1906

 

 

A partir de 1906, les notes recopiées ne concernent que la branche Paul Louis emmanuel WALLON.

 

Samedi 24 Mars

Je vais à Rouen par le train de 5h15 passer ma journée de dimanche avec Paul et voir son installation que je ne connais pas encore. Cette installation nous l'avions étudiée ensemble ma chère petite femme aimée dans ce voyage si charmant que nous fîmes le dimanche 27 août et qui hélàs fut le dernier!

Dimanche 25 Mars

Journée passée à Rouen. La veille j'avais dîné avec Paul chez Laure. Je déjeune chez Paul et nous dînons chez Laure. Je passe toute ma journée avec Paul dans l'établissement et nous ne sortons qu'un instant après déjeuner pour voir les Renard que nous ne trouvons pas. Longues causeries avec Paul sur les modifications à apporter à l'établissement lorsque celà sera possible. Je rentre à Paris par le train de 8h50 du soir.

Mercredi 2 Mai

A la fin de l'après-midi je pars pour Rouen désireux de passer l'après-midi avec Paul. En me recevant à la gare Paul m'apprend que ses ouvriers se sont mis en grève à l'heure de la reprise du travail de l'après-midi. Mais ce ne sera rien ajoute-t-il ils rentreront demain matin. Presque tous étaient partis à regret intimidés par 2 ou 3 mauvaises têtes.

Jeudi 3 Mars

Le matin à 7h les ouvriers reviennent en effet mais restent en dehors de l'établissement envoyant une délégation à Paul réclamant une augmentation de 0,25Fr par jour. Paul ne pouvant l'accepter ils s'en vont. L'établissement reste désert toute la matinée. Paul ayant prévenu le commissaire central de police arrivent cinq agents et un brigadier. Les ouvriers étant partis on dit aux agents qu'ils peuvent disposer jusqu'à 1h de l'après-midi. Arrivent aussi aux renseignements un gardien et le commissaire de police du quartier. Paul fait mettre une affiche sur la porte de l'établissement disant que les ouvriers qui ont été empêchés de travailler par leurs camarades seront protégés et considérés comme faisant toujours partie de la maison s'ils reprennent le travail à 1h au coup de cloche. A 1h une trentaine sur cent rentrent. Les meneurs pour mieux entraver la reprise du travail avaient organisé pour 2h de l'après-midi à la Bourse du travail une réunion de la Société de Secours Mutuel des ouvriers d'Eauplet. N'étant pas en nombre ils remettent au lendemain la réunion. Paul fait afficher un nouvel avis informant les ouvriers que ceux qui sous quelque prétexte que ce soit ne rentreraient pas le lendemain seraient définitivement considérés comme ne faisant plus partie de la maison.

Dans la matinée j'étais allé, c'était le but de mon voyage, à Darnétal pour causer avec Blondel de la sitation de l'établissement inquiet de le voir après tant de protestations, de dévouement, d'assistance paraître se désintéresser de l'affaire. Le soir je rentre à Paris.

Vendredi 4 Mai

A Eauplet la grève partielle continue. 30 ouvriers seulement sont au travail.

Samedi 5 Mai

Même situation à Eauplet. Paul reçoit délégations sur délégations.

Lundi 7 Mai

Même situation à Eauplet. Une lettre de Paul m'informe cependant qu'après une longue conférence avec les ouvriers il suppose que tout va rentrer dans l'ordre.

Mardi 8 Mai

Une lettre de Paul m'informe que la grève continue. La veille il avait reçu par trois fois les délégués. A 5h de l'après-midi les propositions qu'il leur avait faites paraissent devoir tout arranger. A 7h les délégués viennent expliquer que la séance à la Bourse du Travail avait été très mouvementée et qu'on avait voté la continuation de la grève. Chose bizzare, m'écrit Paul, dans cette grève je suis en très bon rapport avec les ouvriers. Les malheureux voudraient bien reprendre le travail mais ils sont médusés par les clients ordinaires de la Bourse du Travail!

Mercredi 9 Mai

Une lettre de Paul m'annonce que la grève est enfin terminée. La lassitude devenait générale à la suite de deux nouvelles entrevues. La reprise du travail a été décidée pour le lendemain 7h.

Mercredi 16 Mai

5h25 du soir départ pour Lille où j'ai donné rendez-vous à Paul pour aller causer avec H. Rousseau de la situation d'Eauplet et lui demander des conseils.

Jeudi 17 Mai

Nous déjeunons avec H. Rousseau chez Louise. Long entretien sur les affaires d'Eauplet. En résumé on ne peut plus compter sur l'assistance de Blondel dont la conduite en cette affaire est tout au moins singulière. Grand parleur grand faiseur après m'avoir laissé m'engager dans cette aventure par la promesse de son assistance dévouée il nous lâche! H. Rousseau conseille à Paul d'aller à l'Ecole Central et à l'association des anciens élèves de l'Ecole Central s'informer s'il ne se trouverait pas un industriel désirant entrer dans une combinaison et apporter comme associé son savoir et son argent. Paul rentre le soir avec moi à Paris.

Vendredi 18 Mai

Paul va dans la matinée voir le Directeur de l'Ecole Central qui ne peut lui donner aucune indication. L'après-midi au siège de l'association des anciens élèves il rapporte 2 noms d'industriels qui pourraient peut-être faire son affaire. Il écrit le jour même à H. Rousseau.