 27 Mai

Départ pour Franqueville. Nous manquons le train omnibus de midi 10 et prenons le rapide de 1h qui nous met à 3h19 à Rouen. Henri averti par dépêche se trouve à la gare avec un omnibus qui nous conduit directement à Franqueville où nous trouvons Laure présidant à tous les préparatifs de notre réception.

Jeudi 2 Juin

A 6h1/2 je quitte Franqueville en compagnie de Charles et de Louise et d'une de leurs bonnes. Les deux chers petits étant tombés en courant sur la route et s'étant meurtri les genoux, je les renvoie à la maison avec leur bonne et continue seul jusqu'au Mesnil où le prends 1'omnibus à 7h20. Je vais chez Henri et quitte Rouen par le train de 11h pour Fécamp; à Fécamp, une voiture me conduit aux Dalles. Pris d'une forte migraine, je couche aux Dalles et en pars le lendemain matin à 4h1/2 pour Cany. J'arrive à Paris à 11h35. A la gare, je trouve la domestique de M. Allart effarée tenant à la main une dépêche d'Henri qui étant allé la veille au soir à la gare au passage du train, fort étonné de ne pas me voir, m'avait télégraphié pour savoir ce que j'étais devenu et rassurer Sophie. Cette dépêche avait jeté l'alarme partout, rue des Ecoles, à l'Institut... Fort heureusement, Sophie devait apprendre en même temps par Laure le commencement et la fin de cette inquiétude.

Vendredi 3 Juin

Je déjeune et dîne chez M. Allart. Le soir, j'écris à Sophie et vais au Luxembourg où je trouve Père, M. et G,. ma tante, les familles Olléris, Rabut, Boutan. Le mariage de Marguerite est décidé, reste à fixer le jour.

Samedi 11 Juin

A 8h du matin, je pars pour Rouen, j'arrive à 10h40. Henri à la gare. Nous rencontrons rue du Val d'Eauplet Sophie et la petite bande d'enfants arrivant de Franqueville. Ils descendaient de l'omnibus. Nous déjeunons tous ensemble chez Henri et Laure. Je trouve à Sophie une mine superbe et aux enfants également. Ils s'amusent fort dans le jardin de Mme Cronier et Charles prend grand intérêt à la visite de la fabrique. A 4h Sophie prend un bain dans l'établissement d'Henri. A 5h nous repartons tous avec H. et L. pour Franqueville en passant par la Mie-Voie. Henri et Laure dînent avec nous.

Dimanche 12 Juin

Dans la matinée, je lis à Sophie mon compte-rendu du Salon; puis nous allons ensemble jusqu'à Boos, distant de 3 Km environ de Franqueville, pour chercher des provisions pour le dîner.

L'après-midi vers 4h Henri et Laure arrivent, une heure après, Mme Cronier et Louise arrivent également. Après dîner, à 7h50, je quitte Franqueville avec Henri qui me conduit à Rouen au Chemin de fer. Ces dames restent encore quelque temps à Franqueville. Je prends le train de 8h55 qui me met à Paris à 11h35.

Lundi 13 Juin

Ouverture du Congrès des Architectes à l'Ecole des Bx-Arts dans l'hémicycle. Je lis mon compte-rendu du Salon et suis très satisfait du résultat et des félicitations qu'on a bien voulu m'adresser.

Pierre arrive le soir à Paris se rendant à Fontainebleau pour chercher une maison. Sa nomination au poste de professeur en constructions à l'ecole de Fontainebleau avec grade de commandant est assurée mais n'est pas encore signée.

Samedi 2 Juillet

A 8h du matin, départ avec M.Allart pour Rouen. Nous allons déjeuner chez Henri

A 1h1/2 nous reprenons notre voiture et regagnons Franqueville où nous arrivons vers 2h1/2.

Dimanche 3 Juillet

Je quitte Franqueville à 6h du matin dans la voiture du père Dujardin. A 9h je prends avec Henri et Laure le train, Henri et Laure allant à Paris, moi les quittant à Oissel pour aller par Pont de l'Arche à Etrépagny à une convocation pour la Société de Tir de notre régiment. J'arrive à Etrépagny vers midi. Déjeuner à l'Hôtel du Lion d'Or avec plusieurs officiers de mon bataillon; après le déjeuner nous nous rendons au tir. Je mets 3 balles dans la cible sur 6. Nous restons tout l'après-midi en plein soleil dans le champ, il fait chaud sous l'uniforme! à Paris le thermomètre marque plus de 30°. Après le tir, distribution des récompenses à la mairie. Excellente allocution de notre colonel M.Champy. Le colonel emmène à dîner chez lui à Gisors tous ses officiers. Je me récuse devant retourner le soir à Rouen. Je dîne à l'Hôtel du Lion d'Or, à 8h1/2 je repars pour Rouen.

Lundi 4 Juillet

A 7h du matin. Je pars de Rouen pour Yvetot; d'Yvetot une voiture me conduit aux Dalles où j'arrive à 10h1/2; Je visite les travaux de la maison, je prends un bain, je déjeune avec Fiquet à l'hôtel, je fais visite à Mr Chaillaux et Chaine jeune. Je cherche une maison pour Adèle et je repars à 1h20. J'arrive à Yvetot à 4h. Chaleur excessive, route faite en plein soleil. A 5h à la gare de Rouen, je trouve la domestique d'Henri et la voiture. Henri et Laure qui devaient monter dîner avec nous à Franqueville ne reviendront de Paris que le soir. J'arrive à Franqueville dans la voiture d'Henri vers 6h1/2.

Mardi 5 Juillet

Chaleur excessive, d'après les journaux le thermomètre à Paris monte à 34°. La nuit du mardi au mercredi est accablante. Je la passe presqu'entièrement dans le jardin et dans la prairie.

Jeudi 7 Juillet

M.Allart retourne à Paris, je l'accompagne jusqu'à Rouen; nous prenons ensemble la voiture sur la route, parcourons un peu Rouen que M. Allart n'a pas vu depuis très longtemps. M.A. prend le train de 9h du matin. Je vais déjeuner chez Henri et retourne à Franqueville par la voiture de 1h.

Vendredi 8 Juillet

Certains indices me font croire que le moment de la délivrance de Sophie approche. Je vais prévenir le médecin à Boos, 3 Km environ, et fais prévenir Henri et Laure pour qu'ils nous envoient la Soeur. J'envoie de Boos une dépêche à Père pour l'avertir de se tenir prêt à partir. Le médecin vient dans la matinée, la Soeur arrive à midi. La journée se passe absolument comme les jours précédents. On croit autour de nous à une alerte. Henri et Laure viennent vers 4h et restent dîner avec nous. Sophie est toujours très ingambe elle se promène avec nous après dîner.

Samedi 9 Juillet

Naissance de PAUL LOUIS EMMANUEL WALLON 3h15 minutes du matin.

A 2h1/2 du matin, Sophie ressent les premières douleurs. Nous réveillons la Soeur. Je cours réveiller le père Dujardin qui attelle aussitôt Carabi et va chercher le Docteur. Avec l'aide de la Soeur, je fais les derniers préparatifs. A 3h15 après une 1/2h de souffrance, Sophie est délivrée. Le gamin entre dans la vie en braillant! ça promet! Après un quart d'heure d'attente, nous achevons la première partie de l'opération. 10 minutes après, le docteur arrive et termine. A 4h1/2 je me recouche et me rendors; les enfants ne s'étaient pas réveillés. A leur lever, ils sont fort étonnés. Charles et Louise paraissent ravis, Henri a un peu peur. Le soir par exemple, c'est à qui portera le petit frère. Charles le porte un instant tout seul, avec quelle fierté! Louise et Henri voulant l'imiter, je leur permets en les surveillant de près. Le matin, en allant à Boos porter des dépêches accompagné de Charles et de Louise qui galopaient à travers champs tout heureux et cueillant des fleurs pour leur maman et leur nouveau petit frère: Savez-vous comment il s'appelle, leur demandai-je, ... Paul. Oh! dit Louise avec un petit air d'incrédulité et un fin sourire sur son joli minois oh non il est trop petit, les petits enfants ne s'appellent pas Paul. Quand nous jouons à la maman, dit Charles, le papa s'appelle Paul, mais se ravisant, mais quand Papa était petit, il s'appelait Paul, n'est-ce pas Papa?

Laure vient passer l'après-midi, Henri vient la rechercher vers 7h. Une petite fille se serait appelée: Madeleine Sophie Laure Adèle Wallon.

Dimanche 10 Juillet

Vers 10h du matin, Henri, Laure, Mme Cronier et Louise passent à Franqueville se rendant à Fleury/Andelle. Nous pesons le petit frère à 5h du soir; il a donc 37 heures 45 minutes d'existence: 3Kg330.

Lundi 11 Juillet

Père arrive par le train de 8h du matin; il déjeune chez Henri à Rouen. A 3h de l'après-midi, il arrive à Franqueville avec Henri, Laure, Mme Cronier et Louise. Je me rends avec Père, Henri et Charles à la mairie pour faire la déclaration et dresser l'acte de naissance. Difficultés faites par l'instituteur primaire en même temps secrétaire de la mairie pour rédiger l'acte devant nous; il prétend se contenter du brouillon et nous faire signer en blanc ce contre quoi nous protestons. Finalement, Henri prend la plume et le registre et écrit lui-même l'acte que nous signons; nous signons en blanc seulement le 2ème registre. J'irai vérifier s'il est conforme au premier. Puis nous nous rendons à l'église pour le baptême. Charles signe comme nous sur le registre des actes de l'Eglise, sa signature est très lisible. On sonne les cloches et à la sortie de l'Eglise Notre-Dame de Franqueville, Laure, Henri et Louise lancent des dragées à tous les enfants du village massés devant la porte nous attendant.

Nous nous mettons à table à 5h45 Henri étant obligé de nous quitter à 7h1/2 pour une réunion à Rouen qu'il n'a pu remettre à temps; nos autres convives nous quittent vers 9h. Comme cadeau de baptême, ou plutôt sous prétexte de cadeau de baptême, Henri et Laure nous apportent une boîte superbe en chêne contenant 18 grands couverts d'argent,18 couverts à dessert,18 petites cuillers, une cuiller à soupe et à chacun des enfants, dans un étui séparé, un service d'enfant. Nous sommes Sophie et moi, véritablement contrariés d'une semblable folie; tout en grondant Henri et Laure, je ne leur dis pas tout ce que je pense de peur de leur faire de la peine; mais je suis attristé de voir qu'Henri n'ait pu accepter mes petits services pour la reconstruction de son Etablissement incendié sans s'être cru obligé de me donner comme à un étranger des honoraires.

Mardi 12 Juillet

Je vais déjeuner à Rouen avec les enfants Charles et Louise. Nous allons prendre au Mesnil la voiture de 10h1/2. Forte chaleur. Nous prenons un bain en arrivant à Rouen avec Père, et Henri et Laure. Après déjeuner, nous allons en bateau à la Mie-Voie. Nous reprenons un 2ème bain, Louise se baigne aussi. A 5h nous sommes rentrés chez Henri. Je prends avec les enfants l'omnibus qui nous ramène à Franqueville, nous rencontrons sur la route petit Henri qui était venu au devant de nous avec sa bonne. Père retourne le soir à Paris. Sophie va de mieux en mieux.

Jeudi 14 Juillet

Le matin, je vais avec Charles et Louise cueillir des fleurs dans les champs pour faire un bouquet pour la fête d'Henri. Henri et Laure viennent déjeuner avec nous et retournent dîner à Rouen. Forte chaleur.

Lundi 18 Juillet

Je commence une première étude de peinture d'après nature, la ferme de Mme Cronier (maison de M. Dujardin).

Mardi 19 Juillet

37° de chaleur à Paris. Dans la matinée à Franqueville, il fait une chaleur accablante. A midi, grande pluie d'orage qui met un peu d'eau dans notre citerne. Notre citerne serait tarie si je n'y avais fait verser 6 tonneaux d'eau soit 3.500 litres environ, à 5Fr le tonneau. On allait chercher l'eau à St Aubin.

Jeudi 21 Juillet

Voyage aux Dalles. Je prends la voiture de 7h passe chez Henri la matinée jusqu'à 10h1/2 et prends le train de 11h pour les Dalles. J'arrive à 1h à Cany et à 2h1/2 aux Dalles. J'y trouve les deux frères Flachiron. Je descends à l'Hôtel Vézier. Je prends un bain.

Je trouve la maison dans le même état que lors de mon dernier voyage le 4 Juillet, la couverture qui était presque terminée est terminée de la veille; les plâtres que l'on devait commencer le 5 ou le 6 ne sont pas encore terminés. Verte semonce à Fiquet. Vu le peu d'avancement des travaux, je suis obligé de chercher une maison pour Adèle, je lui écris le jour même en lui indiquant la maison Bucquet.

Vendredi 22 Juillet

Le matin je vais me promener avec Flachiron dans les fonds de Briquedalles. Après déjeuner, nous allons sous la falaise voir le jeune Flachiron faire une étude peinte, puis nous prenons notre bain vers 5h. Après dîner, je vais faire visite à Mme Cronier qui vient d'arriver aux Dalles à 7h. Les plâtriers ont enfin commencé leur travail.

Samedi 23 Juillet

A 8h du matin, je prends mon bain (3ème et dernier), la mer est un peu houleuse. Je vais ensuite faire mes adieux à Mme Cronier et à 9h1/2 je prends la voiture pour Cany, en compagnie d'une personne très aimable, la mère d'un de mes camarades d'Ecole, Daverin. Je déjeune à Cany; départ de Cany à 11h35, arrivée à Rouen à 2h. Je trouve à la gare la domestique d'Henri et la voiture. Je passe une heure à Eauplet avec Henri et Laure puis je retourne à Franqueville dans la voiture d'Henri en passant par la Mi-voie où Henri s'arrête et où la voiture doit venir le reprendre. J'arrive à Franqueville à 5h et trouve tout mon petit monde en excellente santé. La maman attendait impatiemment mon retour pour faire sa première descente au jardin. A la grande joie des enfants et de papa, la maman descend et s'installe dans un fauteuil au jardin.

Dimanche 24 Juillet

A 7h du matin, la soeur Joseph nous quitte après avoir donné ses soins pendant 16 jours à Sophie. Henri et Laure viennent passer la journée avec nous. Sophie descend déjeuner et dîner avec nous.

Mardi 2 Août

Je vais le matin à l'Institut; l'après-midi, je fais mes courses et vais 68 rue de l'Université chez Rieusse commander des voitures pour la noce de Marguerite, puis à l'Hôtel Continental au Grand Hôtel et chez Véfour prendre des renseignements pour le dîner. Père se décide pour Véfour. Jeanne Chevau que j'avais rencontrée avec sa mère chez ma tante Jannet profite de ma voiture pour m'accompagner dans mes courses et faire les siennes. Nous dînons à l'Institut le soir: M. Charles Rabut, Valentine arrivée à 6h de Valenciennes, ma tante Barbedienne, Jeanne Chevau, Henri et Aristide Guibert. Aristide Guibert passe brillamment dans la journée son baccalauréat.

Vendredi 5 Août

L'après-midi, nous allons, Henri, Pierre et moi prendre bain de vapeur et douche.

Samedi 6 Août

Mariage de Marguerite.

A 11h30, mariage à la mairie. Toute la noce se rend en voitures de l'Institut à la mairie place St Sulpice. A midi, à St Germain des Prés. A la sortie de l'Eglise, on retourne à l'Institut faire une collation. Marguerite, son mari, Adèle et Jeanne et Valentine vont à la Visitation voir Marie.

Henri, Pierre, Etienne, Henri et Aristide Guibert et moi allons rue des Ecoles fumer et faire un Whist. A 7h nous nous rendons en voiture chez Véfour où se trouve réunies 41 personnes. Exactement le même nombre qu'à mon mariage, dans le même restaurant, dans les mêmes salles.

Ordre du cortège: Melle Marguerite - M. Wallon Mme Rabut - M. Charles R., Mme Guibert, M.Rabut, Melle Geneviève W. - Etienne W., Melle Marie Guibert - André Puiseux, Mme Gastelier - Henri Wallon, Mme Boulan - M.Gastelier, Mme Jannet - M. Waille, Mme Barbedienne - M. Paul Wallon, Jeanne Petit - M. Olléris, Valentine Deltombe - P.Petit, Mme H.Wallon - M. Boutan, Melle Gastelier - M. Dubiez, Mme Reynier - M. Leblanc, Mme Olléris - M. Reynier, J. Chevau, M. Colin, Mme Colin - P. Boulan, Anna Guibert - Aristide Guibert, Madeleine Deltombe, Joseph Guibert.

Dimanche 7 Août

Journée des plus tristes, tout le monde se sépare, Jeanne et les siens partent à Fontainebleau avec Valentine, Henri et Laure à Rouen, ma tante Barbedienne et Jeanne à Douai, ma tante Jannet en Suisse. Marguerite et son mari en Suisse... Je dîne à l'Institut avec Père, Etienne et Geneviève.

Lundi 15 Août

Je quitte Franqueville à 8h à pied, arrive à 9h à la fabrique et à 11h prends la train pour Cany. J'arrive aux Dalles avec une si forte migraine à 2h1/2 que je suis obligé de me coucher pour ne me relever que le lendemain matin. Le soir, il y avait réunion chez Mme Cronier pour sa fête, danses, etc...

Mardi 16 Août

Je trouve que les travaux de la maison de Père (actuelle maison Lancrenon) n'avancent pas vite, je trouve surtout Père très énervé et irritable à ce sujet. Il n'est pas content, il trouve à critiquer tout, tout en me disant qu'il a reçu de nombreux compliments pour cette construction.

La journée est pluvieuse ce qui ne nous empêche pas tous de nous baigner. Nous dînons chez Adèle avec Père. Le soir, Henri et Laure viennent nous y rejoindre pour faire un whist.

Mercredi 17 Août

La mer est très houleuse, nous prenons notre bain à marée moitié basse par de bonnes lames. Au moment de quitter les Dalles avec Henri et Laure, j'éprouve une grande contrariété de la part de Père qui de plus en plus irritable veut me faire arrêter et démolir un travail que je viens de commander, excellent travail qui consistait à élever sa terrasse et à la faire dominer sur la plage en la rendant inaccessible aux gamins, au public, aux ordures. Je supplie en vain, avec Henri et Etienne et laisse Père donner lui-même aux ouvriers des ordres contraires.

Nous quittons les Dalles à 5h, prenons le train à Cany arrivons à Rouen à 9h dînons chez Henri où je couche.

Samedi 27 Août

A 8h du matin, je pars de Paris pour les Dalles où j'arrive à 2h1/2 par Cany.

Henri et Laure y sont de la veille. La construction de la maison avance tout doucement. Les plâtres seront terminés avant la fin de la semaine suivante; les menuisiers commenceront Mercredi 31 à poser les planchers les portes et les fenêtres. Je trouve aux Dalles en arrivant Marguerite et son mari qui repartent le jour même à 4h pour Caen.

Dimanche 18 Septembre

Le matin, bain. Après-midi, grande promenade et goûter dans les fonds de Briquedalles avec les Bardy, les Eiffel,... nous sommes une trentaine. Journée splendide qui se termine par un orage des plus violents dont nous recevons en rentrant les premières gouttes. Nous dînons avec Mme Cronier chez Adèle; après dîner, soirée chez Mme Cronier, les Bardy, Eiffel, Boulard, Chaillaux, etc... M.Bardy, Etienne et H. Guibert jouent la comédie, après la comédie, on danse jusqu'à 1h du matin, beaucoup de jeunesse, de gaîté et d'entrain.

Lundi 19 Septembre

Le matin, bain. Après déjeuner, on va faire une promenade, mais je reste à la maison pour surveiller le travail. M. et Mme Colin ayant acheté un terrain me prient d'être leur architecte.

Mardi 20 Septembre

Le matin, bain. Après déjeuner, grande promenade en bande du côté de St Pierre-en-Port, je reste à la maison pour surveiller le travail, et en conférence avec Fiquet l'entrepreneur. Vers 5h1/2 j'emmène Geneviève qui était restée retenue par une migraine jusqu'aux Grandes-Dalles. Le soir, on dîne à la maison avec Mme Cronier, Mmes Desiaume et Fauquet. Adèle et ses enfants viennent nous retrouver après dîner ainsi que Mr et Mme Bayard et leurs filles. Mlles Bayard apportent à Père un bouquet, anniversaire de leur sauvetage par Père il y a 3 ans. M. Bayard adresse à Père des paroles bien touchantes.

Vendredi 30 Septembre

Au moment de quitter Franqueville pour aller Dalles, le courrier nous remet une lettre de M.Allart nous annonçant qu'il a vendu sa maison - 22.000 Fr - et me priant de me rendre près de lui pour faire un choix dans le mobilier, trier ce qui est à conserver de ce qui est destiné à la vente. Je déjeune chez Henri et Laure m'accompagne aux Dalles; nous prenons le train de 11h qui nous met à Cany à 1h. Nous arrivons aux Dalles vers 2h1/2. Je descend chez Mme Cronier qui insiste on ne peut plus affectueusement pour m'avoir. Je vois M. Colin auquel j'ai donné rendez-vous et nous discutons sur place la construction de sa maison. Une très forte migraine m'oblige à me coucher vers 5h.

Samedi 1er Octobre

De grand matin, je suis sur mon chantier; la maison de Père s'achève bien lentement, les menuisiers n'en finissent pas. Nouvelle entrevue avec M. et Mme Colin, nous arrêtons une solution. Après déjeuner chez Mme Cronier où je me trouve son hôte avec Mme Denisaume et Mme Fauquet, je vais avec Laure à Sassetot. La journée comme celle de la veille est splendide, le pays ravissant. Je vais chez M. Perquier, propriétaire du Château pour voir si les terrains qui restent à vendre sur la falaise peuvent me convenir. Il est absent. Je fais donner rendez-vous à son homme d'affaires pour le lendemain. Je rejoins Laure chez l'instituteur auquel je demande un complément de travail pour le relevé du terrain Colin. Nous rentrons aux Dalles vers 5h1/2-6h. Le soleil est près de se coucher, nous nous décidons cependant à prendre notre bain. Il est couché quand nous descendons sur la plage. Laure, un peu roulée renonce à prolonger l'exercice. Je trouve l'eau très agréable, prends un excellent bain, mais l'air est frais au retour. Nous allons pour faire une petite réaction au devant d'Henri qui arrive de Rouen et que nous rejoignons vers l'entrée des Dalles.

Dimanche 2 Octobre

A 6h je suis sur le terrain avec M.Colin et Fiquet; il fait un froid à ne pas tenir son crayon, j'ai l'onglée. Je fais planter à Fiquet qqs piquets pour indiquer à M. Colin l'emplacement de la maison selon mon projet.

Après déjeuner, l'après-midi, je me mets à la recherche de terrains à acheter. Entre tous ceux que je vois, je vois celui de la boulangère, sur la falaise de St Martin, pas loin de la mer, longue prairie d'environ 130m x 40m., les 130m parallèles à la route, derrière les propriétés Charron, Jullien, etc... La boulangère en veut 6Fr du mètre, si je prends tout elle me le laissera à 5 Fr75. Je ne conclus rien et vais voir ailleurs. Henri et Laure avec qui j'avais commencé une promenade et que j'avais quittés pour aller voir la boulangère vont se promener vers la Croix de St Louis; je rencontre MMes Cronier et Fauquet avec lesquelles je fais une promenade par la vieille route de St-Martin et la nouvelle. Au retour, je vais avec l'homme d'affaires de M. Perquier à la recherche de terrains, mais aucun ne me plaît, ils sont trop hauts et trop accidentés. Un seul, un peu trop plat celui-là, entre les deux routes de Sassetot, à l'entrée du village me convient, mais je m'informerai du prix auprès de M.Perquier.

Lundi 3 Octobre

A 6h avec Fiquet rendez-vous à la nouvelle maison de Père, puis nous allons ensemble mesurer à peu près le terrain de la boulangère, nous trouvons au pas une superficie d'environ 5.000m; nous allons encore voir d'autres terrains. A 8h1/2 du matin, je quitte les Dalles. Train de 9h55 à Cany. Je déjeune à Motteville, arrive à Amiens à 5h1/2, je vais dîner chez M. et Mme de La Gillardaie, repars à 8h et arrive à Arras à 9h1/2.

Mercredi 5 Octobre

Je fais venir un emballeur qui commence son travail, je fais envoyer quelques meubles à Paris et un peu de vaisselle et la plus grande partie du mobilier et de la vaisselle et batterie de cuisine aux Dalles pour mettre provisoirement dans la nouvelle maison de Père. Ce que je ne prends pas est destiné à la vente. Après déjeuner, je vais jusqu'au cimetière porter une couronne sur la tombe de Mme Allart.

Samedi 15 Octobre

Je déjeune et dîne à l'Institut. Avant dîner je vais voir les Colin qui approuvent complètement et avec la meilleure grâce le projet de construction de leur maison des Dalles.

Après dîner je vais avec Père et Etienne au Palais de l'industrie à l'exposition de l'électricité. Nous entendons par le téléphone Lasalle et Mlle Krauss chantant à l'Opéra dans la représentation du gala offert aux Electriciens.

Samedi 22 Octobre

Lever à 5h45. Départ (de Rouen) pour Cany par le train de 6h43. Arrivée à Cany à 9h par un temps détestable, pluie et vent. Je fais ouvrir le wagon contenant le mobilier et arrivé de l'avant-veille et assiste au transbordement. Tout ne pouvant pas tenir dans une voiture on emporte la plus grande partie remettant le reste à un deuxème voyage. J'arrive aux Dalles vers 11h. La voiture de déménagement à midi. Je fais déposer les meubles, moitié dans l'ancienne maison de Père, moitié dans le grenier de la nouvelle, cette maison n'étant pas encore terminée.

Dimanche 23 Octobre

Dans la matinée, le reste du mobilier arrive. La journée est superbe si bien que vers 11 heures du matin, l'envie me prend d'aller prendre un bain; l'eau est fraîche certainement et je sors de l'eau tout rouge, tout cuit mais l'impression est des plus agréables ensuite.

Après déjeuner, je me mets de nouveau en quête d'un terrain et vais faire visite à M.Perquier propriétaire du château de Sassetot. J'entre en pourparlers avec lui au sujet de 2 terrains l'un à l'embranchement des 2 routes de Sassetot à la sortie des Dalles faisant suite au Cottage des Pâquerettes superficie environ 6.000m, l'autre dans les bois faisant suite au terrain Chaine, sur la falaise et derrière la boulangerie, superficie environ 1.500m mais dont 1.000m complètement abrupts. M. Perquier demande 4F le mètre de l'un comme de l'autre, et mesuré suivant les accidents du terrain. J'offre 4F du terrain plat et 3F du terrain abrupt en mesurant suivant l'horizontale.

Lundi 24 Octobre

Après avoir fait connaître mes offres à M.Deshayes l'intendant de M. Perquier auquel j'avais donné rendez-vous de bonne heure, et donné mes dernières instructions à Fiquet pour en finir avec la construction de Père et préparé le devis de la construction Colin, je quitte les Dalles à 8h du matin, prends à Cany le train de 9 h53 qui me met à Rouen à midi 20. La voiture d'Henri m'attend à la gare, je déjeune chez Henri, la voiture me conduit ensuite à Franqueville en passant par la Poterie chez M.Simonin. J'arrive à Franqueville vers 3h et je me mets à aider Sophie dans les préparatifs du départ que nous avons fixé au lendemain matin.

Vendredi 4 Novembre

Je vais avec Charles et sa maman à I'Exposition d'Electricité au Palais de l'industrie; nous y retrouvons Père et Pierre auxquels nous avions donné rendez-vous. Père nous fait entrer dans la salle d'audition des Téléphones, on jouait à l'Opéra Aïda.

Jeudi 10 Novembre

L'après-midi, je vais avec Sophie présenter Charles à sa future pension Mme Cazaux 4 rue Paillet près la rue Soufflot. Il entrera Lundi prochain 14.

Lundi 14 Novembre

Le matin à 9h avec Louise je conduis Charles à la pension de Mme Cazaux rue Paillet. A midi, je vais le rechercher; à 2h je le conduis au Luxembourg rejoindre sa pension (les enfants sont presque tous les jours au Luxembourg de 1h à 3h). A 5h je vais le chercher. Il est très exalté, très content de sa journée, le soir, il est tellement exalté qu'il ne s'endort que vers 10h1/2, nous entretenant constamment de sa journée.

Formation du Ministère Gambetta succédant au ministère J. Ferry.

Samedi 19 Novembre

Père démis de ses fonctions de Doyen de la Faculté des Lettres.

Par arrêté du 19 Novembre Mr. Paul Bert, nouveau Ministre de l'instruction Publique et des Cultes, remplace par M. Himly mon Père au décanat de la Faculté des Lettres. Il avait déclaré à M. Himly qu'il ne pouvait, lui étant ministre, souffrir M. Wallon à la tête de la Faculté. Bien qu'on ne soit nommé doyen que pour 5 ans et que les pouvoirs de mon Père fussent expirés, c'est une véritable destitution et un acte inique, doublement inique : 1° jamais depuis la création de la Faculté, un ministre n'avait destitué un doyen; 2° la Faculté était toujours appelée à présenter ses candidats et le ministre acceptait toujours le choix de la Faculté. Aujourd'hui, M. Paul Bert destitue et nomme d'office. Ca va bien ! Depuis la création de la Faculté, c'est à dire depuis le premier Empire, il n'y avait encore eu que 4 doyens de la Faculté des Lettres; MM. Lemaire, Leclerc, Patin, Wallon.

Mardi 29 Novembre

A 1h je prends avec Henri Chaine l'express pour Yvetot où nous arrivons à 4h25, nous sommes aux Dalles vers 7h1/2. Henri Chaine trouve la maison qu'il construit pour M. Bayard un peu "torte" suivant l'expression du pays. La nuit du 26 au Dimanche 27 avait été particulièrement terrible. Le vent soufflant avec violence et la pluie avaient occasionné au pied de la maison de grandes nappes d'eau qui minaient le pied des fondations si bien qu'une encoignure de la maison s'abattit sur toute sa hauteur. La charpente était posée et la couverture allait être faite: 8 jours plus tard on n'avait plus rien à craindre.

Mercredi 30 Novembre

Je passe la plus grande partie de la journée à revoir avec Fiquet les devis de la maison Colin. Les terrassements sont commencés depuis plusieurs jours. Je pensais repartir à 4h pour être à Rouen à 8h mais je suis, faute de temps, obligé de reporter mon départ au lendemain. J'envoie une dépêche à Henri.

Dans la soirée, on fait chercher Fiquet dont la femme est sur le point d'accoucher, ce qui interrompt notre travail de vérification.

Jeudi 1er Décembre

A 8h1/2 du matin, je laisse partir Henri Chaine, n'ayant pas encore fini mon travail; Fiquet me rejoint dans la matinée et je puis à 11h quitter les Dalles. Vézier me conduit en 2h1/2 à Yvetot, j'arrive à Rouen à 3h. Je me rends chez Henri, trouve l'établissement fort avancé; il ne reste plus que l'organisation intérieure des matériels et repars à 8h50 pour Paris. Je suis rentré chez moi à minuit1/2.

Vendredi 23 Décembre

Je reçois congé par huissier de mon propriétaire M. Messener.

La veille, l'appareil des cabinets d'aisance ne fonctionnant plus, je fais venir mon plombier pour faire faire à mes frais une réparation que je croyais devoir être locative. Après la dépose du siège, nous reconnûmes que les fontes étaient pourries, l'appareil complètement hors d'usage et que par conséquent la dépense ne pouvait m'incomber, ce n'était plus une réparation locative. Ne pouvant rester dans cet état, je pris sur moi de faire remplacer l'appareil par le plombier que j'avais sous la main et avertis aussitôt le propriétaire de ce que je faisais. Je reçus, courrier par courrier, une réponse fort peu courtoise, très sèche, dans laquelle ce monsieur se mêlait de me donner une leçon et déclarait qu'il considérait ma lettre comme nulle et non avenue. Je lui répondis aussitôt, recommençant 5 fois une lettre pour en ôter le caractère aigu qui répondait si bien et si naturellement à la disposition d'esprit où m'avait mis cette insolente lettre, et lui racontai de nouveau avec plus de détails comment les choses s'étaient passées. Comme réponse, je reçus le susdit exploit. Argument péremptoire mais non convaincant.

Triste résultat cependant, car si M. Allart ne veut pas nous suivre, c'est la séparation forcée de Sophie d'avec son Père et si peu commodément que nous fussions, et bien que cette nécessité de changer d'appartement dut s'imposer à nous, je ne quitte pas sans regret une maison où 3 de mes enfants sont nés, où j'ai passé les premières années de mon mariage. C'est bête, mais il me semble que je pars pour l'exil et que je ne me plaise dans aucun autre appartement, j'aurai de la peine à m'y sentir chez moi. Et que de fois cependant nous avons maugréé contre notre installation défectueuse! Mon plus grand chagrin est la tristesse de Sophie que je comprends si bien. Son père est âgé, elle ne l'a jamais quitté depuis qu'elle est née, maintenant plus que jamais, elle a besoin de se sentir près de lui.

Samedi 24 Décembre

Je fais ma première tournée dans les rues avoisinantes pour trouver un appartement, mais sans résultat.